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Tess (Roman Polanski - 1979)

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Message par adeline Sam 21 Sep 2013 - 18:12

La bande-annonce est nulle, mais c'est un très beau film. Si on a envie d'une grande fresque historique prenante et belle, avec l'ironie et la dureté du Polanski du "Bal des vampires" et de "Rosemary's Baby", un soir d'hiver quand il y a eu de la brume le matin, c'est ce film qu'il faut. J'avais toujours cru que ç'avait été pour Nastassja Kinski un rôle à la "Dernier tango à Paris" pour Maria Schneider. Mais non, elle est belle, pure, immensément mélancolique, incompréhensible et bonne, c'est tout…



L'ironie de ma capacité à ne pas oublier un visage d'acteur et à toujours faire bêtement attention aux seconds rôles, c'est que j'ai reconnu Arielle Dombasle l'idiote, qui a eu petit rôle dans le film, qui l'eut cru ?


Dernière édition par adeline le Dim 22 Sep 2013 - 9:27, édité 1 fois

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Message par Invité Dim 22 Sep 2013 - 2:36

Un des plus beaux Polanski. On en avait causé brièvement...

C'est de 79 Wink 

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Message par wootsuibrick Dim 22 Sep 2013 - 3:59

J'ai pas vu énormément de films de Polanski, mais c'est mon préféré parmi ce que je connais.
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Message par adeline Dim 22 Sep 2013 - 9:31

Corrigé la date, merci Bidibule Wink

Un des plus beaux ou le plus beau, ça ne fait pas de doute. Mais qu'est-il arrivé à Polanski ? Je n'ai vu aucun de ses films des années 80 et 90, encore moins 2000, mais c'est comme si les impressions qui m'en arrivent me disent qu'ils n'ont rien à voir avec Tess, ou Rosemary's Baby. Autour de moi, j'ai l'impression que ceux qui aiment le Polanski récent ne connaissent pas ses films d'avant. On dirait que ça n'est pas le même réalisateur…

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Message par wootsuibrick Dim 22 Sep 2013 - 10:36

Je vais pas pouvoir te dire Adeline... mais je constate en faisant les listes (en rouge les rares que j'ai vu) que je n'ai vu aucun film de Polanski des années ayant suivit Tess.

1959 : La Lampe (Lampa)
1962 : Le Couteau dans l'eau (Nóż w wodzie)
1965 : Répulsion (Repulsion)
1966 : Cul-de-sac

1967 : Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers ou Pardon me, but your teeth are in my neck)
1968 : Rosemary’s baby
1971 : Macbeth (The Tragedy of Macbeth)
1972 : Weekend of a Champion, co-réalisé avec Frank Simon
1972 : Quoi ? (What ?, Che ? Co?)
1974 : Chinatown
1976 : Le Locataire
1979 : Tess
1986 : Pirates (je crois l'avoir vu au collège)
1988 : Frantic
1992 : Lunes de fiel (Bitter Moon)
1994 : La Jeune Fille et la Mort (Death and the Maiden)
1999 : La Neuvième Porte (The Ninth Gate)
2002 : Le Pianiste (The Pianist)
2005 : Oliver Twist
2010 : The Ghost Writer
2011 : Carnage
2013 : La Vénus à la fourrure
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Message par Dr. Apfelgluck Dim 22 Sep 2013 - 10:46

adeline a écrit:Corrigé la date, merci Bidibule Wink

Un des plus beaux ou le plus beau, ça ne fait pas de doute. Mais qu'est-il arrivé à Polanski ? Je n'ai vu aucun de ses films des années 80 et 90, encore moins 2000, mais c'est comme si les impressions qui m'en arrivent me disent qu'ils n'ont rien à voir avec Tess, ou Rosemary's Baby. Autour de moi, j'ai l'impression que ceux qui aiment le Polanski récent ne connaissent pas ses films d'avant. On dirait que ça n'est pas le même réalisateur…
Il y a une "cassure" dans la carrière cinématographique de Polanski après la sortie de "Pirates" en 1986. Le projet a été tellement long à mettre sur pied (rien que l'écriture du scénario avec Gérard Brach a prit une année) et le tournage fut si horrible qu'il lui fallut 7 années avant qu'il finisse par sortir. Et comme on sait, le film a été le plus gros gouffre financier de sa carrière. Dans son autobiographique, "Roman par Polanski", il explique qu'il a été totalement dégouté par le cinéma après ce film (qu'il a renié et voulut faire disparaître de sa filmographie). Il s'est ensuite consacré exclusivement aux théâtre pendant trois ans, en adaptant Kafka. Il écrit avoir accepté de retourner au cinéma avec "Frantic" car la Warner (qui était venu le chercher) lui a promis une liberté totale.
On dirait, en tout cas, que depuis il s'engage moins dans ses films post-86. Il reconnait, toujours dans sa bio, qu'il s'investissait jusqu'à l'excès dans ses premiers films mais qu'il a prit un peu de la distance par la suite.
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Message par wootsuibrick Dim 22 Sep 2013 - 10:48

Une rupture à peu prêt similaire, en ce qui me concerne, avec Woody Allen... (bien que son univers soit bien plus homogéne)

1966 Lily la tigresse What's Up, Tiger Lily ?
1969 Prends l'oseille et tire-toi
1971 Bananas
1972 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander
1973 Woody et les Robots

1975 Guerre et Amour Love and Death
1977 Annie Hall
1978 Intérieurs Interiors
1979 Manhattan
1980 Stardust Memories
1982 Comédie érotique d'une nuit d'été
1983 Zelig -
1984 Broadway Danny Rose -
1985 La Rose pourpre du Caire
1986 Hannah et ses sœurs
1987 Radio Days
September
1988 Une autre femme
1989 Le Complot d'Œdipe
Crimes et délits
1990 Alice
1992 Ombres et Brouillard
Maris et Femmes

1993 Meurtre mystérieux à Manhattan
1994 Coups de feu sur Broadway
Nuits de Chine
1995 Maudite Aphrodite
1996 Tout le monde dit I love you
1997 Harry dans tous ses états
1998 Celebrity -
1999 Accords et Désaccords Sweet and Lowdown
2000 Escrocs mais pas trop Small Time Crooks
2001 Le Sortilège du scorpion de jade
Sounds From a Town I Love -
2002 Hollywood Ending -
2003 La Vie et tout le reste
2004 Melinda et Melinda
2005 Match Point
2006 Scoop
2007 Le Rêve de Cassandre
2008 Vicky Cristina Barcelona
2009 Whatever Works
2010 Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
2011 Minuit à Paris
2012 To Rome With Love (belle daubasse, je suis tombé dessus à la télé)
2013 Blue Jasmine
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Message par Eyquem Dim 22 Sep 2013 - 10:49

hello Adeline,
Adeline a écrit:Mais qu'est-il arrivé à Polanski ? Je n'ai vu aucun de ses films des années 80 et 90, encore moins 2000, mais c'est comme si les impressions qui m'en arrivent me disent qu'ils n'ont rien à voir avec Tess, ou Rosemary's Baby. Autour de moi, j'ai l'impression que ceux qui aiment le Polanski récent ne connaissent pas ses films d'avant. On dirait que ça n'est pas le même réalisateur…
Dans les plus récents, il y a tout de même "Le pianiste", que je trouve un grand film (justement parce que ça me paraît bien du même réalisateur que "Le locataire")


Dernière édition par Eyquem le Dim 22 Sep 2013 - 10:53, édité 1 fois
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Message par Invité Dim 22 Sep 2013 - 10:52

Pour moi ce sera Chinatown mon préféré.

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Message par Invité Dim 22 Sep 2013 - 13:30

Le Pianiste, Oliver Twist et the Ghost Writer intéressants, d'ailleurs ils ont une sorte de trilogie qui articule de la même manière (matéraliste) les rapports entre le pouvoir la monstruosité et la famille (pas vu les plus récents).
MacBeth vu grâce au forum le meilleur pour moi.

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Message par glj Dim 22 Sep 2013 - 19:27

Macbeth c'est extraordinaire tony. Peut-être la meilleure adaptation de shakespeare... Un des films les plus noirs que j'ai vu. Et même si il y a une vrai césure avec pirates, polanski a des sursaut : le pianiste a une densité que peu de films récents peuvent revendiquer et ghost writer une étrangeté qui louche sur son cinéma des années 60-70.
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Message par Invité Dim 22 Sep 2013 - 20:39

Dans le Pianiste une scène m'a marqué, celle où Władysław Szpilman dit de manière froide, un peu prude mais respectueuse adieu à sa soeur pendant que le ghetto est vidé, en ajoutant qu'il aurait aimé savoir qui elle était vraiment.

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Message par Invité Dim 22 Sep 2013 - 22:21

Dans Macbeth ce qui m'avait frappé c'était la rencontre entre trois époques: la fin du moyen âge du roi "original", le texte shakespearien de la période de la renaissance, et le côté "pop" (le producteur est le directeur de Playbox, musique du Third Ear Band,  Francesca Annis et Jon Finch ont des visages et des corps ancrés dans la fin des années 60), mais la noirceur du récit partait du moyen-âge pour contaminer les deux autres époques, et devenait finalement de plus en plus littérale et de moins en moins symbolique à mesure qu'elle avançait vers la modernité. La plage du début du film où la bataille oubliée vient de finir est à la fois un théâtre métaphysique finalement rassurant, mais elle appartient au vrai paysage et au vrai macbeth, ou du moins à la vraie Ecosse, c'est après quand le film progresse que tout un univers de sorcières, de fantasme, de solitude et d'interprétation se met  en place, qui prolonge la violence de cette bataille après qu'elle soit déjà achevée, et la fait entrer dans la modernité.

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Message par Invité Lun 23 Sep 2013 - 0:54

Je ne sais pas où, c'était peut-être sur le défunt forum des (eux-mêmes) dcd, ou ici, au delà des archives indexées: on avait à peu près tenu cette conversation, avec les mêmes protagonistes... glj rappelant à quel point Macbeth est un grand film, une des adaptations les plus noires de Shakespeare, Apfel parlant de la césure provoquée par Pirates, et moi en rajoutant une couche, pour détailler à quel point Polanski avait tout perdu, après 79 précisément.
Ou alors j'ai rêvé tout ça...

J'avais aussi livré mon topo sur Polanski, lors d'une discute tendue autour de Lune de fiel...


1979.

Date fatale s’il en est. C'est le moment, du moins pas mal de gens de ma génération le ressentent vivement, d'un basculement. Esthétiquement, artistiquement, que ce soit musicalement ou cinématographiquement, bcp de choses se passent en 1979. C'est l'année du chant du cygne, avant l'entrée dans ce long tunnel sans rémission que furent les années 80.

Horrible décennie, les années fric, les années Tapie, les années Véronique & Davina, les années Ferris Bueller, Huey Lewis, Phil Collins, etc.

Décennie dévolue au kitsch, au recyclage, aux perruques peroxydées, aux néons fushia saturés, à l'esthétique rétro avec images floues, au tout-au-décor, au son sec de synthés pop-rock et de batteries plates.

Un ami d'enfance, un type étrange, un grand malade en même temps qu'érudit (en jazz, en rock, en ciné, en matos hi-fi...) que j'ai perdu de vue il y a quelques années (il est peut-être en train de végéter dans un cabanon entre Malmedy et Chaudfontaine), m'avait longuement exposé sa théorie au sujet de ce qu'il nommait le "basculement épistémique" lié à 1979. Il avait toujours prétendu, déjà, qu'il mourrait avant 25 ans. Il décréta ensuite qu'il était bel et bien mort après 79; qu'il ne vivait plus, zombie inconsolable.

Son point de vue était celui d'un radicaliste ne souffrant aucune contradiction. Il m'expliquait, avec moult détails, le déclin brutal des appareils de hi-fi, qui n'étaient plus fabriqués pareil (amplis, tourne-disques, baffles), des techniques de prise de son (époque Impulse, Blue Note), etc.
Il avait une théorie sur les batteries, également. Assez convaincante. Il m'expliquait (et on se tapait de longues séances d'écoutes comparatives), qu'après 79, on a changé la manière de tendre la peau de tambour sur les batteries, ce qui avait provoqué une mutation radicale du son: sec, sans relief ni profondeur. Un des détails permettant selon lui de saisir que le jazz était mort en 1979. La complexité du continuum rythmique (à la Elvin Jones) était devenu impossible. Même le jeu sur les cymbales avait changé (avec les cymbales elles-mêmes, remplacées par d'autres sonnant autrement), et le "drive de cymbales" s'était perdu. Tony Williams, celui de l'époque Miles Davis, ne maîtrisait plus sa fabuleuse technique du "drive de cymbales". Plus personne ne parvenait d'ailleurs selon lui à faire driver une cymbale.

Le son des contrebasses avait lui aussi changé, aussi bien en raison d'une nouvelle façon de frotter les cordes que d'une nouvelle façon de les tendre: il devint "enrhumé", sans drive là encore. Jazzistiquement mou (avec Eddie Gomez, Steve Swallow, etc). Mingus est mort en 79. "Et ce n'est pas par hasard!", disait encore cet ami.

Bref, les claviers (électriques ou acoustiques) ne chantaient plus, les batteries, les cymbales, les contrebasses ne chantaient plus et ne drivaient plus. Le jazz était fini, époqualement remplacé par une infâme soupe surgelée.
(Dans nos échanges surréalistes, je jouais le rôle du gars tourné vers "l'avenir" et protestais constamment, en citant des tas de contre-exemples de tant et tant de nouveaux disques, de nouveaux films merveilleux, etc. Mais passons.)

80 est l'année où les groupes de jazz-rock fusion deviennent le nouvel empire: triomphe de Weather report (bien que formé en 71, mais "Night passage" et sa soupe de synthés brumeux sonne l'entrée dans un vide sonore aujourd'hui daté et inécoutable, où surnage ça et là la basse de Pastorius); de Steps Ahead (pauvreté essentielle du jeu de saxo de Michael Brecker, salué comme le nouveau John Coltrane); les jadis grands groupes de "prog-rock" (Softmachine, Magma, Gong, etc) se transforment en machines à débiter au kilomètre des chapelets de saucisses-fusion juste bonnes à sonoriser un Derrick ou des séquences porno pour peep-shows.

79, c'était aussi l'année de la mort du rock aventureux des middle-seventies, autant que la mort du punk ayant suivi juste après. L'esprit de révolte s'était envolé. Et de me citer un nombre effarant d'albums attestant de cette disparition mystérieuse. Les derniers grands disques de rock dataient pour lui de 1979. Le passage à 1980 ayant été également fatal pour un nombre incalculable de groupes, décrétés "jurassiques", se mettant pour survivre et suivant la nouvelle mode aux batteries mates, aux boîtes à rythmes creuses, et aux synthés criards. Songez, pour le style, à la bande son de Live and die in LA de Friedkin...

En musique électronique, 79 fut l'année où l'on quitta les mellotrons, les monstrueux moog et séquenceurs analogiques délivrant les nappes et les drones propices aux rêveries hypnotiques. Klaus Schulze signifia ce passage en signant en 80 "Dig it", contenant le fameux "death of an analogue". Beau morceau épocal. Sorte de chant funèbre "purcellien".

spoiler:


Après 79, au cinéma, on ne prend plus la route, on ne taille plus la zone, avec une caisse pourrie de location, dans les vastes déserts de l’Amérique. Plus jamais on ne se perdait, après 79. Exit Easy-rider, Alice dans les villes, Falsche-Bewegung, Scarecrow, The Passenger, Two Lane Blacktop, Vanishing point, Badlands, Electra glide in blue, Le plein de super, Les petites fugues, etc etc. On s’enferme dans des décors confinés, comme à l'époque de l'occupation.
Après 79, on ne compte plus les films dont le décor est exclusivement un night-club à néons vaporeux, noyé dans le fumigène, avec quelques plans de trottoirs aux reflets vert-rouge mouillés.

Ce changement se lisait aussi chez Ridley Scott : entre Alien (de 79) et Blade runner (82).
L'espace avait tragiquement disparu de l'un à l'autre. Dans le premier, sens des espaces infinis qui effrayent, monstrueux dédales-décors de Giger déroulant leurs ossuaires, leurs dédales et leurs vortex... Dans le second, esthétique pub d'un néo-Tokyo tout en néons qui clignotent, et plus aucun plan large qui respire. Revoyez Blade-Runner. Les seules vues d'ensemble, suggérant des architectures gigantesques sous la voûte étoilée, sont de brefs inserts, toujours le même plan faisant office d'interlude, sur une nappe de Vangelis. Quant aux personnages, ils sont tous corsetés dans des fanfreluches fashion à paillettes dorées, le visage peint au rimmel et au fond de teint, et la chevelure brillantinée.

Après 79, on pouvait parallèlement mesurer, toujours selon cet ami, l'effet cataclysmique d'une vaste régression politique, idéologique, spéculative, philosophique, etc. La gauche a disparu en 1979, m'expliquait-il. Les grands mouvements utopiques, anarchistes, libertaires, s’étaient brusquement désintégrés dans le néant. Deleuze disait que les années 80 était une période très pauvre. Transformation des concepts philosophiques en concepts publicitaires de communication. Il décrivait les années 80 comme un long désert, et pensant à la génération 80s, disait qu’il y avait pire que de traverser un désert : naître dedans.


Le nombre de cinéastes qui ont quasi tout perdu dans ce passage aux 80s: Wenders, Antonioni, Fellini, Bertolucci, Penn, Schlesinger, Akerman, Polanski, etc.

Le dernier beau film de Wenders était L'Ami américain (76).

Tess fut le dernier grand film de Polanski. Ce n'est pas douteux (je viens d'apprendre qu'il est passé sur arte le 8 septembre, dommage j'aurais pu l'enregistrer avec captvty. Grosse envie de le revoir, je vais me mettre en quête du dvd).
Tout ce qui suivra après (Le Pianiste excepté, je rejoins Eyquem là-dessus) sera mauvais, au bas mot.

J’ai détaillé chacun des films suivants de Polanski, mais au moment d’éditer mon post, j’ai cliqué sur « page précédente » et tout a disparu. Quel dommage! Laughing 

Trop tard pour tenter de réécrire tout ça, de mémoire. Je m’y essaierai éventuellement plus tard.



PS: Carnage, quelle daube consternante, quelle sinistre pantalonnade...


Dernière édition par Bidibule le Lun 23 Sep 2013 - 7:45, édité 2 fois

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Message par Dr. Apfelgluck Lun 23 Sep 2013 - 4:43

Bidibule a écrit:
Le nombre de cinéastes qui ont quasi tout perdu dans ce passage aux 80s: Wenders, Antonioni, Fellini, Bertolucci, Penn, Schlesinger, Akerman, Polanski, etc.
Et, inversement, la liste de ceux qui ont eu leur heure de gloire dans les années 80 est édifiante aussi.... :
Spielberg (d'accord il y a eu "Jaws" avant, mais son triomphe est vraiment arrivé dans les 80's), Lucas, Tony Scott, Jean-Jacques Annaud, Robert Zemeckis, Adrian Lyne, John Landis, Oliver Stone.
C'est Peter Biskind qui avait écrit que les années 80, dans le cinéma américain, c'était la revanche des studios et des "attardés" Very Happy
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Message par Invité Lun 23 Sep 2013 - 5:37

Ah oui, j'oubliais, parmi tant d'éléments à verser au "dossier".
Heaven's gate (Cimino), dont nombre de commentateurs aiment à signaler que, ruinant United Artists, il symbolisa la fin du "nouvel Hollywood" ---> 1980, bien sûr !

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Message par gertrud04 Lun 23 Sep 2013 - 6:23

Bidibule a écrit:Je ne sais pas où, c'était peut-être sur le défunt forum des (eux-mêmes) dcd, ou ici, au delà des archives indexées: on avait à peu près tenu cette conversation, avec les mêmes protagonistes... glj rappelant à quel point Macbeth est un grand film, une des adaptations les plus noires de Shakespeare, Apfel parlant de la césure provoquée par Pirates, et moi en rajoutant une couche, pour détailler à quel point Polanski avait tout perdu, après 79 précisément.
Ou alors j'ai rêvé tout ça...

Non tu ne l'as pas rêvé Jerzy, je m'en souviens comme si c'était hier. Je me souviens très bien notamment qu'en lisant ce que tu écrivais (en gras), j'avais voulu intervenir en te posant la question : tu ne sauves même pas Le pianiste ? Mais j'avais pas osé. De peur de perdre une nouvelle fois mes  illusions.
6 ans, 5 ans (?) pour être rassuré par toi et Eyquem, c'est long.Smile
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Message par Invité Lun 23 Sep 2013 - 6:32

Salut Gertrud.

Non non, j'ai toujours défendu Le pianiste. Que je considère comme un grand film.

La preuve? Je t'avais déjà répondu, indirectement (le 24 janvier 2012 pour être précis, lol), en le citant dans le topic vos "20 films fantastiques de tous les temps", qui s'est mué d'emblée en "les films qui vous ont fait le plus peur". Le pianiste étant un film que j'ai trouvé, à sa manière, aussi oppressant que Le Locataire, bien qu'il ne ressortisse pas du genre "fantastique".

Ici:

https://spectresducinema.1fr1.net/t1099-c-est-quoi-vos-20-films-fantastiques-de-tous-les-temps-demanda-gertrud04#26191

Wink

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Message par gertrud04 Lun 23 Sep 2013 - 8:14

ok.
Sinon, à quand une chronique vervietoise sur quelques films qui valent la peine ? Je rame moi en ce moment pour choisir mes dvd dans ma médiathèque préférée. A tel point que je me suis mis à fureter dans les rayons Documentaires. Vu par exemple un film très impressionnant sur les enfants qui travaillent au Mexique, Los herederos. Et puis aussi, la série sur l'histoire du Christianisme de Jerome Prieur et Gerard Mordillat aussi passionante qu'un épisode de Columbo. Prieur compare d'ailleurs leur travail à celui de l'inspecteur C. dans une interview.
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Message par Invité Lun 23 Sep 2013 - 10:48

Cette date de 79 personnellement ne me dit rien du tout ; je vivais aux antipodes, loin de tout et les deux choses dont je me souviens des premières années 80 c'est Mad Max que j'ai vu dans un cinéma de 3.000 places survolté et surtout Lech Walessa. Le passage aux années 80 s'est fait de mon côté dans l'insouciance la plus totale, mais dans la série des je me souviens il y a la découverte des films de Lino Brocka à cette époque et ceux d'Adolfo Arrietta. Je ne suivais pas la crème des réalisateurs à l'époque, je prenais les films comme ils venaient et il en venait de partout plus que lors de la décennie précédende.

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Message par Invité Lun 23 Sep 2013 - 15:49

Impression dans les années 80 ce qui est vécu en France et dans la sphère francophone comme une nostalgie ambigüe (à la fois replis de l'espoir révolutionnaire et de la croissance économique, politique libérales menées par des socialistes en France, alors que la droite se maintenait au pouvoir dans les années 70 et était contrainte à réformer, il y a aussi une nostalgie liée à un déclin de l'influence culturelle française je crois quand on dit "Deleuze a dit qu'il n'y a rien eu") a correspondu peut-être ailleurs (Espagne, Grèce, Portugal, Pologne, voire Amérique latine) a une sortie d'un tunnel.
Le cinéma s'est déplacé dans les années 80 plutôt qu'il n'est mort, Cronenberg et Lynch sont apparus, voire Almodovar (ses premiers films sont très bons), de Oliveira est revenu au cinéma c'est sans doute dans cette décennie que Ruiz ou Kurosawa ont fait leurs meilleurs films.
Le rêve de révolution à gauche était rentré en crise bien avant 1979, plutôt en 1969. Milestone de Kramer est de 1975 par exemple. "Un Film Comme les Autres" et "Tout va Bien" de Godard parlent en fait plutôt honnêtement de cette crise, où l'engagement à gauche se retourne en évènement d'une part universitaires et liés au parti, d'autres part, tandis ceux qui essayent de se positionner sociologiquement dans cet espoir sans appartenir à aucun de ces deux mondes, au mieux on ne les écoute pas, au pire on leur ferme la gueule deux fois: à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement.  On entretient peu la mémoire de ceux qui luttaient encore dans cette crise: on fête mai 68 tous les 5 ans mais à Besançon on a foutu une salle de concert sous-rem-koolhasienne excentrée par rapport au centre ville sur un parking d'autobus là où auparavant se tenait l'usine Lip, pas de souvenir visible de l'autogestion.
Par contre rétrospectivement le cinéma a été plus abîmé par les années 1990 alors que les cahiers ,parlaient d'une renaissance, peut-être une plus grande production plus géographiquement étendue de films d'auteurs, mais une individualisation de la cinéphilie, qui bascule dans les télé "culturelles" et les festivals et les labels ("Sundance"). Impression que dans les années 80 une culture pouvait encore être à la fois un peu souterraine et collective, même si j'étais gamin.

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