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Balade et flânerie

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Message par Invité Mar 30 Juil 2013 - 13:19

On a dit qu’avec Rohmer, le modèle filmé devenait l’œuvre-elle-même. Dans ses remarques sur la musique – abondamment cinématographiques également – Rohmer déclare que « la forme crée le contenu » et qu’il s’agit alors de trouver et/choisir les éléments qui portent en eux-mêmes la forme attendue.


Ainsi  Le signe du lion tend à se modeler sur la marche de manière plus originale que dans les autres films de la nouvelle vague ou elle est aussi présente, comme dans Paris nous appartient de Jacques Rivette, films frères, sortis en 62. Dans le film de Rohmer la forme sérielle rapportée d’abord narrativement  à la marche incessante du héros se généralise à tout le film ; elle s’étend à l’écoulement du fleuve,  à l’enfilade des rues,  à l’alignement des quais,  au glissement des navires sur la Seine … C’est un enchaînement continu d’une forme répétitive.


La singularité du rapport que la marche entretient plus ou moins étroitement avec la fiction culmine avec Le signe du lion par rapport à d’autres films de la période : ici elle se singularise et attire l’attention sur sa forme en se déconnectant de la situation (ce qui est le cas de la longue séquence finale de Maine Océan). Ailleurs elle s’oublie dans le vraisemblable et le réalisme de l’action.


Avec ce premier film Rohmer est au seuil d'une esthétique.


Deleuze articule ses deux livres sur le cinéma autour de cette figure stratégique qu’est « la forme balade ». Elle est mentionnée au moment de l’arrivée du néoréalisme et de son prolongement spécifique dans la nouvelle vague et il en fait une des premières figures qui permettent d’ouvrir le film à l’image temps. C’est un enjeu considérable car sous ce régime de la balade s’enrayent le schème sensori-moteur et la logique de l’action/réaction. On accède à des espaces déconnectés, des situations purement optiques et sonores qui commandent au regard « voyant ».


Walter Benjamin élabore quant à lui la notion  de « flânerie », à laquelle il donne des pouvoirs de métamorphose de la réalité ordinaire. Elle produit une expérience esthétique majeure du 20° siècle. Les bouleversements perceptifs désignés par le mot flânerie chez Benjamin, semblent tout droit sortis des principes de cinéma : découpe, fragmentation, changement constant du point de vue, perte de l’idéal perspectiviste etc.


La naissance du cinéma correspond au moment où la philosophie  s’intéresse au mouvement.

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Message par Borges Mer 31 Juil 2013 - 13:55

slimfast a écrit:


La naissance du cinéma correspond au moment où la philosophie  s’intéresse au mouvement.


-oui, peut-être, si tu penses à Bergson, mais la philosophie s'est toujours intéressée au mouvement...(Héraclite, platon, aristote...) ; l'opposition  être-apparence-devenir est originaire...j'avais commencé un texte où je disais que le concept aristotélicien de mouvement- kinesis qu'on retrouve bien entendu dans cinéma( kínêma) était peut-être plus important que l'image de la caverne platonicienne pour penser le cinéma
-la forme balade, sans doute en occident, date du néoréalisme, mais elle était déjà présente dans le cinéma de Ozu..
-La balade ne se réduit pas à la seule marche...
-c'est chez Baudelaire que Benjamin trouve le concept de "flâneur" :

"
Pour le parfait flâneur, pour l'observateur passionné, c'est une immense jouissance que d'élire domicile dans le nombre, dans l'ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini,. Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde, tels sont quelques‑uns des moindres plaisirs de ces esprits indépendants, passionnés, impartiaux, que la langue ne peut que maladroitement définir. "

http://classes.bnf.fr/atget/antho/30.htm

cela peut être une définition du flâneur immobile qu'est le spectateur  :  "élire domicile dans le nombre, dans l'ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini,. Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde..."


(faut que je m'achète un clavier, c'est une torture)
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