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Pas cette nuit (Jean-Claude Rousseau)

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Message par adeline Mar 8 Fév 2011 - 14:06

On peut voir ce court-métrage ici :
http://www.derives.tv/spip.php?article546

et ce qu'en dit Jean-Claude Rousseau ici :
http://independencia.fr/FESTIVALS/VIENNALE2009_31_10bis.html


Je trouve ça très beau. Mais comme souvent à propos des films de Rousseau, ceux que j'ai vus, je me dis, est-ce que ça suffit pour que ce soit du cinéma ?

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Message par Largo Mar 8 Fév 2011 - 22:51

Les propos de Rousseau éclairent assez bien le film, je sais pas si c'est parce qu'il est tard mais j'avais pas du tout saisi le lien avec la défenestration.

Adeline, quel est le sens de ton interrogation ? Est-ce que tu dirais "c'est pas du cinéma" comme on dirait d'un roman de gare que c'est pas de la littérature ?

Ce film est un (beau) court-métrage et un autoportrait, je crois que c'est déjà pas mal, non ? Wink
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Message par adeline Mer 9 Fév 2011 - 10:01

Et bien, je ne sais pas comment formuler ma réticence, ou mes interrogations à l'égard de ce que j'ai vu de Rousseau jusqu'à présent, et ça prend cette forme "est-ce que ça suffit à faire du cinéma ?". Je sais que c'est du cinéma, mais j'ai l'impression qu'il en fait tellement peu, lui, comme réalisateur, ou qu'il veut tellement atteindre une essence sans plus aucune qualité ou aucun attribut autre que "une image + un son = du cinéma", que le spectateur ne peut rien faire d'autre que se dire abstraitement "ça doit forcément être fort et vouloir dire quelque chose". Chaque fois que j'ai vu un film de lui, le sens n'arrivait, et il fallait le chercher très loin, qu'avec le discours sur le film. Le discours de Rousseau ou de quelqu'un d'autre. C'est un cinéma qui a besoin d'explications, de glose, de sous-texte, de note en bas de page, de commentaires, de tout ce que tu veux, mais qui me donne l'impression qu'il ne se suffit pas à lui-même. Quand j'ai dit à Jean Douchet, qui présentait "Les Antiquités de Rome" à la cinémathèque que je trouvais que Rousseau allait trop loin, qu'en cherchant l'essence du cinéma il laissait le spectateur sur le bord de la route, que je trouvais que la seule question à poser à son cinéma était "est-ce supportable pour le spectateur", il m'a répondu avec un grand mépris "si vous n'y êtes pas sensible, je ne peux rien pour vous".

Tu dis "les propos de Rousseau éclairent bien le film". Mais dans le film, le truc de la défenestration n'existe pas. Il faut l'ajouter au film. Et encore, ce court-métrage, je le trouve beau, j'ai ressenti quelque chose, surtout le petit miracle du tempo du concerto avec l'image saccadée. C'est beau. Mais dans Les Antiquités de Rome ou dans Série noire je reste comme deux ronds de flanc devant le film en me disant "mais qu'est-ce que c'est que ce truc", et après, je lis, épatée, que respecter le format original d'un film c'est important parce que si on ne voit pas le souffle dans telle herbe ça enlève la vie du cadre, ou que en fait la silhouette qu'on devine devant la fenêtre est une allégorie de je ne sais quel truc de quel bouquin. Et de fait, la minutie, la finesse des remarques, le fait que tout ne tienne qu'à des détails est fascinant, mais je ne le sais que dans l'abstrait, dans la discussion, parce que Rousseau a l'air sympa, parce que ça me fait marrer que lui et tous ceux qui l'apprécient y croient, qu'en racontant les films on les fasse exister au-delà de ce qu'ils sont eux-mêmes.


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Message par Largo Mer 9 Fév 2011 - 10:11

Oui, ok, je vois mieux ce que tu veux dire.
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Message par dav28 Mer 9 Fév 2011 - 14:49

Je crois que ce texte peut apporter quelques pistes pour apprécier son cinéma sans être déjà conquis.
http://www.critikat.com/De-son-appartement.html

Aussi son dernier film "Festival" est presque un manuel du cinéma de Jean-Claude Rousseau. Bientôt, je vais essayer d'écrire quelque-chose dessus.

Enfin, cette histoire de "défenestration", moi aussi, j'ai mis longtemps à appréhender cette notion. C'est l'histoire de son cinéma où il disparaît dans le cadre, c'est à dire où il devient une figure du cadre, c'est une histoire de composition, de relation juste entre les éléments, entre les lignes du cadre.
C'est presque mathématique, comme si à un moment précis, où les rapports sont juste, il devenait la figure du cadre, c'est à dire un élément indissociable des autres éléments du cadre.
http://www.rue89.com/files/u1836/20070712fib2.jpg


Dans ce film "Pas cette nuit", la défenestration peut s'entendre, au sens propre (sauter par la fenêtre) comme au sens figuré (disparaître dans le cadre).

"Dans le cadre, le temps disparaît, l’attente n’est plus qu’attention. Il suffit d’être attentif pour traverser la représentation et voir, par-delà, les étoiles.
Le lieu sans approche, ce rien autour duquel gravitent les éléments, c’est la lumière.
On ne peut la fixer sans être ébloui. On ne supporte d’en voir que le reflet sur les choses. Celles-ci sont là pour montrer la lumière. Non pas les choses montrées par la lumière, mais la lumière montrée par les choses. Il en est ainsi dans Vermeer.
Dans l’œuvre du peintre, la lumière vient d’une fenêtre par laquelle on ne voit jamais le paysage. Dans le film apparaît un tableau qui n’est vu que de dos. On ne sait pas ce qu’il montre.
On ne voit que la croisée du châssis.
Le film s’achève sur cette réflexion. La fenêtre s’identifie à l’œuvre d’art, lieu de passage de la lumière. Franchir la limite pour atteindre la lumière. Passer par le cadre comme on passerait par la fenêtre. C’est le désir du film, son leurre, sa fiction. Finalement devenir la figure du tableau. Être dans l’éternité du cadre. Y disparaître.

Défenestration. "
http://www.derives.tv/spip.php?article21




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Message par Borges Lun 14 Fév 2011 - 11:26

vu "la vallée close" ; c'est tout simplement l'un des plus beaux films du monde; ou plutôt, il y a des instants de purs saisissements, de vision, presque pure, d'une image qui ne semble de rien, d'une image pure, et d'autres où on l'on dérive, où l'attention flotte... on pense à autre chose, et soudain, on voit autre chose, ce qu'on avait jamais vu : qu'est-ce que c'est ? je me voyais voyant, dit l'autre... ou je me voyais vu... la chair du visible...
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Message par careful Lun 14 Fév 2011 - 11:40

Frères ennemies pour longtemps, avec Jerzy. Deux messages lui étant bien entendu destinés en l'espace de 15 minutes.
Bon rendement, ma foi.

Pas encore vu le film de Henri Andréani (1913) cela dit.

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Message par adeline Lun 28 Fév 2011 - 18:01

Hello David,

merci d'être passé par ici pour donner ces quelques liens, désolée pour le temps pris à répondre... Il faut croire que ma porte d'entrée dans l'œuvre de Rousseau aura été ce petit court-métrage, où la beauté m'a saisie, pour la première fois. J'essaierai un jour de revoir "Les Antiquités de Rome", je ne devais pas être à même d'en recevoir les images lorsque je l'ai vu.
J'ai lu le texte de Mathieu Macheret, qui ne m'a pas d'emblée convaincue, car il me semble aller dans le sens de ce que je reprochais à Rousseau (" si le cinéma était un art, il serait un film de Jean-Claude Rousseau..." cette phrase me laisse dubitative). Mais j'ai compris ce que tu expliques sur le cadre, à partir de ce photogramme de "Lettre à Roberto".

Surtout, je viens de voir "Jeune femme à sa fenêtre lisant une lettre" et "La Vallée close" (je les avais depuis longtemps de côté, voulant les voir, ne le faisant pas car le souvenir des "Antiquités de Rome" m'en empêchait). J'ai pu lire enfin ces textes de Rousseau de Dérives que je n'arrivais pas à lire car ça ne correspondait pas à ce que j'avais ressenti. Bref, j'ai rencontré les films et l'œuvre, et je dois bien faire un mea culpa sérieux pour ce que j'ai pu écrire ci-dessus.

Ces deux films sont ce que j'ai vu de plus beau depuis, bon, depuis l'"Atalante" ce qui ne fait pas très longtemps, mais on peut se passer de la formule pour dire que c'est d'une force et d'une beauté rares.

Ça me donne envie d'écrire, et de voir d'autres films encore ; j'ai été assez peu touchée par "Faux départ", à part l'incroyable raccord de la fenêtre au train, ce plan du train étant l'un des plus beaux travellings de train jamais filmés. Peut-être tout le film est-il pensé pour ce raccord. De même, "Deux fois le tour du monde" ne vaut que par le cadre, un cadre infini. Mais je trouve ces deux essais assez faibles par rapport à "La Vallée close" et "Jeune fille". D'où beaucoup de questions par rapport à cette œuvre, dont le rapport au cinéma est très éloigné du mien, mais dont toute la force s'est soudain imposée à moi de manière évidente.

J'ai l'impression d'avoir compris seulement depuis ton message et ces deux films de Rousseau ce qu'est réellement un cadre, et ce que peut signifier le mouvement au cinéma.

Par contre, je trouve que ce qu'il dit dans les longs entretiens de 2003 que tu as eus avec lui un peu trop enfermé dans une seule vision et définition de l'art, de l'œuvre d'art, et de la rencontre avec une œuvre. C'est la même chose que je reproche à Straub d'ailleurs : un refus total de la théorie, de l'explication rationnelle du geste ou de l'œuvre, alors même que ce sont des œuvres qui appellent des passeurs, des intermédiaires, des textes pour les décoder. La saisie, le ravissement, se font après le texte, je crois, ou en tous cas après que certaines conditions soient réunies pour la réception. Ce fut en tous cas mon cas. Mais je faisais de cette remarque une critique auparavant, alors que ça ne devrait être qu'une constatation, puisque ça n'a rien à voir avec la force de l'œuvre elle-même.

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