And the winner is...

Non, désolé, il ne sera pas ici question de la nouvelle Miss France (aussi ravissante soit-elle) !

J'ouvre ce topic pour discuter en long en large et en travers des festivals, compétitions et autres prix ou récompenses. On pourra ici poser la question de la pertinence des choix, de l'utilité de ces prix etc.

Donc, récemment s'est déroulé les European Film Awards qui, loin de constituer un miroir multi-facette de la diversité du cinéma européen, préfère accorder toutes ses récompenses à un seul et même film : Gomorra. A croire que les jurés n'ont vu qu'un seul film cette année.

Comment comprendre l'absence de films tels qu'Hunger, Dernier Maquis, Le Silence de Lorna et bien d'autres encore ? Comment cette cérémonie passée quasi-inaperçue espère-t-elle fait office d'Oscars européens ?

La sélection française comprenait : Entre les murs, Il y a longtemps que je t'aime (Meilleure actrice), Un conte de Noël (Prix d'Excellence) ou encore Bienvenue chez les Ch'tis et Ensemble, c'est tout. C'est triste, non ?

Alors, pas d'inquiétudes, gageons que notre bon vieux festival cannois a encore de beaux jours devant lui...

Largo a écrit:Non, désolé, il ne sera pas ici question de la nouvelle Miss France (aussi ravissante soit-elle) !

Largo a écrit:A croire que les jurés n'ont vu qu'un seul film cette année.

C'est toujours un de plus que moi...

Les Oscars qui sélectionnent "Entre les murs" plutôt que "Les Chtis", c'est étonnant, non ? Cela vient-il du fait que le film a obtenu la palme d'or avec Sean Penn qui n'a pas caché sa grande admiration pour le film ?

Ce que je voudrais bien savoir c'est qui selectionne, comment et selon quels critères ?

Oui, la palme d'Entre les Murs en a fait un candidat idéal...

J'ai trouvé ça :

L'Oscar du meilleur film étranger : les règles changent
Posté par Elfi le 04.07.06 à 11:00 | tags : news, politique
Les critères de sélection pour l'Oscar du meilleur film étranger ont longtemps été pour le moins restrictifs. Par exemple, un film ne peut être nominé s'il n'est pas proposé par son pays d'origine; ainsi ont été écartés de la sélection des films tels que Y tu mamà tambièn d'Alfonso Cuaron, Parle avec elle d'Almodovar, ou encore Carnets de voyage de Walter Salles. Mais après moultes réclammations, certaines de ces règles ont enfin été assouplies. Vendredi, l'Académie a annoncé qu'elle ne refuserait plus les films non majoritairement dans la langue du pays d'origine, motif de discrimination de films tels que Caché. Cette année, l'Oscar du meilleur film en langue étrangère a été attribué à Tsotsi, du réalisateur sud africain Gavin Hood alors que beaucoup auraient préférés le film d'Haneke.

source : fluctuat.fr

Et surtout ça :

http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/albanel/comoscar.htm

Maintenant, tu sais

Vous remarquerez qu'on a échappé à Christophe Baratier et J-M Bigard pour le comité, ce qui n'est déjà pas si mal !

Largo a écrit:
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/albanel/comoscar.htm

C'est là que l'on se dit qu'il doit y avoir quelque chose qui cloche quelque part. D'un côté, on nous annonce un film hérité de la pensée de Rancière, de l'autre, la ministre de la culture et ses larbins (tiens, à propos, je viens d'apercevoir Karmitz à la téloche, chez mon vendeur de Kebabs préféré. A chaque fois que je l'entends, je me pose des tas de questions sur "les films MK2") choisissent ce film pour représenter la France aux Oscars... N'est-ce pas la preuve que ce film continent plusieurs films différents ?

Les European Films awards (un prix européen, comme la langue l'indique...), j'en entends parler une fois chaque année, et chaque fois, je me demande de quoi il s'agit.

Vous avez vu la statuette ?
http://www.europeanfilmacademy.org/
Une femme les mains liées dans le dos.

L'oscar, lui, c'est une armoire à glace, un glaive entre les mains.
Tout un symbole.

Le palmarès est pas emballant : Amélie Poulain, La Vie des Autres, Goodbye Lenin, du Lars Von Trier en veux-tu en voilà. Bon. Qu'est-ce qu'on mange ce soir, à part ça ?


Sinon, il y a le Prix Louis Delluc bientôt :
http://www.afcinema.com/Nominations-pour-le-Prix-Louis,5301.html
Si "Dernier maquis" l'a pas, on fait deux couv' de suite sur le film !

JM :

Les Oscars qui sélectionnent "Entre les murs" plutôt que "Les Chtis", c'est étonnant, non ? Cela vient-il du fait que le film a obtenu la palme d'or avec Sean Penn qui n'a pas caché sa grande admiration pour le film ?

Cette sélection du film français pour Hollywood est toujours intéressante. Enfin, pas pour les pages Cinéma des journaux, mais pour les pages "Diplomatie" : ça donne une bonne idée de l'image officielle que la France veut donner à l'étranger.
"Les Ch'tis", c'est bien, ça marche, mais c'est un genre de "private joke", doit se dire le Ministère. C'est comme l'époisses ou les escargots persillés : c'est bon pour la couleur locale, mais pour ce qui est de l'exporter...

Pour les members of the Academy, "Les Ch'tis", ça doit avoir un goût d'époisses, un côté trop "routard". Ils préfèrent sans doute les films "Ferrero Roche d'or", pour que les soirées de l'ambassadeur soient toujours un succès. Croquants à l'extérieur, creux et moelleux à l'intérieur, et pouvant contenir des traces d'arachide, de fruits à coque et d'idées sur la société.

Cela dit, tout ça n'est pas bon du tout pour le film de Cantet - en voie de formolisation avancée.

Le European Film Award, c'est un film, c'est pas une quirielle de prix comme les Oscars. Ca serait plutôt un prix Delluc européen.

Hollywood adore Les Ch'tis, ils sont en train de faire un remake.

Chaque pays propose leur film, pas les réalisateurs, ensuite c'est l'AMPAS (academie des Oscars) qui est libre d'accepter ou de refuser les candidats.

Eyquem a écrit:Sinon, il y a le Prix Louis Delluc bientôt :
http://www.afcinema.com/Nominations-pour-le-Prix-Louis,5301.html
Si "Dernier maquis" l'a pas, on fait deux couv' de suite sur le film !

Je suis pour !

(Mais ça ne me déplairait pas non plus si le Doillon avait le Delluc... Il en a peut-être plus besoin, là...)

Bon, pour le Delluc, c'est pas "Dernier Maquis", c'est Depardon (pas vu).

Je ne peux pas m'empêcher de faire le lien avec ceci :

YANN MOULIER-BOUTANG : Je crains que quelque chose de terrible n'arrive maintenant, qui est présent dans le discours de Sarkozy, exactement comme dans les années 1930, quand l'Europe a dit : "La terre ne ment pas". Je crains qu'on ait maintenant un retour d'un discours du genre : "Le capitalisme, c'est le travail, c'est la vertu, c'est travailler le dimanche, c'est les gens qui se lèvent tôt." Un gigantesque effet boomerang. Est-ce que la déconsidération totale de la finance ne risque pas d'avoir aussi cet effet ?

Revue internationale des livres, n°8 (entretien avec F.Lordon à propos de la crise financière)

Des amis me disent que le Depardon est très bien, cela dit.
Mais tout de même, les paysans récompensés depuis le Fouquet's, aujourd'hui, par Gilles Jacob, Serge Kaganski, etc, les paysans de Depardon plutôt que les ouvriers de Rabah Ameur-Zaimeche, c'est curieux.

Pour le Depardon, on a parlé de ses forces et de ses faiblesses dans le topic du forum CDC.

C'est vrai que Dernier Maquis est probablement plus abouti et que politiquement, le message envoyé peut sembler discutable (le rapprochement avec ta citation est intéressant). Mais, ma foi, le message n'est pas si évident que ca car La Vie Moderne est accompagné de L'Apprenti, prix du meilleur premier film. D'un côté une élégie funèbre du monde paysan, de l'autre une chronique poétique des premiers pas d'un futur agriculteur.

Ce qui est important dans les deux films, qui est explicite dans le premier et pas dans le second, c'est l'insistance sur la passion pour ce métier (le fameux : "pour faire ce métier, il ne faut pas l'aimer, il faut être passionné" dans La vie moderne). Le jeune apprenti choisit aussi délibérément ce métier parce qu'il aime prendre soin des bêtes, le grand air etc. Sa mère le lui reproche, elle souhaite qu'il reprenne ses études pour "avoir un bon métier, pas être président de la République, mais quand même...".

Donc ces deux films portent aussi sur la recherche de ce qu'il y a d'essentiel pour une vie heureuse. Les personnages privilégient leur passion au culte de l'argent et de la consommation... L'apprenti ne veut pas sacrifier sa vie pour un métier qu'il n'aime pas. L'agriculture qui le prend sous son aile refuse aussi le stress et la tyrannie d'un emploi du temps, de tâches à faire. Il préfère prendre son temps et ce qui doit être fait, sera fait, tôt ou tard. Bref, les valeurs qui sont défendues dans ce film ne sont pas forcément celles qui régissent l'opinion et les discours en ce moment...

Amusant aussi de constater que dans La vie moderne, une des scènes-clefs est celle de l'agonie d'une vache, à laquelle assiste, impuissant et les yeux rouges le vieil agriculteur. En miroir, se reflète celle de L'apprenti qui voit un veau accoucher, avec l'aide duu jeune garçon et de la fille de l'agriculteur. Deux visions, deux générations, deux films qui se complètent fort bien.

Par ailleurs, on a pu souligner dans le forum des CDC les faiblesses du dispositif d'interview à la Depardon. Collardey, lui, fait le choix de la fiction réaliste avec des comédiens non-professionnels. Une méthode et un cadre qui rappelle le cinéma de Dumont (une scène de bar fait penser à Flandres), mais sans le côté taiseux et brut des personnages. Ceux de Collardey sont plus prompts à la vanne, à l'engueulade et aux épanchements.

Rapport à Dernier Maquis, il dit à un moment qu'il veut surtout pas se retrouver à l'usine comme sa mère.

Enfin, il faudrait revenir aussi sur la critique de L'apprenti par Frodon. Il y indique une ou deux pistes pas forcément inintéressantes mais sa conclusion est tout bonnement gerbante. J'ai pas le numéro sous la main, je vous retrouverai la citation. C'est quelque chose comme "Normalement, moi, critique parisien-amateur d'exotisme et de voyages à New-York, la vie d'un jeune paysan de franche-comté, j'en ai rien à taper. Mais alors là ce jeune mec de la Fémis, il me sert de support de réflexion à toutes mes divagations sur la fiction et le documentaire, alors du coup je suis resté jusqu'à la fin ! Merci Monsieur Collardey !"

Hello Largo,

je viens d'entendre l'émission de Ciment sur France Culture, avec Collardey. J'avais vu son court-métrage de fin d'étude à la Femis, Du soleil en hiver, et j'avais été à la fois impressionnée, très impressionnée et je m'en souviens encore très bien, et un peu frustrée, à m'en demander si finalement le film ne se réduisait pas, en partie seulement, à un exercice de funambule, se tenir sur le fil, sur le fil de la frontière. Du coup, on parle beaucoup de "comment c'est fait", la manière de travailler, etc. En fait, j'ai exactement eu la même impression de mal à l'aise que par rapport à Claire Simon : est-ce que tout cela ne serait pas un grand exercice de style finalement?
Il disait dans son entretien qu'il avait voulu filmer le "réel" avec la grosse machinerie de la fiction, caméra 35, éclairage etc. Je pense à ce qu'il s'est passé dans le doc dans les années soixante, où la volonté était justement de se défaire de la machinerie lourde pour aller plus près des gens. Une sorte de chemin inverse finalement... Cela dit, L'apprenti ça a l'air très bien, et du soleil en hiver est indubitablement très présent en moi...

Coucou,

La démarche de Collardey est à mon sens beaucoup plus cohérente que celle de Claire Simon. Disons, qu'elle me parle plus en tout cas. L'utilisation qu'elle faisait des stars, je voyais vraiment pas la pertinence et l'intérêt par rapport au sujet.

Collardey au contraire nous montre ce qui ne peut qu'échapper à Depardon et ses questions pressantes : des moments de complicité, d'engeulades, de solitude, des tranches de vie quotidienne. On ne se pose pas la question de "comment il a fait ?", on ne se sent pas voyeuriste. C'est là qu'il réussit son pari : trouver la bonne distance pour filmer ses personnages sans mettre le spectateur dans une position de voyeuriste sur le mode de la TV réalité sordide.

Il disait dans son entretien qu'il avait voulu filmer le "réel" avec la grosse machinerie de la fiction, caméra 35, éclairage etc.

C'est fort les liens qui se tissent avec La vie moderne, je n'avais même pas pensé à cet aspect que l'on retrouve aussi dans les discours de Depardon sur son film !

Césars, nominations :

Meilleur Film

A l'Origine réalisé par Xavier Giannoli
Le Concert réalisé par Radu Mihaileanu
Les herbes folles réalisé par Alain Resnais
La journée de la jupe réalisé par Jean-Paul Lilienfeld
Rapt réalisé par Lucas Belvaux
Un prophète réalisé par Jacques Audiard
Welcome réalisé par Philippe Lioret

Si c'est ça le meilleur du cinéma français...

Superbe !

pardonj'ai vomi dans ma bouche