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L'Etrange Couleur des Larmes de Ton Corps

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Message par Invité Sam 5 Avr 2014 - 10:46

Comme sans doute Hélène Cattet et Bruno Forzani:
-j'ai été marqué par la séquence de Lost Highway où un couple reçoit une cassette vidéo où quelque chose les survole à 10 cm de hauteur pendant leur sommeil,et cela ne me dérange pas de voir cela répété 30 fois d'affilée
-j'ai été marqué par la fin de the Shooting de Monte Hellman où un mec se poursuit  et se tue lui-même  et suis également prêt à voir un film qui montre cela 30 fois de suite
-J'aime bien les nouvelles de Jacques Sternberg
-j'aime bien la belgitude fantastique de quelques film d'Harry Kümel (mais plus les Lèvres Rouges que Malpertuis qui est assez chiant, alors que malheureusement  le cadre -l'idée d'une maison plus vaste que le dehors dont on ne sort plus- et la fin de "l'Amère Couelur..."  font penser très fort à Malpertuis)
-je sais que la Maison Cauchie et l'Hôtel Solvay (et plus largement tout le quartier Art Nouveau d'Ixelles) se situent à la lisière d'un quartier bourgeois de Bruxelles (le Châtelain) et les boîtes à cul glauques (et visibles seulement la nuit) de l'axe Avenue Louise - Rue de Livourne. Le quartier a deux natures en journée et de nuit et selon la direction (sus-nord ou ouest-est) selon laquelle on le traverse. C'est bien de s'inspirer de cela pour filmer.
Je dois reconnaître qu'il ont du talent pour tenir une caméra, et parviennent parfois à inventer une syntaxe au montage: le film "tient" visuellement, les différents régimes visuels se répondent.  Mais chaque effet de style aurait été vraiment troublant isolé et placé au noyau d'un film classique, là on l'impression de feuilleter une anthologie ou un dictionnaire du trouble, ce qui bien sûr l'annule.

Il y a quand-même des chose intéressantes: l'idée de prendre littéralement - en tant qu' excitant sexuel- l'érotisme des fresques Art Nouveau à la Hodler (on sent alors assez vite que le protagoniste central du film est un enfant dans un corps d'adulte, car un adulte ne répondrait pas à cette sexualité trop immédiate derrière la nudité), et comprendre que cette sexualité représente la femme  offerte et dominée (il y a une phrase d'Adorno sur l'Art Nouveau dans Minima Moralia un peu dans le même sens: le patron souhaiterait habiter la nature, mais ne le peut pas, donc habite le  fer qui a la même forme que la nature). Le film soupçonne assez finement que la cinéphilie de genre s'adresse maintenant à un public sociologiquement assez proche de celui auquel s'adressait il y a un siècle l'art nouveau (l'une recycle le passé, l'autre créait des formes inédites, mais la notion de goût et la mise en scène du gout dans la domesticité comme centres de la vie publique sont identiques). Le bilinguisme (en fait trilinguisme) du film qui articule la réalité belge dans un décalage est heureux (moins l'idée de faire parler le personnage qui devient méchant avec la voix de Darth Vader...)

Mais je me suis un peu "ennuyé", le film est trop visuel, ce qu'il veut raconter passerait mieux en BD.
Il y a une séquence où une femme se fait violer par un carton à chapeau en stop motion, après cela le film subit une grosse chute de tension, on a plus l'impression de visiter une brocante sur le mobilier des années 70-80 (chaînes Hi-Fi, téléphone à cadrans) qu'un giallo où l'arrière-monde d'un fantasme.
La fin est hyper-décevant car elle explique en fait trop avec un Mguffin hyper-orthodoxe,  freudien mais puritain (je ne sais pas si on retrouve cela dans le Giallo original): il ne s'est rien passé, tout a été fantasmé par un adulte qui est resté un gamin terrorisé par le sang menstruel de sa grande sœur (c'est montré comme  le secret derrière la porte de la chambre de Lost Highay). On se doute assez tôt que l'on va toute expliquée avec du psy  et de la puberté: dans ce film les femmes âgées et ménopausée sont les seuls à parler et et avoir des rapports sexuels complets, les jeunes sont des meurtrières silencieuses elles-même tuées (d'ailleurs à la place du propriétaire, qui survit au film, sic, alors que la superbe locatrice se prend une balle pour deux fois rien: on reste bien dans l'appartement de bourgeois bruxellois - la seule séquence réelle et psychologiquement véridique -avec un fond de mélancolie authentique-  du film significativement c'est le rangement de l'appartement). Mais après tout le titre en dit déjà assez long...
En fait l'effroi fonctionne comme une herméneutique, qui aplatit toute chose en l'expliquant et détruit la notion de secret, dont l'objet ne pouvait de toute manière être que corporel.
Ah, il y a bien quelque chose de massacré à la tronçonneuse et décapité de manière irrémédiable dans le film, c'est le solo d'orgue d'In a Gadda Da Vida d'Iron Butterfly et ça c'est horrible.

EDIT
J'ai confondu la maison Cauchie qui se situe à Etterbeek (un peu plus à l'est):
L'Etrange Couleur des Larmes de Ton Corps 180px-Maison_Cauchie_00

Avec l'hôtel Ciamberlani qui est sans doute utilisée pour la double baie vitrée de l'appartement et se situe à côté de la rue de Livourne
L'Etrange Couleur des Larmes de Ton Corps H%C3%B4tel_Ciamberlani_2007

Cest  bien sage à côté de par exemple "Dillinger est Mort" de Ferreri -j'y pense parce que finalement la musique est assez proche dans les de film, mais ce qui était kitsch et étrange chez Ferrari devient un objet familier de nostalgie -le vrai sujet du film c'est l'enfance dans les années 70 dont l’esthétique des films d'horrur d'alors était un jalon finalement rasurant, mais cette horreur en elle-même ne signifie rien- (on a l'impression que le fantastique du Giallo était là pour affadir l'urgence et la poésie tragique du film de départ, et que le processus s'épuise dans ce film ici on navigue dans une ambiances d'architecture d'intérieur)

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