Comme c'est trop bien rigolo et LOL en plus

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Message par Borges Ven 27 Nov 2009 - 10:10

jerzy pericolosospore a écrit:A qui le dis-tu: j'ai posté avant-hier, sur le forum spectral des spectres qui pontifie des trissotineries à 3 posts par jour au tarif non-syndical, un "asinus asinum fricat", suivi d'un extrait de Molière, eh ben ça n'a pas bien été supporté: gommé aussi sec.

Le forum le moins derridien du cybermonde à 1500 cyber-kms à la ronde: peur de l'étrange étrangeté du vaste monde et repli frileux dans le cocooning réconfortant des chapelles au parfum d'encens, sens de l'hospitalité marqué par une convivialité réaliste-socialiste contagieuse qui ferait passer Nicolas et Helena Ceaucescu pour des géos du club-med, socialité ronronnante, ronflante, et endogène, esprit de sérieux grotesque, goût impayable de l'ennui vespéral (plus le propos et le contenu sont ternes et gris-souris plus on se dit que c'est sérieux, même l'amusement y a des allures de l'heure de promenade à la prison de la santé ou du moment pétard après 3h de colle), autosatisfaction molle, convivialité non pas potache mais potagère à la riri-fifi-loulou, chasse aux parasites, communauté de l'entre-soi salonnard et rhétorique fumeuse afférente.

Dans le discours (sermon) et les intentions, y règne une "mimésis" - comme dirait le comte qui de toute façon dit tout et son contraire dans le même morphème, un vrai blockbuster d'auto-fighting à lui tout seul - de déconstruction de la pure présence originaire.

[ Le comte est un cas fascinant à bien des égards. Par exemple, c'est un athlète du retournement dogmatique-analytique quasi instantané. Du genre à te pondre une tartine "transcendantale' regorgeant d'adjectifs laudatifs à propos du dernier nanar tourné dans le bush septentrional, et aussitôt qu'on lui réplique que c'est une "merde fascisante", il n'a pas de mots plus durs pour condamner et brûler ce qu'il adorait la minute précédente et il te pond une deuxième tartine "transcendantale" qui annule magiquement la première. La consultation de son blog se révèle à cet égard proprement "transcendantale": c'est une succession d'erratas enflammés invoquant le droit et même le devoir "critique" de contredire le lendemain l'assertion faite la veille. Le comte n'a pas son pareil également pour exprimer ses chaleureuses félicitations et témoigner de son intérêt très vif pour des développements embryonnaires hyper-éculés se signalant précisément par leur absence alarmante d'intérêt. Le comte est une sorte de croisé dogmatique multi-directionnel qui enfonce des portes largement ouvertes pour aussitôt les refermer à moins que ce soit le contraire, on sait plus trop, et jamais n'oublie de s'en excuser de peur d'indisposer les monuments d'érudition, les aigles de la pensée qui l'impressionnent tant et qu'il aime cependant à taquiner tel un petit garnement buissonnier défrisant la moumoute du prof de catéchisme au collège privé de saint-Sépulcre. Y aurait tant de choses à dire mais bon, passons. lol]

Dans la pratique, pardon, la praxis, ces belles envolées sont ipso-facto démenties dans la minute par un dégonflage de soufflé systématique à littéralement pisser de rire.
Des... comment dire, "discussions" pré-gériatriques sur absolument n'importe quoi de préférence profondément inintéressant, comme la danse des canards filmée par Wiseman, pêche et traditions en Arcadie, harangues dogmatiques interminables van-strattétiennes sur le triomphe du simulacre, aussi palpitantes que la rediff en streaming de l'intégralité du discours du Komintern sur le dernier plan quinquennal agraire (topic très successful car riche en rebondissements spéculatifs, un vrai sérial feuilletonesque à l'ancienne façon "Vidocq", on y apprend finalement que le surfin de la vigilance "critique" est un retour direct au platonisme le plus caricaturalement académique mélangé à on ne sait quel bon sens terrien, la chasse aux analogons et l'éloge du bon vieux feu de bois se mélangeant dans un brouet conceptuel vertigineux, et après un bref détour de pure forme par la déconstruction); une avalanche de citations qui donnent à "penser" à tout qui saluera ce notable effort par un remarquable " c'est très intéressant, merci pour la citation"; un beau topic sur le vide et le silence chez Ozu - remake lichtenbergien du couteau sans manche auquel manque la lame -, la zique du jour sur youtube, l'éthique du visage dans l'âne de Bresson, le sentiment oppressant d'être l'hôte d'autrui, compensé par la faculté hardie de le gommer virtuellement (toujours se méfier des timides, ce sont de vrais tyrans en devenir, c'est l'hospitalisé qui s'moque de la charité); non, chaque intervention dépassant les 3 phrases est un véritable sketch comique ET tragique à la fois sur l'impossibilité quasi-ontologique de se dédoubler réflexivement pour méditer sur sa propre bêtise pénétrée du sentiment de sa noble profondeur; sans parler des commissaires politiques constipés qui vous expliquent d'un ton pénétré et infatué ce que vous devez penser ou ressentir ou dire, prestes à vous accoler le sceau infâmant d'être soit un fasciste soit un collabo si vous avez le malheur de préférer la potée aux marrons à la fricassée de rutabaga (et parfois s'interrompant pour une imitation-hommage d'un oracle de la forêt noire adressant une unanswered question suspensive 'achement aporétique à la voûte des sapins et dont il faut écouter attentivement le mugissement de la non-réponse in the wind - si bien qu'on en reste baba et hébété comme deux ronds de flan, et que le silence qui suit ressemble à du Badalamenti).
Un régime de terreur sous l'apparence d'une bonbonnière pokémon conviviale où l'on rote précautionneusement au rythme effréné d'une poursuite en camion avec un droïde du bon vieux temps du corps pesant faisant un croche-pied à un avatar numérique bouleversifiant l'histoire du cinémama, sans compter les séries, ah les séries, tout un débat, bien ou pôô bien, je sais pas j'me tôôte, je pense par moi-même que c'est pô bon pour l'essence essentielle du cinémama, mais je préfère Larry Flint, personnellement c'est vraiment un très mauvais film réussi de Forman parmi ses mortifiants biopics préformatés "maintenant en haleine l'intérêt du spectacteur", mais j'ai des goûts de chiottes, alors... Et quand je ponds ma chronique là-dessus, c'est de loin plus mauvais et clichetonnant que les golems-gratte papiers-happy few maudits auxquels j'adresse habituellement mon sarcasme dans un élan de résistance éthico-politique vaselinaire, non, sans rire et sans smiley, mais avec beaucoup de mélancolie, je dois admettre que ça mimétise vachement sur ce à quoi pourrait ressembler une dissertation scolaire et scoliosée dans la rubrique cinéscope de France-Dimanche, même Jipi écrit mieux et dit des trucs moins convenus, comme quoi on est parfois ce qu'on condamne, la loupe, toujours la loupe, c'est ça la mimésis le simulacre mais justement y a rien derrière, pas de sortie hors de la "métaphysique" du critique cinématologique de France dimanche, y a que des imitations, l'imitation de ce à quoi on ne voudrait pour rien au monde ressembler mais l'ironie de l'affaire c'est que chassez l'naturel inexistant, cad imité, y revient au galop, hi-han.

Bref, ça valait vraiment la peine de plier bagages avec force et fracas pour refaire juste en plus confiné, en comité restreint irréductible, ce qui se faisait déjà ici et un peu partout ailleurs,.

Alors oui, gaffe aux mines anti-personnelles. Mieux vaut la jouer en solo que se sentir appartenir à un collectif de clampins aussi admirable. Mais bon, pris individuellement je suis sûr qu'ils sont très sympathiques, comme dirait feu Jacques Martin.

lol
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Message par Borges Ven 27 Nov 2009 - 10:27

l'impossibilité quasi-ontologique de se dédoubler réflexivement pour méditer sur sa propre bêtise...

Un énoncé sans le moindre sens, comme tout le texte; la centdixmillième version d'un air plus que connu.

Ici (naturellement) on se permet de renvoyer au séminaire "la bête et le souverain".



Dernière édition par Borges le Ven 27 Nov 2009 - 15:37, édité 1 fois
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Message par Eyquem Ven 27 Nov 2009 - 13:30

...centdixmillième version d'un air plus que connu...
D'ailleurs :
Aussi je m'incline devant le fardeau de la répétition.
Repeat.
Repeat.
Aussi je m'incline, sans illusion, devant le fardeau interminable, écholalie sans fond, qui charrie ces Enfants du Limon, devenus cloison tympannique, pour mieux se dire, mieux s'entendre.
Douloureuses voix vides et avides d'être reconnues, obligées de se répéter sans s'entendre, aussi longtemps qu'elles n'auront pas trouvé une arme dans leur fuite.
C'est à la page 160 du livre.
Est-ce que je la cite à propos, Jerzy ?
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Message par Borges Ven 27 Nov 2009 - 13:48

Eyquem a écrit:
...centdixmillième version d'un air plus que connu...
D'ailleurs :
Aussi je m'incline devant le fardeau de la répétition.
Repeat.
Repeat.
Aussi je m'incline, sans illusion, devant le fardeau interminable, écholalie sans fond, qui charrie ces Enfants du Limon, devenus cloison tympannique, pour mieux se dire, mieux s'entendre.
Douloureuses voix vides et avides d'être reconnues, obligées de se répéter sans s'entendre, aussi longtemps qu'elles n'auront pas trouvé une arme dans leur fuite.
C'est à la page 160 du livre.
Est-ce que je la cite à propos, Jerzy ?


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Message par Invité Ven 27 Nov 2009 - 14:39

C'est très intéressant, merci pour la citation.

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Message par balthazar claes Ven 27 Nov 2009 - 19:11

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Message par Invité Ven 27 Nov 2009 - 19:34

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Message par Borges Sam 28 Nov 2009 - 11:13

Les autres Spectres s'étant étonnés (et comment ! et combien !) et émus de ces deux messages effacés. Quelle putain de réputation ça va nous donner de talibanscommunistesnazis ennemis des libertés chèrement acquises ? Je me dois de dire ce qui doit être dit, la vérité, bien entendu, toute la vérité, même si les mots doivent me manquer. C’est moi ; j’ai agi seul sans en référer, sans consultation, sans avis pris, sans réunion au sommet, sans vote, sans veto, sans rien, en dehors de toute éthique de la discussion démocratique ; (toute thèse du complot est donc à écarter, y a pas eu de deuxième tireur, ni de pouvoir groupusculaire (ça se dit ça ?) dans l’ombre tirant les ficelles d’une pauvre marionnette) ; moi-même, maintenant que j’y repense (dans le dédoublement réflexif du gars qui se voit ayant agis mal, et n'ose plus se regarder dans le miroir qui lui réfléchit réflexivement son image pas reluisante), j’arrive pas à comprendre mon audace, ma désinvolture. Ca dépasse les limites (pas les bornes, les limites) non seulement de la raison commune, mais aussi de l’imagination qui n’en fait qu’à sa tête. J’ai enfreint toutes les règles implicites, toutes les lois non écrites et d'autant plus sacrées de notre petite bande ; j'ai enfreint les règles du jeu démocratique de la communauté des spectres (ne rien effacer, jamais, aucun message, sauf cas extrême ; pas de liberté pour les ennemis de la liberté). Oui, c’est moi, c’est ma très grande faute. Ayant fait ici (devant les hommes libres attachés à la liberté, contre la censure qui frappe les petitsgars qui sont pas d'accord avec l'opinion dominante),publiquement, mon autocritique, mon mamamiaculpa, la vie peut reprendre son cours. Oui, plus jamais ça. Je risque gros dans cette histoire; je vais pas m'en tirer avec des pirouettes et quelques cacahuètes rhétoriques... serais-je donc jamais sérieux, assez sérieux?
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Message par Eyquem Sam 28 Nov 2009 - 11:29

M... a écrit:C'est très intéressant, merci pour la citation.
lol
C'est un extrait du livre de Jerzy, voilà tout.
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Message par Borges Sam 28 Nov 2009 - 19:03

l'impossibilité quasi-ontologique de se dédoubler réflexivement pour méditer sur sa propre bêtise...

D’abord, il faut être très simple ; penser comme un simple d’esprit. Pour déterminer ce que peut-être cette « impossibilité quasi-ontologique », on l’oppose à d’autres impossibilités, empirique, logique…

-Une impossibilité logique, on voit ce que c’est si on connaît ses principes de base de la logique élémentaire…

-Une impossibilité empirique, on voit aussi ; elle peut être historique (les Romains de l’antiquité ne pouvaient pas prendre l’avion par exemple), psychologique, culturelle…

-Une impossibilité ontologique, c’est une impossibilité qui a trait à l’être, à l’être d’un étant (Dieu, l’homme, la nature….les bêtes…) ou alors au sens de l’être même (mais ce n’est pas ici le cas ) ; il faut entendre l’énoncé plutôt dans le premier sens… exemple avec Dieu ; chez Descartes, dieu étant parfait ne peut pas ne pas être… c’est une impossibilité ontologique, une impossibilité qui a trait à l’être de dieu, et pas celui de l’homme, par exemple ; que je sois, moi qui ne suis pas dieu, n’a rien de nécessaire ; mon existence ne se déduit pas de ma définition, de mon être.

-Dans le cas de notre énoncé, l’impossibilité touche à la réflexivité ; en général la réflexivité est une des propriétés de l’homme, un de ses propres comme on dit : l’homme non seulement pense, mais il se pense, l’homme est conscience de soi (on va pas aller plus loin, distinguer les deux… ) ; c’est ce qui le sépare des bêtes (qui, si elles ont un sentiment de soi, n’ont pas de relation réflexive à leur propre existence…Elles ne peuvent pas dire (penser) « je », disent certains penseurs)… En ce sens, il est impossible ontologiquement aux bêtes « de se dédoubler réflexivement », si elles le faisaient, elles seraient alors des hommes, et cela est encore plus interdit aux pierres (exemple exemplaire)…

Dans l’énoncé débattu, les membres des spectres ne sont pas dans une impossibilité ontologique, mais quasiontologique ; ils ne sont pas des bêtes, ni des pierres, ou des arbres, mais quasi des pierres, des quasi-bêtes…

Leur impossibilité est quasiontologique… (ce qui n’a pas sens, parce que les différences ontologiques ne sont pas quantitatives ; si dans un sens empirique on peut n’être pas tout à fait un homme, au niveau des propres, c’est assez contradictoire ; notons que nous n’introduisons pas ici l’histoire dans l’ontologie (immense problème, d’une histoire de l’être, d’une histoire transcendantale, d’une historialité), ce qui aurait permis de penser ce quasi (dont le statut est pourtant presque impensable) ; ainsi pour Hegel, les Egyptiens, l’Asie en général, c’était pas des bêtes, mais c’était pas encore des hommes vraiment ; chez Heidegger idem, l’homme devient homme quand il rompt sa relation à la nature, quand il pose la question de l’être, ce qui arrive avec les Grecs, bien entendu… )

Nous les Spectres, nous ne sommes pas des bêtes, des ânes, mais quasiment.

Le problème ici, comme je crois l’avoir déjà dit ailleurs : ce qui définit la bêtise (les bêtes), c’est évidemment l’adhésion à soi, dès que la bêtise est réfléchie elle est dépassée ; si je dis « je suis bête », je ne suis plus bête… dire de quelqu’un qu’il ne peut pas « se dédoubler réflexivement pour méditer sur sa propre bêtise » ça n’a pas de sens ; on ne peut pas méditer sa propre bêtise, si on ne fait on n’est plus bête… on ne peut pas méditer sa propre bêtise tant qu’on est bête, tant qu’on est dans cette bêtise…

Quand je dis cet énoncé n’a pas de sens, je veux dire aussi que, pragmatiquement, on ne peut pas le penser, le vouloir-dire, le dire, l’écrire…


J'ai autant de mal à penser cet énoncé qu'à penser "les Juifs, les esclaves, les Arabes, les Noirs, les femmes... les handicapés... ne sont pas humains," même si on atténue par un "quasi"...


Bien entendu, j'ai pas rigolé en lisant ce passage (ni le message), parce que si j'avais rigolé, je me serais dit que c'était de l'humour, pour rire, de l'absurde... Mais le rire, l'humour, l'absurde sont-ils de l'ordre du sens?



Autrement dit, il est impossible de réfléchir sa propre bêtise; l'impensé de toute pensée c'est sa bêtise...Ce qui fait des Spectres des êtres humains tout à fait ordinaires


Etc.



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Message par Invité Dim 29 Nov 2009 - 3:08

Dans cette phrase, "quasi ontologique" faisait allusion à tout autre chose, ce n'était - mais fallait encore pouvoir (ou vouloir) le décoder - qu'un écho allusif à des énoncés tenus en situation, comme du reste l'ensemble des énoncés apparemment dénués de sens:

renvoyant à un élément de discussion tenu autour de l'éthique lévinassienne. La critique par Derrida, dans Violence et métaphysique, était mentionnée, comme mettant en question l'Autrement qu'être: à vouloir s'affranchir de l'ontologie, de l'horizon de la question de l'être, par une sortie "hors de" ou "au delà" des limites de la métaphysique (ce que le retour à l'être spécifique à Heidegger se proposait justement de tenter: déconstruire ou destituer l'onto-théologie de la Substance), Lévinas ne courait-il pas le risque, mécomprenant Heidegger, de retomber dans des catégories de cette métaphysique dont il souhaitait sortir, substantialisant l'Autre comme une vieille catégorie métaphysique platonicienne faisant retour? Démonstration brillante, typique du Derrida de la grande époque, etc.
Ainsi la question était posée, ce me semble, dans ce début de discussion là: s'affranchit-on aussi aisément de l'ontologie en posant autrui comme constitutif de l'éthique; question de l'hôte ou de l'otage, et on en avait parlé circonstanciellement, à l'époque, sur le forum des cdc. Et j'avais prononcé "ma" critique de Lévinas. La critique de Lévinas par Badiou ayant aussi été mentionnée à l'époque. Donc: écho de tout cela, sous une forme scattée et, en apparence seulement, "délirante".

C'est donc à tout cela que ma phrase faisait allusion, subliminalement: "l'impossibilité quasi-ontologique de se dédoubler réflexivement pour méditer sur sa propre bêtise" étant à comprendre dans cet horizon et dans ce contexte - avec une allusion à l'hégélianisme, puisque la constitution d'autrui dans la négativité, l'opposition réflexive avec un alter-ego, soit encore la lutte en miroir pour la reconnaissance de soi et constitutive de la conscience-de-soi, est bien sûr épinglée par Lévinas comme une pièce au dossier de la totalisation indue, par le champ spéculatif-théorétique, de l'approche d'autrui -; et c'était ainsi une pique de dérision adressée à l'éthicité douloureuse de JM, l'ensemble de mes propos dans le post reproduit ici, apparemment dénués de sens, ne faisant que tisser ludiquement des tropes en écho aux dernières conversations tenues ici, mises en rapport avec la question potentiellement éthique de la "gomme" protégeant l'âme douloureuse de l'intrusion inhospitalière d'un autrui fort peu lévinassien.

Dans un contexte étroitement et anthropologiquement hégélianisant, selon une approche critiquable de Hegel que nous connaissons bien, et ironiquement rappelée ici, une telle phrase, s'appliquant par dérision à un lévinassien hôte et otage d'autrui: " l'impossibilité quasi-ontologique de se dédoubler réflexivement pour méditer sur sa propre bêtise...", loin d'être dénuée de sens, comme tout le reste, prenait donc au contraire tout son sens.
C'est ainsi, dans ce contexte, dans cet événement, dans ce jeu de renvois et en miroir de discussions, que la phrase en question pouvait et devait être décodée. Un peu, rien qu'un peu d'esprit d'à propos, de goût oulipotien pour la combinatoire, les jeux d'esprit, les mots croisés, eûssent suffit à le saisir, et à en rire (enfin, non, évidemment, ici, on rit, mais pas de soi, monsieur le commissaire), mais non, dans le registre anglo-saxon du branlottage cognitif constipatoire, il fallait, en ce cas de figure fâcheux attentant de façon inadmissible à l'intégrité de l'esprit de sérieux, de rigueur, d'éthicité, de nous les spectres, choisir l'option interprétative la plus mastok: objectif - destruction massive du jerzysme parasitaire avec frappe micro-chirurgicale. Ici tour de contrôle, rogers, paré au lancement, lancement, lancé - three two one, zero: blablablah.

Borges se saisissant activement de son habituelle myopie interprétative, de son manque de souplesse et de plasticité ludique quand il s'agit de me "lire" et de souligner au trait rouge l'incohérence de mes propos, persuadé quasi-originairement que tout propos dans ma bouche s'assimile peu ou prou à un tissu de vaticinations en roue libre (sous la figure d'une entourloupe dialectico-rhétorique déjà éprouvée avec brio: "comment, moi Borges, je lis les grands philosophes, et quand il s'agit de vous lire, vous, Jerzy, votre... hum, "prose", je suis à côté de la plaque, je manquerais de finesse?) se livre à ses petits découpages onctueux, délicats et virtuoses, transforme l'essai et marque le coup. De la main. Car y a main et personne n'a rien vu passer.

Grattant l'os de la bête jusqu'à y trouver la nécessaire trace honteuse et inepte d'un crypto-fascisme-racialiste aussi bête qu'alarmant (cette phrase, ô mes amis, j'ai autant de mal à la penser, voyez vous, que " les Juifs, les esclaves, les Arabes, les Noirs, les femmes... les handicapés... ne sont pas humains," même si on atténue par un "quasi" – vous comprendrez aisément que je n'ai pas rigolé).

Tour de passe-passe aussi virtuose qu'éblouissant, reposant sur un postulat simple mais efficace: prendre les gens, et moi en particulier, pour des imbéciles – car enfin, est-il possible d'être aussi bête, aussi âne bâté, je vous le demande, mes amis, je vous prends à témoin, vous l'avez lu, comme moi, et comme moi vous vous dites, non c'est pas pensable, quel genre de vie faut-il mener pour oser, fut-ce par impossible, par absurde, fut-ce pour rigoler, énoncer pareille ineptie? Il faut, mes amis, ne pas être philosophe, il faut penser "animal" quand on dit le mot "bête"; il faut n'aimer ni les bêtes ni les hommes et ravaler les seconds au rang des premiers tout en méprisant les premiers, il faut en somme être stupide et ne pas être rigolo. Il faut, nous les spectres, ne pas rigoler de ce qui n'est pas rigolable, et je le dis non sans peine, non sans tristesse, justifiant par là, in fine, le holà éthique du gardien de la loi faisant barrage d'un vigilant et redoutable "vous ne passerez pas". Et moi, vous me connaissez, je ne laisse rien passer.
Il est donc inutile de préciser qu'il s'agissait ici de ce qu'on nomme bêtise humaine, que ça existe, que ça n'a rien à voir avec le thème de "l'animalité", qu'aucun philosophe n'a jamais prononcé le mot "bêtise", que Borges plus que tout autre, surtout, n'a jamais accusé quiconque d'être "bête" ni postulé qu'il le soit effectivement, et que l'humaine bêtise n'est un phénomène ni naturel ni congénital ni physiologique ni d'anthropologie naturelle, mais l'effet d'un refus actif de la réflexivité, jusque dans sa passivité la plus profonde, ce que Sartre nomme la "mauvaise foi", une obturation volontaire qui implique donc de part en part sa conscience, sa liberté et sa responsabilité, et dont il doit pouvoir rendre compte à tout moment réflexivement, mais justement il ne le veut pas car l'humaine bêtise "est" précisément un refus de cette réflexivité, un appel à l'inertie, à l'en soi-pour soi, voué à l'échec, et non point réalisé: la réflexivité dans ces termes étant impossiblement inexistante et non logiquement impossible comme on parlerait d'un cercle carré.
Il est inutile de le rappeler, cela, car seuls les crétins qui prennent les idiots pour des imbéciles soutiendraient le contraire dans le but réfléchi d'en persuader des ahuris avec une mauvaise foi aussi maligne qu'inavouable, et on appelle ça des salauds, et on est tous le salaud d'un autre; et qui veut noyer son salaud l'accuse de la rage, ou de fascisme, ou de pouvoir-ayant-été un collabo, ou de tenir des propos dénués de sens, pour protéger des idiots ambitieux "pénétrés du sentiment de leur noble profondeur" (c'était la phrase entière et non troncaturée, possiblement vrai), qui protègent en retour la sainteté du comédien et martyr.

Bricolant ainsi, de toutes pièces, pour les besoins d'une démonstration ad-hoc, un contexte sémantique totalement farfelu, totalement extérieur à l'horizon de mon propos, mais totalement en adéquation avec l'âpre lutte éthico-politique formant un foyer de préoccupation commune de nous les spectres, et dans lequel ce bout de phrase se doit d'être intégralement et nécessairement intégré, relu, interprété et dépiauté au rayon laser, mes z'amès, avec des conséquences aussi funestes que terrifiantes pour la définition de l'humour.

Improvisant donc avec maestria cette leçon d'histoire de la philosophie qu'il nous offre en toute rigueur, en même temps qu'une jubilante disputatio logique digne de Buridan, et qui ne souffre évidemment aucune critique.
Elle lui permet juste de re-signifier à son petit public transi d'admiration spéculaire ou spéculative que c'est lui le Maître des Significations. Rendons à César, bien sûr, car César ne rigole jamais quand il s'agit de rappeler qu'il est César - mais elle est donc totalement, irrémédiablement, subtilement et malhonnêtement à côté... de son objet, en l'occurrence (on ne parlera pas de "plaque", nous savons que Caesar-imperator a une sainte phobie des "plaques", c'est comme pour le mot "zouave" sur Tryphon Tournesol). Tout en confirmant hélas mon point de vue assez pessimiste sur la "nature humaine", comme disent les réactionnaires droitistes, et régulièrement énoncé: de la rivalité mimétique point ne sortons, et certainement pas dans le champ de la maitrise du philosophème, ou l'agonistique maitre-esclave semble plus que jamais de mise, houlà, et pour quelle souveraineté, pour quel avantage, bénéfice, pour quelle jouissance - éphémère bien entendu? Oh, je sais bien, c'est pas grand-chose mais ça fait du bien, comme disait Raymond Carver.
C'est drôle et triste à la fois. Tous les coups sont permis, mes z'amis. Et avec Borges le rhéteur, ça rigole pas. Sur ce plan-là, je le confesse, c'est bien un maître-stratège en killage; il a une très nette longueur d'avance, et moi, âne bâté, je reste sur place, cloué, sidéré, pantois, admiratif. Mazêêtte ma mère comment k'il a renversééé lé bidile à son avantââge oy oy oy ji ti jure c'est mâgik ji ti dis c'est mââ-gèk moi ji mange mon chapôô jtijire qui ji mange mon chapôô, non, c'est tôôt, rien à dèère, hé m'a nèké c'est tôt.

Au delà de la gomme et en deçà de la théologie lévinassienne…


Merci de donner droit d'asile à ce droit de réponse, tout en vous remerciant. Bonne continuation dans la prise de Constantinople par le signifiant maître et pour des exercices pédagogiques aussi intéressants qu'édifiants; bon amusement surtout, et bonne vie, cela va sans dire, puisque c'est déjà dit.

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Message par Borges Dim 29 Nov 2009 - 11:52

renvoyant à un élément de discussion tenu autour de l'éthique lévinassienne. La critique par Derrida, dans Violence et métaphysique, était mentionnée, comme mettant en question l'Autrement qu'être: à vouloir s'affranchir de l'ontologie, de l'horizon de la question de l'être, par une sortie "hors de" ou "au delà" des limites de la métaphysique (ce que le retour à l'être spécifique à Heidegger se proposait justement de tenter: déconstruire ou destituer l'onto-théologie de la Substance), Lévinas ne courait-il pas le risque, mécomprenant Heidegger, de retomber dans des catégories de cette métaphysique dont il souhaitait sortir, substantialisant l'Autre comme une vieille catégorie métaphysique platonicienne faisant retour? Démonstration brillante, typique du Derrida de la grande époque, etc.

Il n'est à aucun moment question de ça dans "Violence et métaphysique" et je peux le montrer de long en large. Il suffit de le lire et relire, pour le voir...

Le reste est du même ordre.
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Message par Invité Dim 29 Nov 2009 - 12:42

Borges a écrit:
renvoyant à un élément de discussion tenu autour de l'éthique lévinassienne. La critique par Derrida, dans Violence et métaphysique, était mentionnée, comme mettant en question l'Autrement qu'être: à vouloir s'affranchir de l'ontologie, de l'horizon de la question de l'être, par une sortie "hors de" ou "au delà" des limites de la métaphysique (ce que le retour à l'être spécifique à Heidegger se proposait justement de tenter: déconstruire ou destituer l'onto-théologie de la Substance), Lévinas ne courait-il pas le risque, mécomprenant Heidegger, de retomber dans des catégories de cette métaphysique dont il souhaitait sortir, substantialisant l'Autre comme une vieille catégorie métaphysique platonicienne faisant retour? Démonstration brillante, typique du Derrida de la grande époque, etc.

Il n'est à aucun moment question de ça dans "Violence et métaphysique" et je peux le montrer de long en large. Il suffit de le lire et relire, pour le voir...

Le reste est du même ordre.

balaise quand même... vous faites la tournée des marchés avec votre numéro?

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Message par Borges Dim 29 Nov 2009 - 13:30

renvoyant à un élément de discussion tenu autour de l'éthique lévinassienne. La critique par Derrida, dans Violence et métaphysique, était mentionnée, comme mettant en question l'Autrement qu'être: à vouloir s'affranchir de l'ontologie, de l'horizon de la question de l'être, par une sortie "hors de" ou "au delà" des limites de la métaphysique (ce que le retour à l'être spécifique à Heidegger se proposait justement de tenter: déconstruire ou destituer l'onto-théologie de la Substance), Lévinas ne courait-il pas le risque, mécomprenant Heidegger, de retomber dans des catégories de cette métaphysique dont il souhaitait sortir, substantialisant l'Autre comme une vieille catégorie métaphysique platonicienne faisant retour? Démonstration brillante, typique du Derrida de la grande époque, etc.


Ce manque de sérieux est tout de même assez fascinant.


Il n'est à aucun moment question de ça dans "Violence et métaphysique" et je peux le montrer de long en large. Il suffit de le lire et relire, pour le voir...

Bon quelques exemples :

-L’allusion à Autrement qu’être est assez ennuyeuse, il n’en est pas question dans « violence et métaphysique », ça vient après…(j’espère ne pas me tromper ; mais on peut vérifier ; c’est une question de date) ; oui, je me doute que ce n’est qu’une allusion qui permet de penser le désir de la pensée de Levinas (je dis ça pour ceux qui ne sont pas spécialistes de sa pensée, et qui pourraient aller raconter partout que Derrida critique « Autrement qu’être » dans « violence et métaphysique » ) ; pour les autres, cette expression risque de masquer ce qui sépare « totalité et infini », de « autrement qu’être…" Par exemple, toute la thématique de l'otage...

-Levinas ne cherche pas à dépasser, à s'affranchir, à sortir de la métaphysique, à lui échapper, à la déborder, ou je ne sais pas quoi, mais à lui rendre sa dignité, à la repenser depuis l’éthique, comme éthique ; autrement dit « métaphysique » est chez lui un terme positif ; il sépare ontologie et métaphysique (autrement dit) et tente de repenser la métaphysique, depuis la transcendance de l’autre, ouvrant elle-même à l’infini… Il suffit en fait de lire le titre de l’article « violence et métaphysique », la violence c’est l’ontologie (raison, le théorétique, le neutre, totalité, Même… la pensée occidentale-grecque en générale avec quelques exceptions, dans certains textes : l'Idée du Bien, chez Platon, celle de l'infini chez Descartes... ), la métaphysique c’est la sortie de cette ontologie ; le titre lui-même rejoue celui de Levinas : « totalité et infini »… la totalité étant la violence, l’infini la métaphysique.




l'onto-théologie de la Substance :

bon, j'en connais qui se disent, oh, mon dieu, comme c'est fort : hélas, l'onto-théologie de la substance, c'est aussi malin que l'onto-théologie de la sandale ou de machine à coudre... C'est quoi l'onto-théologie, très simplement? C'est le fait d'interpréter l'être (en général, comme présence) et de transformer ce sens en un étant suprême : Dieu, par exemple (Dieu est l'être), l'Idée chez Platon...(l'Idée c'est l'Etre), quand un type dit "Dieu c'est l'être suprême" il fait de l'onto-théologie... cette confusion entre la théologie et l'ontologie... évidemment a une histoire...


Le reste est du même ordre; je ne peux redire qu'une chose, pour savoir ce qui est dit, vraiment dire, pour pouvoir ensuite discuter, interpréter, il faut lire le texte...on ne peut pas s'en sortir autrement.



Je sais c'est pas ce que tu veux dire, je suis myope, mais moi je sais ce que je veux dire :

Quand on se veut sérieux, il faut être précis. Autrement dit, il ne faut pas tout mélanger ; et se contenter de quelques généralités… Je dis aussi : il faut être simple, ne pas chercher à faire illusion avec de grands mots, surtout si on les utilises de la manière la plus désinvolte qui soit...




De temps en temps je vais prendre quelques passages de ce texte tellement curieux.





Dernière édition par Borges le Lun 30 Nov 2009 - 12:27, édité 2 fois
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Message par Borges Dim 29 Nov 2009 - 13:32

breaker, quand les choses sont sérieuses, tu te mets sur le côté et tu me regardes simplifier les choses.

Merci.
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Message par Borges Dim 29 Nov 2009 - 13:59

s'affranchit-on aussi aisément de l'ontologie en posant autrui comme constitutif de l'éthique;

C'est la chose la plus facile au monde (et la plus difficile dans certaines circonstances extrêmes) il me suffit d'aider une vieille dame à traverser et je suis hors de l'ontologie, et dans l'éthique; il suffit de dire "bonjour"... de dire "après vous". S'arracher le pain de la bouche dit Lévinas, pour le donner à un autre, voilà, et je suis au-delà du même ...ce sont des gestes ordinaires, quotidiens, qui dépassent l'ontologie (conatus; je suis ma propre fin), ce sont ces gestes, la relation sociale, qui est métaphysique..


Sortir de l'ontologie, c'est juste ça : "après vous"


Une fois de plus, être simple.

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Message par Borges Dim 29 Nov 2009 - 14:13

Il est donc inutile de préciser qu'il s'agissait ici de ce qu'on nomme bêtise humaine, que ça existe, que ça n'a rien à voir avec le thème de "l'animalité", qu'aucun philosophe n'a jamais prononcé le mot "bêtise", que Borges plus que tout autre, surtout, n'a jamais accusé quiconque d'être "bête" ni postulé qu'il le soit effectivement, et que l'humaine bêtise n'est un phénomène ni naturel ni congénital ni physiologique ni d'anthropologie naturelle, mais l'effet d'un refus actif de la réflexivité, jusque dans sa passivité la plus profonde, ce que Sartre nomme la "mauvaise foi", une obturation volontaire qui implique donc de part en part sa conscience, sa liberté et sa responsabilité, et dont il doit pouvoir rendre compte à tout moment réflexivement, mais justement il ne le veut pas car l'humaine bêtise "est" précisément un refus de cette réflexivité, un appel à l'inertie, à l'en soi-pour soi, voué à l'échec, et non point réalisé: la réflexivité dans ces termes étant impossiblement inexistante et non logiquement impossible comme on parlerait d'un cercle carré.

Ce passage est aussi assez intéressant.
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