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Another year (Mike Leigh)

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Message par adeline Mer 26 Jan 2011 - 17:31

Je ne savais pas trop si j'avais envie de le voir. Lorsque j'avais vu Secrets and lies, j'avais été un peu refroidie. J'en avais gardé une impression d'outrance et de trop-plein, d'invraisemblance dans la force des sentiments. Je suis donc allée voir Another year avec circonspection.

Je trouve que c'est un film extrêmement touchant, incroyablement triste, très juste. De temps à autre j'ai senti ce que j'avais reproché à Secrets and lies, mais cette fois l'impression que tel ou tel trait ou situation était un peu appuyé servait le film.

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Je me demande ce que le film nous dit, de la vie de ce couple, de ses amis. Ils sont heureux semble-t-il nous dire. Mais est-ce si sûr ? Et à quoi leur bonheur est-il dû, leur bonté ? Pourtant, je trouve le personnage de Gerri peu aimable. Elle est d'ailleurs plus charitable, ou complaisante même, qu'aimante, avec Mary surtout. Que dit le dernier plan, tellement appuyé, sur Ronnie et Mary ? Pour moi, il dit "que savent-ils, ces gens heureux et stables, "bien" et bons, que savent-ils de la douleur, de la lourdeur de la vie, de la détresse et de la tristesse." Mais peut-être le film condamne-t-il plutôt ceux qui "ne s'en sortent pas", qui "vont mal". Parce que Mary ne sait vraiment rien gérer, rien faire sans tout gâcher. Et Ken est tellement plein de ressentiment. Et Ronnie n'a pas un gramme de sentiment dans son cœur.

Une chose est sûre, il y a une grande différence entre ceux qui vont bien et ceux qui vont mal. Tom, Gerri et leur fils ne se racontent pas d'histoire. Leur vie est ce qu'elle est. La vieillesse arrive, ils ne la rejettent pas. Alors que Ken, comme Mary, refuse de vieillir, ou d'être gros. Mais il y a aussi un jugement social dans le film, car les différences sont aussi tracées selon des lignes de partage culturelles. Ken aime toujours le foot, alors que Tom a seulement été quelques fois voir le Derby de Clough, gamin. Mary ne sait pas éteindre la télé et les films qu'elle regarde jusqu'à pas d'heures le samedi soir, alors que Tom et Gerri écoutent tranquillement de la musique classique pour se détendre. Etc.

Le film a une lenteur et une temporalité calquée sur la vie régulière du couple de Tom et Gerri, qui reçoivent chez eux leurs amis, ou qui organisent ailleurs la réception. C'est le rythme de la vie "bonne" calquée sur un rythme naturel, c'est l'attention aux saisons et à la nature. Il semble que Tom et Gerry tirent leur tranquillité du petit jardin ouvrier qu'ils entretiennent ensemble. En ce sens, si on cherche des poux, le film est moralisateur. Et il condamne aussi les fumeurs d'herbe, les écouteurs de rock, toutes choses que Ronnie et Mary échangent en catimini lors de la plus belle scène du film.

Le titre donne à cette histoire une valeur plus globale qu'une simple année dans la vie de Gerri et Tom. Pourtant, ça n'est qu'une année. Et peut-être que Mary allait très bien dix ans avant, et que Ken changera sa vie d'une manière ou d'une autre. Peut-être que les choses s'arrangeront, car la vie est ainsi faite. Or, le film ne donne pas cette possibilité-là aux personnages, hors le salut d'une démarche de psychothérapie. Gerri est psychologue, et c'est ce qui détermine d'ailleurs sa relation à Mary, et pratiquement à tout le monde. Ce qu'à mes yeux le film condamne et critique. Au contraire, Tom ne porte aucun jugement d'ordre sanitaire sur Ken ou son frère Ronnie. Il aimerait juste que ça aille mieux. Tom est un très chouette personnage. Mais le film enferme trop Mary, Ken et Ronnie dans leur détresse, dans leur dénuement et dans leur alcoolisme.

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Message par Largo Mer 26 Jan 2011 - 17:46



Présence Humaine :
Le dernier Mike Leigh est sublime, mais la flemme de faire une critique, je préfère réagir à vos réactions s'il y en a, c'est bien le seul avantage du forum.


Largo :

J'y vais sûrement ce soir, mais j'avais été tellement irrité par Happy Go Lucky... What a Face


PH :
c'est plus proche de Secrets et Mensonges que de "Be happy" (vf), sans les intrigues un peu artificielles.


Largo :
Bah écoute j'ai pas vu S & M, mais il y a pas eu de miracle pour moi en tout cas. Je vois pas comment certains ont pu vouloir lui attribuer la palme... L'amie dépressive m'a autant irrité que la fofolle optimiste de Be happy. Vraiment épidermique. Tous ces tics... C'est infernal. Je crois même que tous les personnages ont quelque chose d'agaçant. Aucun à qui on a envie de "faire un câlin". A chaque fois qu'ils ouvrent la bouche, quoiqu'ils disent, qu'ils aillent bien ou mal on a l'impression qu'ils ne font que répéter à demi-mot : "et ouais, c'est comme ça, je suis comme ça et pas autrement".

Film sur la vieillesse d'une terrible noirceur, qui donne l'impression que quoiqu'il arrive les dés sont toujours joués, les rôles et les destins très nettement attribués. Le pire étant les couleurs passées, les bleus froids, la lumière crue et les ombres grises-noires de la scène avant et après l'enterrement dans la maison du veuf (alors que tout le reste du film chez le bon couple baigne dans des couleurs chaudes et chatoyantes). D'une morbidité à la limite du soutenable : Roy Andersson sans l'humour.

La seule scène qui laisse un tout petit peu d'espoir est celle de la rencontre entre le veuf et la dépressive. Quelques petites touches d'humour remontent à la surface, on se prend à rêver à la possibilité que ces deux-là ne finissent pas leur vie seuls dans des piaules minables, mais la scène finale du repas et l'interminable dernier plan sur le visage sombre de Mary ne nous fera pas vraiment pencher pour un "happy end".

Franchement, quitte à me prendre 2h d'Angleterre à base de mauvaise bière en canette, de pluie et de murs en brique, je préfère encore la fantaisie vaudevillesque de Tamara Drewe.



Présence Humaine :
Mary est plus que ce qu'elle veut bien représenter, elle est engoncée dans son rôle que chacun lui attribue, elle est l'amie pot-de-colle alcoolique qui gravite autour du couple le plus stable de la terre, d'ailleurs la maison de Tom et Gerri est un refuge pour tous les personnages. Encore une fois chez Mike Leigh c'est la question du bonheur qui revient incessamment et dès la première scène, mais aussi les "es tu heureuse?" "tu sais je suis très heureuse comme ça", "ça va très bien", Mary dit souvent qu'elle va très bien et qu'elle est heureuse alors que personne n'a rien demandé comme un rituel autopersuasif. Le discours a encore de la tenue alors que les apparences sont catastrophiques.

Mary est en effet comme ça et pas autrement, on ne peut pas dire que ça n'existe pas des personnes comme ça, elle est un personnage-type, elle existe et le film la révèle doucement et subtilement comme être humain non aux yeux des autres mais à ses propres yeux, entre les interstices.
On ne voit jamais Mary seule, elle est toujours vue depuis le regard sartrien du couple, de ses amis, du bel homme qui attend sa jeune amante, elle ne peut qu'être en retrait ou en demande, elle est sans cesse renvoyée à sa solitude coupable.
D'ailleurs le film travaille cette nécessité, cette façon qu'ont les couples de trop bien aller ensemble (Tom et Gerri), cette façon qu'ont les perdants d'être vraiment irrécupérables, bref, l'inégale distribution des rôles et ce qu'on fait une fois qu'on est emprisonné dans la peau d'un personnage, ce qu'on vaut aux yeux des autres.
L'utilisation des couleurs et de la lumière est incroyablement efficace, on pourrait reprocher une absence de subtilité à vouloir voir tout noir et gris lors de l'enterrement mais Mike Leigh joue encore une fois sur le hasard ambigu des couleurs (un mur gris peut être une coïncidence), et la couleur comme émotion colorée, Secrets et Mensonges était d'un bleu canard froid, Another Year est bleu gris.
A la fin on perçoit enfin un inversement de rôle, on prend le parti de Mary, elle a une vraie bonté, elle seule parle réellement au vieux frère, la discussion est le seul lien possible entre elle et les autres(le fils, le frère). Le couple paraît soudainement crispant, se repassant l'histoire presque mythologique de leur rencontre, leurs voyages, leur ouverture d'esprit.
C'est un film admirable et le maniérisme, bizarrement, me fascine.
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Message par adeline Mer 26 Jan 2011 - 18:01

Merci Largo ! Je ne me souvenais plus que vous en aviez déjà parlé.

Présence Humaine, nous avons senti la même chose dans le film Wink

Qu'est-ce que tu entends par maniérisme ? Je ne dirais pas ça de la mise en scène de Mike Leigh. Je n'arrive pas à la définir. Elle est à la fois simple, et appuyée. Mais maniérée ne convient pas je trouve.

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Message par Invité Mer 26 Jan 2011 - 22:27

Au contraire, Tom ne porte aucun jugement d'ordre sanitaire sur Ken ou son frère Ronnie.

lol

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Message par Largo Ven 28 Jan 2011 - 0:15

Il semble que Tom et Gerry tirent leur tranquillité du petit jardin ouvrier qu'ils entretiennent ensemble.

Oui, "il faut cultiver son jardin", c'est un peu la morale du film. Dans la vie, il y a les fous-fous, les paumés, les névrosés, la marge ; et puis il y a le centre, les gens "stables", ceux qui construisent une existence avec des prêts sur 30 ans, pour avoir des fondations solides, pierre par pierre, patiemment empilées les unes sur les autres... C'est comme ça qu'on possède sa maison et qu'on a un fils qui s'en sort bien dans la vie. Ca me fait pense à un bouquin de Sarraute lu récemment : Martereau. Dans le bouquin, il y a un jeune homme bourgeois, le narrateur, qui sait pas très bien ce qu'il veut faire, qui se la joue un peu bohème, un peu rêveur (il dessine des meubles je crois) et son oncle qui s'occupe de lui, ne fait que répéter une chose, pour réussir, "il faut taper sur le même clou", ne pas se disperser, papillonner, avoir les pieds sur terre quoi. C'est un peu la même morale sérieuse et appliquée du jardin "ouvrier" (répétition et perfection des mêmes gestes, reproduction d'un modèle, d'une méthode préétablie...)

Ca me donnerait envie de parler plus de Sarraute du coup, il faudrait dire à quel degré de précision elle arrive dans l'analyse de la moindre phrase, de la moindre intonation, comment elle fait passer ce sentiment que la remarque la plus anodine peut ramener, rabattre l'interlocuteur à ce qu'on voudrait qu'il soit, le replacer toujours dans la case où on l'a placé, parce que c'est toujours plus rassurant de savoir où se trouve celui avec qui on est : au-dessus, en haut, à côté, très loin, très près, etc.

Il y a un peu de ça dans Another Year, Gerri parle toujours à son amie comme à une patiente, c'est plus facile pour elle, c'est un rapport qu'elle connait bien et où elle se donne toujours le beau rôle, elle fait mine d'être agacée par son comportement mais au fond, sans doute, qu'elle se sent valorisée... Chaque ligne de dialogue enfonce chaque personnage un peu plus dans la case qui lui est attribuée. Mais ce qui est assez fort de la part de Mike Leigh, c'est qu'ils en ont tous conscience, personne n'est dupe du rôle qu'on veut lui faire jouer ; s'il y a une dimension du film qui pourrait le "sauver" à mes yeux, c'est peut-être celle-là, cette lucidité, souvent terrible, des personnages.

L'utilisation des couleurs et de la lumière est incroyablement efficace, on pourrait reprocher une absence de subtilité à vouloir voir tout noir et gris lors de l'enterrement mais Mike Leigh joue encore une fois sur le hasard ambigu des couleurs (un mur gris peut être une coïncidence), et la couleur comme émotion colorée, Secrets et Mensonges était d'un bleu canard froid, Another Year est bleu gris.

La "couleur comme émotion colorée"...Ca sonne presque comme une tautologie, non ? C'est tellement sursignifiant, je trouve. Désolé mais quand il y a un mur gris dans un film de Mike Leigh, c'est parce que Mike Leigh a voulu qu'il y ait un mur gris dans son film, c'est pas du tout le hasard, ça ne peut pas l'être. C'est juste un effet de style simpliste qui donne l'impression que l'auteur craignait qu'on ne comprenne pas combien un enterrement et le deuil de quelqu'un c'est triste et glauque...
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Message par adeline Sam 29 Jan 2011 - 11:34

J'ai eu comme l'impression que dans ce film, la mise en scène appuyée subissait le même sort que le personnage de Gerri. Le film permet imperceptiblement de déceler dans l'exemplarité (Gerri), la dureté, l'absence de sentiments sincères, le jugement moralisateur. Et j'ai l'impression que la mise en scène si exemplaire, à l'enterrement correspondent les couleurs grises, etc., finit par être sa propre critique, dans le plan de fin qui s'attarde sur Ronnie et Mary. C'est toujours par le regard de Tom et Gerri qu'on voit les autres personnages du film, comme le disait Présence Humaine, et le plan de fin, qui sort Mary et Ronnie de la conversation "idéale", de la famille "idéale", rompt avec la logique précédente du film. Enfin, c'est ce que j'ai senti.

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Message par Présence Humaine Dim 30 Jan 2011 - 2:03

la couleur comme "émotion colorée" est un terme de Paul Valéry, disons que je n'en fait pas un argument d'autorité mais je resitue. Il y a une secte philosophique grecque (les cyrénaïques) qui avait une théorie sur la couleur, il pensait non pas que l'on percevait du rouge mais que l'on rougeoyait. Il y a exactement cette idée (mais renversée) chez Mike Leigh, c'est comme la bague qui change de couleurs selon les humeurs, les murs gris (mais aussi la lumière du film, les tenues) prennent la couleur intérieure des personnages qui par là se transmet jusqu'au spectateur.
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Message par Rotor Dim 30 Jan 2011 - 10:29

Pas vu le Mike Leigh. J'avoue avoir un peu abandonné ce cinéaste, il y a longtemps, à la fin de sa période révoltée. Et m'être arrêté à "Naked" qui était magnifique et où la lucidité du personnage principal continuait d'être porteuse d'un au-delà du réalisme.
Il filmait une Angleterre qui avait quelque chose d'attirant, de sombre et je trouve son réalisme actuel, au fond, plus académique, quoique bien écrit.

@Largo : Si tu aimes Sarraute, tu devrais vraiment lire "Les fruits d'or". C'est marrant que tu parles de Martereau. Mais dans ce roman, toutes les pistes de lecture sont brouillées. Les identifications sociales sont extrêmement complexes. On a l'impression que les personnages ne sont que des fantasmes, qu'ils sont insaisissables et que l'auteur n'a accès à eux que par des détails, des attitudes. On est toujours avec Sarraute dans une sorte de stratégie de l'araignée qui consiste à emmailloter progressivement avec des mots pour saisir un caractère. Toutes les définitions avec elle, sont glissantes. Il y a une grande place laissée aux hésitations, aux questionnements, aux tâtonnements. J'adore cet auteur mais ce n'est pas vraiment du roman réaliste ! Et de Matereau, au final, on apprend très peu. Est-il vraiment cette image de "brave homme", de "bon bourru" ou juste un vieux ordinaire ? Une partie du roman tourne autour de ça.
C'est d'ailleurs ce qui la sépare du réalisme (où tout est déjà su, connu) que ses romans soient toujours des enquêtes autour du réel (qui est fragile, innommable).

Sinon, c'est joli cette histoire de secte grecque. D'un point de vue psychologique, c'est d'ailleurs assez vrai que l'état du monde coïncide avec les projections intérieures. Par exemple, moi, quand je suis vert, je vois rouge, ou quand je suis noir, il fait gris...
(désolé pour cette blague de CM2 et d'être un peu bavard mais nous sommes Dimanche, n'est-ce pas ?)

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Message par Largo Dim 30 Jan 2011 - 13:52

Rotor a écrit:
@Largo : Si tu aimes Sarraute, tu devrais vraiment lire "Les fruits d'or". C'est marrant que tu parles de Martereau. Mais dans ce roman, toutes les pistes de lecture sont brouillées. Les identifications sociales sont extrêmement complexes. On a l'impression que les personnages ne sont que des fantasmes, qu'ils sont insaisissables et que l'auteur n'a accès à eux que par des détails, des attitudes. On est toujours avec Sarraute dans une sorte de stratégie de l'araignée qui consiste à emmailloter progressivement avec des mots pour saisir un caractère. Toutes les définitions avec elle, sont glissantes. Il y a une grande place laissée aux hésitations, aux questionnements, aux tâtonnements. J'adore cet auteur mais ce n'est pas vraiment du roman réaliste ! Et de Matereau, au final, on apprend très peu. Est-il vraiment cette image de "brave homme", de "bon bourru" ou juste un vieux ordinaire ? Une partie du roman tourne autour de ça.
C'est d'ailleurs ce qui la sépare du réalisme (où tout est déjà su, connu) que ses romans soient toujours des enquêtes autour du réel (qui est fragile, innommable).

Hé hé, oui j'ai lu Les Fruits d'or, d'ailleurs j'y pense de temps en temps dans certaines discussions et débats "cinéphiles", ces questions de goûts, ces phénomènes d'emballement dans un sens ou dans l'autre, ces jugements toujours radicaux et définitifs qui peuvent très bien s'effondrer quelques temps après... "Vous avez lu Les Fruits d'or ? C'est très bien..."

Je retrouve bien Sarraute dans cette "stratégie de l'araignée". Chez elle, ça passe en effet toujours par des mots, des paroles, il n'y a que ça, les fantasmes que le narrateur construit sur les personnages changent aussi vite que les jugements de goût : Martereau passe du salaud au bon ami en deux mots trois mouvements. Tout est toujours mouvant, volatile, fluctuant, les états d'âme, les jugements, les relations. Et chaque remarque apparaît comme la partie émergée à partir de laquelle on imagine l'iceberg, le fond de la pensée à partir de la remarque anodine. Ce qui est révélé est souvent mesquin, vile, mal intentionné. Grande cruauté dans ces textes...
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