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Alabama Monroe (F. van Groeningen - 2012)

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Message par adeline Lun 2 Sep 2013 - 18:59

Ça faisait longtemps que je n'avais plus vu un vrai mélodrame au cinéma. Un vrai mélo qui vous fait pleurer toute l'eau que vous avez dans le corps, à tel point que vous ne savez plus très bien ce que vous regardez, pourquoi vous le regardez, quelle valeur ça peut avoir en dehors de la vague d'émotion qui vous submerge. Vraie impression de se noyer. Ça arrive rarement, ce genre d'émotion très forte, rarement quand on s'y attend. Par exemple, de tous les mélodrames de Sirk, que j'adore, très peu m'ont fait cet effet-là. J'avais été aplatie par contre par le dernier film de Gus van Sant, Restless. Un petit film, mais qui m'avait laissée complètement démunie. C'est qu'il faut qu'il y soit question de mort et de deuil. Dès lors, ça me terrasse.
Quand je repense à Alabama Monroe, je me rends compte que je ne sais pas très bien quoi en penser, justement. J'ai envie de dire que c'est magnifique, grandiose, de trouver des mots à la hauteur de mon émotion. Mais l'émotion peut-elle être seule guide du jugement ? Est-ce que ça n'était pas rempli d'effets, construit avec de grosses ficelles, la musique à tout va, la petite fille si mignonne et si malade, les flashbacks sur le bonheur passé ? D'accord, lors de la scène de la mort de la gamine à l'hôpital, la séquence est coupée juste avant l'explosion de larmes et le cri du père, on passe directement au cortège funéraire. Mais ça n'est pas de la sobriété. Pourtant, je ne pourrai pas dire du film qu'il est tire-larmes, par exemple. Et les effets de style, l'utilisation si travaillée de la musique ne m'ont jamais donné la sensation d'être en trop ou à côté du film (comme je l’avais senti dans La guerre est déclarée , qui est très proche d'Alabama Monroe, tout en étant exactement son opposé). Dans un mélodrame, l'adhésion doit être totale, sinon ça ne prend pas. Dans La guerre est déclarée les minauderies de mise en scène m'avaient très rapidement énervée et l'émotion ne venait plus. Ici au contraire, étant donnée que la bluegrass ne me rebute pas, ni le néerlandais, ni les tatouages, j'ai été embarquée.

J’ai remarqué, en jetant un rapide coup d’œil à l’accueil critique du film sur allociné, que plus les journaux étaient populaires, plus la critique était positive, moins ils l’étaient, plus elle était négative. À croire que les critiques qui prétendent penser n’ont pas de cœur. Mais je suis la première à n’avoir pas de cœur quand un film me rebute. Mais pourquoi Alabama-Monroe ne me rebute-t-il pas ?

C’est peut-être plus qu’un mélodrame. Ou bien il y a dedans autre chose que le seul mélo. Le cœur du film, ce qui détruit le couple après la mort de la petite fille, ce qui rend impossible la reconstruction, c’est leur différence. Lui ne croit pas en Dieu, ni en rien. Après, dit-il, il n’y a rien. Lorsque la petite Maybelle, déjà malade, ramasse un oiseau mort et veut voire son âme dans une étoile, il arrive à peine à lui donner raison, à lui accorder ce petit espoir de survivance comme luciole. Il est plus rationaliste que rationaliste, athée et tout ce que s’ensuit. Elle, essaye de se raccrocher comme elle le peut à des spiritualités de pacotille, préférant un peut-être quelque chose au grand rien, même si le peut-être quelque chose lui est promis par un vague succédané de religion indienne. Alors, lui cherche des choses responsables, des choses contre lesquelles se dresser. Leur fille n’a pas réussi à survivre à un traitement, encore expérimental, à partir de cellules souches. Et c’est alors contre les interdictions, aux Etats-Unis notamment, de la recherche sur les cellules souches que sa colère se tourne. Que peut la médecine contre la mort ? Et que peut-on chacun contre notre disparition ? Elle ne comprend pas cette colère, ne comprend pas qu’on puisse dire «plus rien».

Même dans une forme débordante d’effets et de trucs, dans une narration affectée, ce genre de chose, ça me détruit et j’en ressors bouleversée.

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Message par CHEVAL Dim 8 Sep 2013 - 0:51

Moi je suis allé voir le film d’abord pour la musique, en fait j’en avais vu un très court extrait, mais je ne savais rien du film et de l’histoire. Je me suis d’abord senti embarqué, mais j’ai très vite déchanté, je me suis senti pris au piège quand même, très fortement. Plus le film avançait, ne démordant plus de sa mécanique mélodramatique : c’est à dire : le cancer de la petite fille et la fin inéluctable (que l’on connaît d’avance parce que tout le film est en flash back), plus je me sentais dans une souricière. Alors ça m’agace parce que j’aurais bien aimé aimer ce film et c’est ce que je me suis dit pendant tout le début, les premiers ¾ d’heure. Mais à un moment quand même, je décroche parce qu’il n’y a plus rien d’autre que la désintégration annoncée et du coup je trouve ça long aussi. En fait je trouve qu’au final ça ne raconte pas grand chose, même si çà m’a raconté quelque chose - très belle scène de fin. Le film est extrêmement bien enrobé, la musique, les acteurs y sont excellents et la mise en scène tout à fait digne et maitrisée. Mais je trouve que ça tourne sévèrement en rond et je trouve aussi que je suis le légume d’une centrifugeuse tire-larmes (pleinement assumée quand même). Et bien évidemment ça marche - qui ne serait pas attendri devant le spectacle d’une petite fille cancéreuse qui perd ses cheveux, pleure pour les oiseaux qui s’éclatent contre la vitre de sa Terranda et qui finit par mourir. C’est tout le problème selon moi. Finalement trop bien huilée pour être vrai cette mésanventure, je me dis. Et je suis plutôt déçu à y réfléchir.

CHEVAL

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Message par adeline Dim 8 Sep 2013 - 10:08

Salut CHEVAL, et welcome Wink

et je pense que tu as raison. Et je pense que tous ceux qui refusent la logique mélodramatique du film ont raison au regard de plein de considérations sur la place laissée au spectateur, la liberté laissée aux personnages dans le scénario, l'acceptation du lâcher-prise et du laisser-aller (toutes choses que ce type de cinéma-là ne connaît pas).

Mais j'ai comme l'impression que je me devais d'être honnête avec mon émotion et que je dois aussi l'accepter et la respecter. J'ai envie de réussir à faire le lien entre une réflexion sur le film qui en critique la logique, les ficelles, les tenants et les aboutissants (en quoi il est condamnable à tous points de vue) et la reconnaissance d'une émotion au moment de la projection qui résulte d'une temporaire acceptation de ce contrat qu'on sait réducteur, enfermant, tire-larmes etc. mais dont on n'est pas non plus forcément dupe. J'aimerais réussir à construire une critique en deux temps, à la fois non critique, qui respecte, dans mon cas, les sensations de la projection, et critique pour démonter les processus qui, politiquement, sont grandement critiquables.

Dans une réponse sur un blog, un certain Valzeur écrit ça : "Je ne demande pas que TLLM soit Alabama Monroe (vu hier, par dépit l'avant-1ère de Tip-Top était complète et/ou VIP) où le cancer d'une enfant est traité à grand coup de postiche en cheveux filasses et maquillage de mort avancé (ce film est d'ailleurs entré directement dans mon top 3 de l'horreur cette année - avec Elysium, désolé Albin...)." Ben je comprends son sentiment mais je n'arrive pas à oublier mon sentiment durant le film.

Et la vraisemblance (quand tu dis "trop bien huilée pour être vraie, cette mésaventure") justement dans le mélo n'a rien à voir à l'histoire, enfin, j'ai l'impression. C'est aussi pour ça que je n'ai jamais refusé le film.

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Message par CHEVAL Lun 9 Sep 2013 - 1:17

Bonjour Adeline et merci ! - smiley sympathique -

J’entends bien ce que tu dis et suis très d’accord aussi, au fond. L’émotion c’est toujours une grande question parce qu’il y a toujours le sentiment de s’être laissé avoir par elle. Alors c’est assez stupide, j’en conviens, parce que le cinéma ne devrait être justement qu’émotion. Et il l’est non ? En grande partie, avec plus ou moins de tact. Le problème c’est que susciter des émotions chez un public, c’est forcement incompatible avec l’idée qu’on se fait d’un film et de ce qu’on en décide. On aime pas se/et dire, « j’ai pleuré » ou « j’ai envie de tuer quelqu’un » - selon le type de film - Bref on aime pas être berné, alors que justement le film est là pour ça.
Donc, donc, se laisser aller : oui. Mais pas à m’importe quel prix.

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Message par Eluent Lun 9 Sep 2013 - 1:49

J'ai trouvé que le film se retenait toutefois, mais je crois que tu l'avais dit Adeline.
Je n'ai pas été écrasé par la tristesse, pas noyé par un torrent de larme, mais ça m'arrive très peu (à ce propos, si tu es écrasée par Alabama Monroe, qu'est-ce qui t'arrive quand tu regardes The Road, Adeline ?, si tu ne l'as pas vu je te conseille d'éviter, je crains qu'on te retrouve en catatonie:).

Du coup j'ai pris ce qu'il y avait à prendre, essentiellement un putain de bande son, merci d'avoir parlé de ce film ici, j'ai pu apprécié de la country-bluegrass. Au début la musique est bien intégrée au film, puis ça devient un peu lourd, les musiciens qui jouent pour la débrancher, qui jouent durant l'enterrement, mmm..
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Message par py Mar 15 Oct 2013 - 21:50

Ben oui, ils jouent partout, dans tous les moments forts de cette histoire, parce que peut-être que ce film n'est rien d'autre qu'une longue chanson country.

Allez encore un petit coup:

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Message par DB Mer 15 Jan 2014 - 11:37

Vu récemment, pas tout seul et ça n'a pas aidé.

Je crois fortement à ce que dit adeline en parlant d'adhésion. On pourrait parler de contrat passé avec le spectateur. Pourtant je ne savais rien du film sinon que l'on m'avait prêté le cd de la bande originale (vous connaissez ce truc, l'amie bien intentionnée "ça va te plaire ?") et puis curiosité obligé, belle affiche, j'ai eu envie de voir le film.

Pour être tout à fait honnête, quand j'ai vu qu'il était question de cancer j'ai failli ne pas voir le film jusqu'au bout (vous savez, ce truc, "ah non pas encore"). Puis j'ai surmonté le truc, je me suis dis si tu ne dois plus voir en fiction ce qui atteint ton réel, tu n'as pas fini. Alors peut être que le film m'a autant terrassé aussi pour cette raison ?

Mais je suis un vendu pour le mélodrame, pour reprendre une référence commune, Restless m'avait vidé de toute énergie. Je me souviens d'une émotion très forte, je n'avais pas envie de reparler du film ensuite, j'étais très triste pour le fils Hopper, je n’arrêtais pas de penser "ce garçon n'a pas connu son père". Ça vous fait de drôles de choses ce genre d'émotion.

Alabama Monroe en français c'est quand même moins beau que The Broken Circle Breakdown non ? Et ce cercle brisé, c'est autant leur vie à eux deux, leur vie de couple, leur vie tout court mais aussi la narration du film qui est une sorte de cercle brisé revenant en arrière, avançant brutalement en avant. Le couple d'acteurs est très juste, j'ai pas mal pensé à Imitation of life. Surtout le côté inéluctable de l'affaire (je pense à la scène où Annie va voir sa fille une dernière fois, c'est déchirant).

Enfin je me suis senti baladé et amené pendant tout le film sans que cela ne me dérange une seule fois. Est-ce là une bonne ou une mauvaise chose ? Aucune idée;

Le film est tiré d'une pièce de théâtre apparemment qui a connu beaucoup de succès en Belgique, quelqu'un ici l'a vu ?
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Message par adeline Sam 18 Jan 2014 - 20:00

Ah bah voilà, on est d'accord Wink
Mais longtemps après l'avoir vu, le film ne reste quand même pas comme un film si marquant. L'émotion submergeante bien, mais le film en tant que tel disparaît presque.
Je pense que les films de Sirk, puisque tu parles d'Imitation of Life, ont une profondeur bien plus marquante que ce film-ci, et une forme de pudeur quand même que celui-ci n'a pas.
La pièce, je pense qu'elle a eu du succès en Flandres, le film est vraiment flamand, il n'a été montré en Belgique francophone qu'à Liège et Bruxelles je crois.
Alabama Monroe est un meilleur titre, mais beaucoup moins beau, tu as raison.

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Message par DB Mar 21 Jan 2014 - 14:15

Je te dirais ça quand un peu plus de temps aura passé.

Pour ce qui est d'Imitation of life, je parlais moins d'un rapprochement entre Sirk et Alabama Monroe mais plutôt du ressenti que j'avais eu devant les deux en fait. Cette façon de déchirer le spectateur mais oui, c'est sur, chez V. Groeningen ni pudeur ni retenue (j'avais d'ailleurs détesté la merditude des choses en partie pour ça).

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