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Woodstock, le Vietnam et les grandes oreilles de Mickey

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Borges
Eyquem
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Woodstock, le Vietnam et les grandes oreilles de Mickey - Page 2 Empty Re: Woodstock, le Vietnam et les grandes oreilles de Mickey

Message par Borges Lun 12 Oct 2009 - 11:31

beau texte Eyquem; même si je vois pas le film comme toi; toute cette histoire de naufragés de l'histoire...je vois pas trop, ou alors, il faut élargir ; c'est la manière ordinaire dont on représente l'Histoire à Hollywood, ou chez Rohmer (toujours la grande histoire depuis les petites histoires des gens ordinaires; même lors de la guerre des mondes ce qui importe c'est le divorce, et la garde des enfants, et ramener les gosses à temps; et dans Cloverfield, tout le truc c'est de sauver la copine; on peut penser à Jivago, et des tas de films; opposer ça, à un Eisenstein, par exemple);


le film a plutôt une résonance péplum, une histoire de conversion, comment un individu change de vie au contact d'une certaine forme de transcendance; la famille du jeune homme éclate; le père dit au fils, je suis vivant, je ne veux rien de plus pour toi que cela, que tu vives; dans les Évangiles, la venue de Jésus fait aussi exploser les familles, on passe de l'ancienne à la nouvelle loi; et cela marche encore mieux, ici, puisque la famille du jeune homme, avec la mère (castratrice) est juive; elle vit presque dans le culte du veau d'or; on ne parle pas assez de l'argent dans ce film, de son rôle pervers; dans la famille, mais aussi tout autour ; c’est l’ argent qui pourrit tout (exemplaire la vente d’une bouteille d’eau à un dollar, à l’un de ces pauvres kids, dont l’idéalisme est exploité par une société spectaculaire et marchande) ; le gars sur son cheval blanc s'en va, en disant que maintenant vont commencer les luttes pour le fric; question, du libre et du gratuit..... )

Histoire et histoire


faut voir comment le film psychédélise les images "noir et blanc" de la télé; t'en parle sans en parler...

-la lune
-le Vietnam
-le conflit du moyen orient (comme on dit)


tu oublies les Indiens, les peaux rouges ; je veux dire ; à qui ces gosses sympa s’identifient…

l’Orient
comment le fils après son expérience acide et à trois revient habillé ;
voyage dans le temps, vers une certaine forme d’origine, vers l’Orient, l’Asie…mythique, originaire…

les absences de l’Histoire ;
et Ang Lee ne parle pas des luttes civiques, des Noirs, on ne voit qu'un Noir dans le film si je me souviens; le film se termine par l'annonce du festival d'Altamont, où les stones chantent le diable, alors qu'un jeune Noir se fait tuer par des Anges venus de l'enfer; tout le film en fait obéit à cette structure, à ce mouvement de dégradation, la transformation du rêve en boue; voit comment se transforme le jeune homme angélique, au cheveux bouclés, etc... il arrive en hélico, et s'en va sur un cheval blanc, à la fois beau, et vicieux, je sais pas, quelque chose d'un peu pervers dans son sourire; devant les images à la télé de ces tas de gosses, la mère parle de quelque chose de diabolique....(elle est pas seulement tarée;elle voit loin)



on parle de panthéisme, c'est vrai; mais le film est aussi très judéo-chrétien, la colline, la scène, c'est naturellement celle de Jésus et Moïse; le jeune gars qui va vers la scène trois fois, et trois n'y arrive pas; ça ressemble très fort à une parabole biblique...

etc.
tout cela au fond, je le redis, c’est du cliché ; des images d’images, dans les deux sens du mot ; tout ce que vous savez de Woodstock, sans rien en savoir ;

Il serait intéressant de voir comment Ang Lee retravaille le documentaire de Wadleigh…
Qui montrait déjà tout ce que montre Ang lee, sans les mémoires du jeune gars ; vous ne trouvez pas qu’il ressemble assez fort à Dustin H, jeune?



Woodstock, c'est le contrechamp, comme on dit quand on veut faire très malin, de "District 9" : histoire d'une arrivée, et d'un départ; à la fin un tas d'ordures; la mauvaise transformation et la bonne, le mauvais autre et le bon; d'une part, des fleurs qui se changent en boue, détritus, de l'autre, une horrible créature, qui sur un tas d'ordure "fabrique" des fleurs...

Les fleurs du mal

dans le double sens du mot

les fleurs qui naissent du mal,
le mal qui naît des fleurs
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Message par Borges Lun 12 Oct 2009 - 15:08

Chaque personnage se fait son film, si bien que du vrai Woodstock, on ne voit rien pour ainsi dire, en tout cas pas grand-chose. On finit par ne plus trop savoir où l’on est, à Bethel, au Vietnam, ou dans une galaxie voisine parce que ce que l’on voit, ce n’est jamais seulement ce qu’on nous montre (Woodstock et la joyeuse parade des hippies).
Ce que l’on voit, c’est en même temps ce qui se cache derrière : le Vietnam, ou de plus anciens cauchemars, que l’on ne voit jamais plein écran, mais que l’on devine derrière ces hélicoptères de l’armée, ces marécages, ou ce gigantesque embouteillage, totalement chaotique – on le devine malgré ce que le film peut avoir de lénifiant par ailleurs et que Borges assimile à une pub pour Coca.

ce qui se cache? à qui, pour qui...?

tu ne vas tout de même pas sombrer dans ces lieux communs, non? c'est un peu ce que raconte le mec d'independencia...
qu'est-ce qui empêche de voir tout ça? on devine, tu dis; mais tout le monde avait ça en tête, c'était un truc contre la guerre aussi, y avait des tas de morceaux qui en parlaient, sans oublier Hendrix, transformant l'hymne us en bombardement....
les images de la guerre, du vietnam, c'était la vie ordinaire sur le petit écran, à l'époque; non? C'est pas comme si Ang lee, nous dévoilait quelque chose, tout de même....


la question est : où sont les corps vietnamiens? car une fois de plus toute "la souffrance" passe par les corps us; le pauvre soldat, toujours aussi traumatisé, qui a vu ses potes mourir, sans jambes, sans oublier, de l'autre guerre encore plus lointaine, où cet autre pauvre gars a vu son copain tué par un sniper...

soyons sérieux...

plus intéressant,

on écoutait Hendrix au vietnam, on faisait son woodstock, comme le montre Coppola, ici, c'est un renversement (mais pas une invention de Lee, tout cela c'était déjà dans le documentaire), la guerre dans la musique, mais sans la musique :


ce fameux contrechamp : le voilà, par Hendrix, en musique :







dans ce film usien, ce qui se cache réellement, c'est les guerres actuelles;
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Message par Borges Lun 12 Oct 2009 - 15:22

Eyquem a écrit:
De l’autre, des hippies qui se promènent tout nus, prennent de la drogue, et revisitent les classiques du répertoire théâtral dans des mises en scène assez grotesques, par leur paganisme régressif.

il serait intéressant de s'intéresser à la pièce citée, "les 3 soeurs" de Tchekhov, elle permet de penser des choses du film, et aussi aux quelques mots-manifeste que le chef de la troupe dit avant la représentation....

renversement de la scène et du public : vous jugez, nous jugeons; renversement... décence, indécence... etc.

tchekhov; on connaît ses thèmes, des vies ordinaires (petites bourgeoises, petites, et émouvantes, et pas si bourgeoises) qui se ratent, loin de l'idéal, des rêves... qu'elles poursuivent, et ne peuvent atteindre...

les trois soeurs, c'est la Russie (d'avant le communisme); c'est de Russie que vient la mère ; la pièce au fond raconte l'histoire du film, avec un subtil renversement;


Olga, Masha et Irina, trois jeunes soeurs cultivées, vivent avec leur frère dans une ville provinciale où elles s'ennuient. Après la mort de leur père, elles rêvent de retourner à Moscou, ville de leur enfance heureuse afin de fuir le train-train assommant de la vie de province. Avec l'arrivée soudaine d'un régiment militaire, les soeurs reprennent goût à la vie. Ce ne sera que pour une courte durée: les militaires doivent bientôt quitter la ville, laissant les trois soeurs à leur solitude et leur destin.


c'est le film.
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Message par Borges Lun 12 Oct 2009 - 15:24

quoi du théâtre chez Ang lee, et de la politique; quoi de leur lien; c'était aussi l'une des questions de lust caution ?
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Message par Borges Lun 12 Oct 2009 - 15:33

j'y pense, la disparition de la scène, mais aussi de la musique, vient certainement aussi de cette volonté de faire des spectateurs eux-mêmes le spectacle; mais c'était déjà dans le film-documentaire...l'art dans la vie, la vie dans l'art; pensons encore au manifeste du chef de la petite troupe; le seul, à n'avoir pas le corps conforme au rêve imaginaire, visuel du film, avec les vieux; idéologiquement, ce sont les attardés de la campagne...qui en sont exclus; racisme, etc...


que se passe-t-il lors de la petite représentation théâtrale?

le public monte sur scène, et les personnages-acteurs, en sautent

tout cela à poil


refus du cadre, en terme de peinture

performance :


Faisant état de l’existence d’un au-delà du cadre, Greenberg trace, à son insu, l’une des lignes directrices de la performance, qui est la transgression de la limite constitutive du tableau. Transgression physique, mais aussi sémiotique — Louis Marin nous rappelant à juste titre que le cadre « est une des conditions de possibilité de la contemplation du tableau, de sa lecture et, par là, de son interprétation. […] Le cadrage du tableau est donc la condition sémiotique de sa visibilité, mais aussi de sa lisibilité […]. Le cadre n’est pas une instance passive de l’icône : il est, dans l’interaction pragmatique du spectateur et de la représentation, un des opérateurs de la constitution du tableau comme objet visible dont toute la finalité est d’être vu [2] ». Or — et là réside l’une de ses particularités — la performance ne saurait se réduire à sa part de visibilité ou, pour utiliser une notion chère aux modernistes, à son opticalité. Et c’est justement chez Jackson Pollock que l’implosion de cette opticalité va se manifester. Pas tant dans la figure de style qu’est la all-over, même si celle-ci, nous rappelle Greenberg, y contribue, que dans l’acte pictural en tant que tel, dont la part de rite et de chorégraphie éclate au grand jour dans une série de photographies publiées par Alexei Brodovitch dans la revue Portfolio en 1951. Prises par Hans Namuth dans l’atelier du peintre de East Hampton en juillet 1950, ces photographies ainsi que le film qui en forme le complément (projeté en 1951 au MoMa de New York) se démarquent du genre, parfaitement codifié, qu’est le portrait d’artiste dans son atelier, pour nous donner à voir un Pollock en plein processus créatif, giclant sa peinture sur la toile étalée au sol tout en accomplissant des pas de « danse » aussi sauvage que maîtrisée, qui en dit long sur l’implication de son corps dans l’élaboration d’un « tableau » qui ne constitue, finalement, que l’ultime trace d’une action beaucoup plus étendue. C’est dire à quel point Harold Rosenberg, critique et rival de Greenberg, fait preuve de lucidité, en insistant sur le fait que l’élément prédominant dans le terme de action painting — terme plus limitatif servant d’alternative à celui d’expressionnisme abstrait — est celui, touchant à la temporalité proscrite par les modernistes, de l’action. « Pour chaque peintre américain, écrit Rosenberg en 1952, il arriva un moment où la toile lui apparut comme une arène offerte à son action — plutôt qu’un espace où reproduire, recréer, analyser ou “exprimer” un objet réel ou imaginaire. Ce qui devait passer sur la toile n’était pas une image, mais un fait, une action [3]. »


Il est rétrospectivement évident que les reportages de Namuth — celui de 1950 n’est que le premier d’une longue série — conjugués à l’essai de Rosenberg ont contribué à redistribuer les cartes auprès d’une jeune génération d’artistes américains qui découvre simultanément, à travers la publication d’une anthologie due au peintre Robert Motherwell, le mouvement dadaïste. Soit une constellation de faits et d’événements qui va trouver son prolongement dans les bouleversements que subissent les milieux musicaux qui sont, en définitive, à l’origine de l’un des innombrables récits de la performance. C’est en effet en août 1952 que le pianiste David Tudor donne au Maverick Hall de New York une performance des 4’33’’ du compositeur John Cage : Opus (qui, rappelons-le, se résume à un silence de quatre minutes trente-trois secondes que l’interprète inaugure en ouvrant le piano, puis clôt en le refermant). Le lien qui unit pianiste et public se trouve dès lors inversé, les bruits émanant de l’« audience » remplissant cet impossible silence, tout en donnant à l’œuvre une substance, fût-elle aléatoire, qui échappe au contrôle de l’« interprète », dont la présence, « passive », est pourtant indispensable. Le même été, mais au Black Mountain College (haut lieu du renouveau pédagogique artistique américain), John Cage organise ce qui constitue notoirement le premier event, à savoir une performance pluridisciplinaire convoquant, entre autres, le plasticien Robert Rauschenberg, le pianiste des 4’33’’, David Tudor, et le chorégraphe et danseur Merce Cunningham, qui superposent à leur pratique respective lecture de poèmes, projection de films et de diapositives, le tout sous les yeux d’un public invité à participer.



Au delà du cadre
L’art de la Performance
Erik Verhagen


absence de musique, de la scène,...

Ang lee, nous refait le coup de ces 4’33’’ de john cage...mais il fait aussi disparaître la scène, les musiciens, les instruments; notons ce que raconte la fille (lors de l'expérience acide) au héros Elliot, tous ces musiciens, qui se prennent pour des dieux, si petit, si loin, qu'on entend pas, ne voit pas, des néant dans l'immensité de l'univers....


quoi de woodstock et de la lune

j'en parlerai;





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Message par Eyquem Mer 14 Oct 2009 - 12:48

Borges a écrit:ce qui se cache? à qui, pour qui...?
(...)
les images de la guerre, du vietnam, c'était la vie ordinaire sur le petit écran, à l'époque; non? C'est pas comme si Ang lee, nous dévoilait quelque chose, tout de même....
Soit : "caché derrière" est un peu théâtral.
L'idée, c'est juste que les images n'adhèrent jamais totalement à ce qu'elles montrent. Ang Lee filme Woodstock, mais il a la tête ailleurs - et il n'a pas l'esprit particulièrement à la fête.

Ce qui rejoint ce que tu disais : il ne filme pas le concert mais les marges. Il filme le surgissement de la jeunesse, ce qu’il pouvait y avoir de grisant, de libérateur, dans ce réveil des années 60, mais il est aussi attentif à l’intendance, comme on dit, aux transactions financières, aux tentatives de récupération mafieuse, à la participation de l'US Army (que signalait JM au début) :
Richie Havens ouvrit le festival à la place du groupe Sweetwater, bloqué dans la circulation ; les artistes qui ne pouvaient accéder au site y furent finalement amenés en hélicoptère de l'US Army. Ceux-ci furent également utilisés pour pourvoir aux besoins de la foule en eau, nourriture et médicaments.

(Wikipédia)
Le « héros » n'est jamais au rendez-vous, c’est un peu l’homme qui n’était pas là. Il pourrait pas dire « « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l’histoire du monde, et vous pourrez dire : j’y étais », comme Goethe. Il rate toujours le concert, soit parce qu'il est tellement "déchiré" qu'il voit des amas stellaires, qu'il entend des fourmis qui se prennent pour des dieux ; soit parce qu'il arrive trop tard et qu'il ne reste de la fête qu'un champ boueux.

(entre parenthèses, la version qu’Elliot Tiber donne dans ses mémoires est contestée par Michael Lang : d’après Tiber, c’est lui-même qui aurait conduit les organisateurs auprès du propriétaire du pré, Max Yasgur, alors que selon Lang, Tiber s’est contenté de lui conseiller un agent immobilier.

The next day, Lang got a call from Elliot Tiber, whose parents owned a rundown motel in White Lake in Sullivan County, offering use of the property. When Lang took a look and discovered the site was a swamp, he said Tiber suggested a local real estate salesman might find someplace suitable. The salesman drove Lang - without Tiber - by Max Yasgur's spread, Lang met the dairy farmer and arranged to lease some of his property. The amount paid remains in dispute. Sam Yasgur, Max's son, agrees with Lang's version.

Tiber claims he called Yasgur, arranged a meeting and went along to facilitate. Tiber's account became "Taking Woodstock," a book that is the basis for the Ang Lee movie that opens this month.

http://www.newsday.com/long-island/nassau/road-to-woodstock-runs-through-sunken-meadow-1.1357820
Bref, il se pourrait que le mec Tiber joue un peu des coudes pour être sur la photo souvenir et qu’il ait été encore moins là qu’il ne dit…)

(et autre parenthèse : j'ai une pensée aussi pour les 420 000 personnes qui sont parties le dimanche, à cause de la pluie, et qui ont raté Jimi Hendrix : est-ce qu'elles disaient ensuite, qu'elles y avaient été, à Woodstock ?)


Dans la scène du trip, il faut aussi écouter le commentaire off de la chanson d'Arthur Lee, "The red telephone" :
Sitting on a hillside
Watching all the people die
I'll feel much better on the other side
...
Life goes on here
Day after day
I don't know if I am living or if i'm
Supposed to be
Sometimes my life is so eerie
...
Sometimes I deal with numbers
And if you wanna count me
Count me out

http://hypem.com/search/red%20telephone%20love/1/
Ce n'est pas exactement l'euphorie cosmico-chaosmotique promise par les images

C'est autant de choses qu'on peut reprocher au film, ce qui en fait la mollesse consensuelle. On ne sait pas trop où Ang Lee se situe – ou plutôt, si : à 40 ans de distance, et sans trop d’illusions, voilà où il se situe. Woodstock n’est pas actualisé, filmé au présent : il est mémorisé, c’est le film du quarantenaire, on sent la commande opportuniste à l’origine du projet : c’est le souvenir de Woodstock, pas Woodstock aujourd’hui.

Ang Lee fait dans le mélo, et ce qui l’intéresse, c’est sans doute de filmer le bonheur, la jeunesse, comme ce qui est toujours déjà perdu – dont seul le mélo sauve quelque chose.
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Message par Borges Mer 14 Oct 2009 - 13:21

T'es bien trop sympa avec Ang Lee.


Wink

non?



"la mollesse consensuelle"

il faudrait peut-être plutôt utiliser ce terme avec Badiou, Rancière, plutôt que dans le sens médiatico-politique :

non?
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Message par adeline Sam 17 Oct 2009 - 0:07

Je copie-colle ici le texte du blog "Une fameuse gorgée de poison"
Non seulement le film est bâclé, inerte, mal écrit, filmé par-dessus la jambe, et joué par des comédiens complètement perdus, mais en plus il a ce fond réactionnaire qu’on trouve souvent dans l’oeuvre d’Ang Lee (Ice Storm en étant l’apogée moralisatrice, avec son châtiment final s’abattant sur les personnages en rut).
Outre la caricature juive complètement dénuée d’humour (la vieille agrippée à son argent, le père soumis, le bon fils), quel plaisir a-t-on à nous montrer un flic casseur de hippies prendre sur sa mobylette le héros homosexuel afin de le conduire plus rapidement au concert ? Quel plaisir, sinon un plaisir réac, à nous dire que les grands bourgeois complètement coupés des réalités terrestres sont à l’origine de Woodstock (la belle affaire…) ?
Certes, il n’y a pas, cette fois-ci, de punition contre les crimes sexuels perpétrés par la horde de jeunes échevelés (il y en avait une dans Brokeback Mountain, et elle n’est pas à considérer autrement que comme une punition – un ressort scénaristique aiguisé qui fait pleurer mémé, qui semble nous dire que l’amour est une utopie, mais qui est surtout une façon de sabrer la joie – à peine esquissée – par incapacité à l’assumer pleinement) – aucune punition dans Hotel Woodstock, si ce n’est la boue, résultat symbolique affligeant de toutes les sodomies perpétrées en ce lieu et en ce temps.
Mais il y a surtout, autour du personnage de la mère, une vraie défaite. De douce folle un peu prisonnière de clichés antisémites minables, elle devient folle irrécupérable, mal-aimable, à jamais figée dans les délires régressifs du scénariste et du réalisateur. Un plan la condamne irrémédiablement. Elle dansait sous la pluie après avoir mangé trop de space-brownies, elle est aussitôt punie : elle rampe sur le parquet, agrippée à sa cagnotte (quelques minutes avant, elle offrait des draps et des serviettes), et c’est la dernière image que nous avons d’elle. C’est un personnage qui s’éteint : où il y aurait pu y avoir intelligence, humour, et un peu d’émotion familialiste, on ne trouve que les grosses ficelles mélodramatiques (même folle, même avare, même conne à en pleurer, son mari l’aime…), et une fermeture du sens qui privent le spectateur de toute liberté.
Aussi ce film, qui s’empare d’un grand et important mouvement contestataire comme si ce n’était qu’un paysage de carte postale folklorique, s’avère être un chromo petit-bourgeois, mou du cul, qu’on croirait destiné aux électeurs de Sarah Palin. Qu’apprend-on sur Woodstock, si ce n’est qu’il y avait du fric en jeu ? L’ange du bon fils juif est une escroquerie : c’est en vérité un regard frustré, contrit, envieux qui nous est imposé en sourdine.
Et puis, ce plan furtif (l’écran est alors divisé en trois cadres différents) sur l’affiche maoïste, qu’est-ce, de la part d’un cinéaste chinois, sinon une perversité pas même assumée ? Ang Lee se tient comme larvé sous son film, et l’impression est pour le moins désagréable.

Il n'a pas du tout aimé, on dirait lol.

adeline

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Message par Le_comte Sam 17 Oct 2009 - 10:11

Oui, concernant la mère juive, il n'y a pas grand chose à ajouter. Pour le reste, par contre... Non pas que le film soit bon, mais il essaie quelque chose après tout, et c'est déjà mieux que rien.

Le_comte

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Message par Borges Sam 17 Oct 2009 - 14:06

Et puis, ce plan furtif (l’écran est alors divisé en trois cadres différents) sur l’affiche maoïste, qu’est-ce, de la part d’un cinéaste chinois, sinon une perversité pas même assumée ?

Je vois pas où est la perversité, une chine n'est pas l'autre; non?
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Message par balthazar claes Ven 23 Oct 2009 - 13:00

Il y avait déjà ces écrans splitttés dans le Hulk, où il apparaissaient plus nettement pour ce qu'ils sont : un vain maniérisme. C'est quand même le film sur les super-héros de loin le plus raté, parce que le plus prétentieux. Et il y a donc ce personnage du père de Hulk, un chevelu bien cradingue (Nick Nolte) qui portait d'énormes rouflaquettes à la grande époque ; et tout le mal vient de lui. Enfin, pas exactement : il y a deux pères, le militaire fasciste père de la petite amie de Banner qui veut capturer Hulk, et le scientifique cinglé, père absent de Banner : deux versions opposées du père infâme, deux versions qui reviennent au même. Qu'est-ce que 1970 ? Un énorme champignon verdâtre et atomique, dont on se souvient dans d'affreux cauchemars ; quelque chose comme le premier jour de la fin du monde.

Pourquoi avoir rendu le père coupable de la transformation de Hulk, contrairement à ce que l'histoire originale racontait ? Et ce père est montré, dans sa mégalomanie et sa paranoïa, comme l'incarnation de l'esprit progressiste d'une époque. Un esprit beaucoup trop libre en somme, dont les actions irresponsables et la soif de découvertes ont pour conséquence la naissance de la bête immonde qui vient se loger dans le corps de Banner. C'est quand même une vision très marquée de la décennie libertaire.

balthazar claes

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Message par Borges Ven 23 Oct 2009 - 13:17

Oui, rappelons la question du fils au père :

-comment as-tu pu vivre 40 ans avec elle (il parle de sa mère)

réponse du père

-parce que je l'aime


(je dis pas que c'est nécessairement réactionnaire, mais c'est un jugement sur les amours libres, et les couples à trois, et partouze, de cette jeunesse hippie; sans parler de l'homosexualité; etc. )


Dans ce film, c'est tout de même la mère le problème; pour le fils; mais c'est aussi une famille juive; donc d'autres clichés.
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Message par Invité Ven 14 Mai 2010 - 9:12

Hello,

Plusieurs choses, des points d'accord (tout le monde s'appelle pas JH et être seulement éclaireur plutôt que suiveur !) et de désaccord avec tout ce qui a déjà été dit avant sur ce film.

Sur la mère, d'abord. J'ai du mal à voir comment on peut suspecter Lee d'être réactionnaire avec la fin qu'il propose. Il s'agit pas vraiment de vanter le cocon familial contre la manière de vivre des hippies. Eventuellement on peut dire qu'il croque les parents comme des gens pas forcément agréables à vivre (surtout la mère), parfois réactionnaires, mais bon justement le fils souhaite échapper à ça et il y parvient (même si avec l'accord du père), et ceci sans rejoindre forcément une vie "conventionnelle", on sait pas trop, même si les préparatifs du mec avant de partir font sourire (je fais ma petite valise pour aller vivre avec mes copains les hippies, faut surtout pas que j'oublie mon slip ou mes chaussettes)...

Je crois que le "malaise" que ressent Eyquem devant le film est essentiellement lié au fils qui semble projeté dans tout ça sans vraiment y comprendre grand-chose. Ceci produit est décalage tout du long entre le personnage (qui n'a jamais vraiment l'air heureux chez ses parents ou avec les hippies en fait) et ce qui l'entoure dont il est à l'origine, un air d'y être mais de pas vraiment y toucher (un peu comme le mec américain de "Dreamers" de Bertolucci, d'ailleurs je crois qu'il a été dit pour les deux personnages qu'il s'agissait plus ou moins d'alter-ego des cinéastes. Si on peut "comprendre" le point de vue de Bertolucci qui a vécu le truc, en revanche on voit mal ce que le point de vue d'AL, à rebours, apporte, surtout si c'est pour qu'on se rende compte à la fin qu'il n'a pas vraiment de point de vue et pas grand-chose à raconter). On oublie presque que le mec est artiste dans son autre vie à NY au bout d'une demie heure de film, par contre il est rabattu sur son côté un peu plouc introverti.

Sur le plan de la "représentation historique" le film est nul, avance avec ses gros sabots, mais on peut pas être étonné, c'était déjà largement le cas avec "Lust & Caution". Les actualités à travers le poste de tv franchement on a déjà vu plus intéressant comme idée. J'ai aussi été choqué par le plan avec le portrait de Mao, pas parce qu'il y a ce plan (qui ne pourrait être qu'un détail dans la grande reconstitution globale), mais parce que c'est Ang Lee, qui est chinois, qui le tourne. Et ce plan est quasiment anodin, comme si (et c'est probablement le cas), AL n'avait absolument rien à nous dire sur la Chine de Mao, comme si il préférait la reconstitution sagement ripolinée de Woodstock quand il est pépère aux USA pour tourner. Il faut mettre ça en perspective avec "Lust & Caution", pourquoi le cinéaste va-t-il en Chine faire un film comme ça ? Très certainement pour faire de la provocation à moindre frais (le cul ça marche toujours bien), là il est bien proche du mec du film qui va organiser le festival dans son patelin en provoquant (quoique ici apparemment inconsciemment) la colère des réacs. AL est inattaquable, il a bien lancé sa "bombe", mais si on étudie le schéma de celle-ci, on se rend compte que c'est du travail de guignol (et surtout que politiquement ça vaut absolument rien).

On retrouve la même facilité misérable dans "Une jeunesse chinoise" de Lou Ye, dans la partie qui se passe à Berlin. Une chinoise expatriée après Tienanmen regarde un cortège de manifestants gauchistes et le cinéaste se regarde les filmer sans savoir quoi en faire alors qu'il y aurait un tas de chose à penser, à proposer (pour qui aurait un minimum d'intérêt pour le montage) mais non, c'est la plus grande inertie qui gagne.

Le transcendantalisme moi je veux bien mais là franchement j'ai pas l'impression du tout que ça soit le sujet du film d'AL. Tout ce qui touche de près ou de loin à cette idée est ramené à quelques clichés éculés : le nudisme, les zolies fleurs avec des zabeilles qui bourdonnent dedans, les bains de boue (qu'il transforme d'ailleurs ici pour la petite histoire en rituel de terroir quand les deux copains d'enfance se roulent dedans parce que c'est "leur" colline)...

Sur l'évocation de l'armée américaine comme ayant participé au truc, je trouve que c'est quand même pas très clair, et surtout je crois que ça pose aucun problème à AL. Si il fout à un endroit un hélicoptère de l'armée qui évacue des "victimes" du truc, c'est parce que, réellement le truc ressemble à un champ de bataille (cf le dernier plan où on voit toute l'étendue du "sinistre" après la fête, la terre retournée, le drapeau américain..). Je pense pas que AL se pose une fois la question de savoir si c'est naturel ou pas que l'armée soit là, il est juste dans son trip de reconstitution. Et puisqu'on parle de reconstitution, la remarque de Borges à propos d'un film d'époque que AL reprendrait pour en faire rien de mieux, ça me fait tout à fait penser à ce que j'ai ressenti devant le "Pollock" de Ed Harris, c'est la même idée. En somme, avant de se lancer dans un film à partir de documents d'époque, il faudrait toujours être sûr qu'on va pouvoir "faire mieux", ou "autre chose", au niveau de ce qui peut passer par les images. Ici AL n'a rien trouvé de mieux à nous refiler qu'un petit mélodrame bien commun, commençant avec des filtres kitch et se terminant dans la boue (c'est comme le gâteau : servez-vous il y en aura pour "tout le monde").

Quel lien avec les apéros Facebook géants d'aujourd'hui ?

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