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Spring Breakers de Harmony Korine

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Message par wootsuibrick Jeu 14 Mar 2013 - 11:58

Spring Breakers, de Harmony Korine

Le lien avec tarantino me semble pertinent... y a aussi le scarface de Depalma derrière (qui est d'ailleurs le modèle du personnage Alien dans le film). Je me souviens avoir pas du tout accroché au kitsch de Scarface, à sa vulgarité. Mais ici j'ai trouvé ça transcendant, c'est constamment hallucinogène et la fin apparaît autant comme un délire, un truc qui pourrait juste être dans la tête des filles, que comme un réel déréalisé, phagocyté par la fiction et la pop culture gangsta. En fait je crois que la question de savoir si c'est un univers mental, publicitaire détourné par les moyens du réalisateur ou si c'est une représentation du réel... se pose pas... on est constamment dans l'entre-deux, entre le cliché et le portrait "réel" de produits de la pop culture. Entre une distance due à la forme peu classique du film, qui ressemble à un produit MTV mais pas tout à fait, comme si l'imagerie MTV s'était justement heurtée à ce qu'elle produit réellement, dans la réalité concrète de jeunes filles de l'âge des héroïnes... et de ce heurt naît toute l'ambiguïté du film entre fascination et répulsion pour la vulgarité de cette pop culture que beaucoup de gens de la presse ont décrit.

Le réalisateur aime Britney Spears apparemment. L'intention n'est donc pas satirique, même si ses personnages peuvent parfois (souvent) nous sembler totalement à côté de la plaque... Au fond la jeune fille qui refuse dés le départ de s'embarquer là dedans s'est arrêtée à un cliché : ce monde gangsta est dangereux et satanique. Elle a écouté ses copines folles de l'église, coincées, du début... et on peut se dire qu'elle a ainsi évité une descente aux enfers. Mais ce qu'on découvre après c'est que cette descente aux enfers était "un paradis" pour les jeunes filles restées (enfin jusqu'à ce que l'une d'entre elle se prenne du plomb dans l'aile)... Un paradis dans le sens où l'imagerie pop, celle qui existe dans cette mode gangsta, qu'elles vénèrent, qu'elles imitent au début avec des pistolets à eau, s'est réalisée. Elles sont devenues des gangsta, et la mort de leur pote, c'est juste un moment esthétique, voir un passage obligé de la fiction, du modèle gangsta. L'esthétique pop portée par les drogues et la fiction semble vaincre à la fin, car même le spectateur peut y trouver un plaisir fun, coupable. Et ne pas y voir une satire, une condamnation. Un plaisir sur du vide, un désir dont l'objet est de la pure imagerie. Comme tout désir au fond. Celle qui s'est prit du plomb dans l'aile s'est heurtée à la réalité de la douleur et n'a pas pu continuer le délire. Au fond les deux filles qui ont fuit avant la fin sont les perdantes du film... elles ont quitté le film pour rejoindre la réalité des bancs de la fac, un espace qui n'intéresse absolument pas le spectateur de Spring Breakers.

Les jeunes filles avant leur braquage le dise à plusieurs reprises : faut faire comme si c'était un jeu vidéo. Et lorsqu'elles rejouent la scène de braquage au marteau et au pistolet à eau devant leur copine brune (coincée du cul, ou plutôt coincée dans le réel, et surtout la morale chrétienne, enfin.. pas que chrétienne...), on sent le décalage. Là on peut soit accepter de jouer à ça comme si c'était juste un jeu vidéo, un film, une fiction pop... ou soit en saisir la violence, le problème morale, comme la jeune fille brune (le plus beau personnage je trouve)... Sinon être un peu dans ces deux états, en équilibre précaire.
Mais en fait, ontologiquement, c'est les jeunes filles blondes qui ont raisons, ça n'est que du jeu, ça n'est qu'un film. La séquence finale irréaliste où elles descendent le clan gangsta du coin dans une orgie visuelle fluo et cathartique, leur donne justement le mot de la fin.

Enfin... on peut aussi se demander si y a pas une réalité gangsta, celle des noirs du film, celle de la série The Wire, qui aurait été massacrée, recouverte de l'imagerie bonbon multicolore disney-trash des héroïnes blanches du film... mais pas sûr que ce soit là la question, il n'y a pas le réel d'un côté et les images de l'autre... surtout au cinéma.
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Message par Invité Jeu 14 Mar 2013 - 12:23

un petit clin d'oeil à Korine

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Dernière édition par slimfast le Sam 16 Mar 2013 - 20:44, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 16 Mar 2013 - 20:37

j'ai beaucoup aimé ce film bien construit et qui démarre véritablement quand apparaît James Franco dont Korine fait une espèce de patchwork de l'éternel crooner de l'éternelle Amérique.

J'y ai vu pour ma part la rencontre immarcescible de deux genres cinématographiques qui ont fait un grand écart typique dans le cinéma US, le film de collège, de pétasses comme elles se définissent, soumises à la loi du père, l'église, le juge, le jugement moral etc et le film de gangstas qui met en avant le fric, la drogue, les armes, le charisme du crooner.

C'est la vieille histoire d'A bout de souffle.

J'aime particulièrement le traitement original que fait Korine de ces deux univers à priori non miscibles à postériori non plus, selon Korine. Ni le sexe ni l'argent n'auront raison de la frontière, et bien sûr on est pas sur le registre du sentiment.
Pas non plus tu l'as remarqué Woot sur celui de l'ironie mais plutôt sur une espèce de ressassement dépressif du passé, le film revient sans arrêt en arrière soit par le son soit par l'image et au fur et à mesure cela devient touchant. C'est un effet de réel pour un film qui en présente peu par ailleurs : les filles en maillots de bain au tribunal, oui pourquoi pas !

Je pense que Korine adopte un point de vue moral et condamne un peu douloureusement les travers de la jeunesse américaine.

J'aime beaucoup le traitement de la lumière qui accompagne le jugement moral, la prise de conscience, d'une lumière solaire éclatante vers quelque chose d'à la fois obscur et irréel.
En revanche je suis plus nuancé sur l'utilisation massive qu'il fait de la musique.

ps pour moi ça louche pas mal vers le cinéma de Fassbinder

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Message par Invité Dim 17 Mar 2013 - 8:38

je crois qu'il y aurait à dire aussi du regard hyper-séxué des personnages du film et du désir qui n'aboutit jamais. C'est aussi cette frustration là qui est mise en scène - à la fois des personnages et du spectateur.

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Message par Invité Dim 17 Mar 2013 - 10:36

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Dernière édition par supercool le Lun 15 Avr 2013 - 12:21, édité 1 fois

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Message par Le comte Dim 17 Mar 2013 - 15:19

Selon Tessé, Spring Breakers est l'équivalent de Film Socialisme. Vrai ?

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Message par Invité Dim 17 Mar 2013 - 15:34

n'importe quoi

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Message par balthazar claes Ven 12 Juil 2013 - 11:02

Molle daubasse clippée qui devient un peu plus supportable quand elle atteint, dans sa seconde partie, le fond du fond de la plus plus complète bouffonnerie. James Franco en gangsta rappeur blanc, est aussi réaliste et justifié que le même Franco en magicien d'Oz, c'est du grand n'importe quoi, une pitrerie, une fable au douzième degré, dont l'intérêt se jauge tout autant au douzième degré. Harmony Korine se propose sans doute de révéler à nu l'inconscient de la société américaine ; et incontestablement il en parle, c'est son sujet. Il dit que le rituel du Spring Break (les vacances de Pâques, quand on y songe), c'est ben rien que de la vacuité superficielle et nihiliste, et c'est pas faux ; que néanmoins on s'y marre bien, parce que dans le fond, la bière et les bikinis sont réellement des fondamentaux ; c'est pas tout à fait faux non plus. Quelque part ça fait penser à du Tarantino, pour cette volonté d'ironie supposément déconstructrice et post-moderne ; mais il n'y a même pas les dialogues tarantiniens ; seulement une forme erratique, inconsistante et arty. En fin de compte c'est une vidéo promotionnelle pour le Spring Break et pas grand chose de plus. En effet, la vulgarité carnavalesque, c'est ce qu'est le Spring Break, c'est déjà marqué dessus, en gros et en rouge ; c'est le concept et personne n'en doute, pas même le plus bête de ses participants. Venir nous en informer c'est à peu près comme venir signaler que l'eau ça mouille et que le ciel est bleu.

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Message par wootsuibrick Ven 12 Juil 2013 - 13:05

balthazar claes a écrit:Molle daubasse clippée qui devient un peu plus supportable quand elle atteint, dans sa seconde partie, le fond du fond de la plus plus complète bouffonnerie. James Franco en gangsta rappeur blanc, est aussi réaliste et justifié que le même Franco en magicien d'Oz, c'est du grand n'importe quoi, une pitrerie, une fable au douzième degré, dont l'intérêt se jauge tout autant au douzième degré.

Ce n'est pas Franco qui n'est pas crédible en gangsta rappeur blanc, c'est le gangsta rappeur blanc qui n'est pas crédible à mimer ses "maîtres" noirs. Et comment malgré tous les clichés gangsta le gangsta en question ose chanter le plus sérieusement du monde du... britney spears.
Spring breakers est une bouffonerie mais pas contre le film lui-même, mais comme genre. Je pense qu'il est à rapprocher un peu de la démarche de Verhoeven quand il fait Starship Troopers, mais sans retournement total de gant. Spring Breakers est plus impur.
Et surtout ce film n'informe pas de grand chose... et je ne suis pas sûr qu'il faille juste voir les personnages comme des figures risibles, il y a une forme de mélancolie du cliché, du pseudo-mythe qui ne peut plus croire en lui-même. Un film crépusculaire, le film crépusculaire du mythe de l'ado chanteur pop (descendant de Britney) qui veut jouer au gangsta.
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Message par Invité Ven 12 Juil 2013 - 13:38

c'est tout à fait ça.

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Message par balthazar claes Ven 12 Juil 2013 - 14:24

wootsuibrick a écrit: Un film crépusculaire, le film crépusculaire du mythe de l'ado chanteur pop (descendant de Britney) qui veut jouer au gangsta.



Je crois pas trop que ce genre de chose existe, ni un tel mythe, ni le crépuscule du mythe... Justin Bieber est une idole pour ses fans, le business va bien, merci ; j'ai pas entendu parler du mythe de ce mythe, ou alors faudrait s'entendre sur ce qu'on veut dire avec ce terme.

Je vois pas en quoi la citation pompeuse et bouffonne de Britney Spears constitue une surprise ou quelque chose de l'ordre d'un mythe ou de quoi que ce soit. Les actrices du film sont d'ailleurs, tout comme Spears, issues des émissions Disney ; c'est le truc redondant que le film râbache : fausse innocence d'une culture teen décérébrée, réversibilité de cette sauvage innocence en décadence barabare... C'est le bon vieux système Larry Clarck ; ou la Fureur de vivre, aussi bien... Korine se fait le spécialiste d'exhiber les poubelles de la culture mainstream, mais il le fait depuis sa position d'artiste underground : du coup c'est supposé devenir une audace de citer Britney Spears ; mais en réalité, il ne fait rien d'autre qu'un clin d'oeil ironique, pour surligner sa posture d'artiste "subversif".

Quand il se mêle de jouer avec les codes de la culture gangsta rap, il s'en sert comme de choses mortes, inertes, signifiants culturels détachés de toute réalité, et auxquels à la lettre il ne comprend rien. C'est un film abstrait, en ce sens, ne s'intéressant qu'à des signes de signes, ou des images d'images ; en somme un film qui n'existe que comme reflet des fantasmes de son auteur.

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Message par wootsuibrick Sam 13 Juil 2013 - 6:19

Il faut croire Korine quand il dit aimer Britney Spears. Et la culture pop n'est pas moins mythologique que le catch.
Je ne suis donc vraiment pas sûr qu'il s'agisse que d'ironie. La scène durant laquelle le gangsta blanc joue du britney au piano est une scène tout autant dramatique que bouffone. En fait c'est comme si Korine prenait ces gens, ces gamines avec leurs rêves et qu'il montrait ça à la fois dans son aspect dérisoire, tout en l'accompagnant d'une réelle mélancolie due à quelque chose qui survit au nihilisme des clichés qui les animent. Car ces gamines et leur culture existent, je vois pas pourquoi au non du bon goût on devrait leur enlever une possibilité à la mélancolie et à une existance "esthétique". Ton argumentation n'est qu'un argument qui part d'une posture de "bon goût" : "Korine se fait le spécialiste d'exhiber les poubelles de la culture mainstream". En quoi Britney est plus une poubelle que Madonna ou Elvis?
Est-elle une poubelle dans l'ordre de la qualité esthétique de son travail ou de sa bétise humaine? Quelle différence entre Yaron Hermann citant Britney et Harmony Korine le faisant? Yaron Hermann transforme Britney en quelque chose de plus chic de culturellement plus acceptable pour des adultes bourgeois. Là où Korine garde Britney à sa source.
Si y a bien une chose que je refuse de réduire à rien, c'est le fait, la possibilité qu'un personnage qui serait triste devant "les feux de l'amour" ou "santa barbara", nourrirait de sa "profonde" mélancolie ces images. Chacun son monde illusoire. Une illusion quand elle est prise comme telle, en vaut une autre. Je ne suis pas sûr que c'est dans la question des motifs qu'il emploi qu'il soit possible d'invalider Spring Breakers. Pour l'invalider faudrait attaquer une pauvreté esthétique et/ou dialectique, ou un problème politique. Il me semble que l'esthétique clipesque dit quelque chose ici. Je fréquente des gens qui chantent et écoutent de la chanson culturellement catégorisée ado-niais (d'autant plus que culturellement dominante) et j'aime les regarder, vivre avec eux à travers cette culture aussi... à partir de leurs affects hors du politique. Et j'ai vraiment l'impression qu'il est très difficile de réduire le film de Korine à une succession de signes de signes, ou d'images d'images... l'image et la perception, l'idée d'un réel du monde, y sont mêlés. Les filles sont autant des êtres de chair que des images. Lorsqu'elles jouent avec de faux flingues, ou braque un snack avec un faux flingue, il y a une relation entre elle et leurs fantasmes, elles ne sont pas juste leurs fantasmes... Elles sont des filles "réelles" qui jouent et s'identifient à un type d'images et aboutissent à un braquage dont la violence n'est pas juste de l'ordre de l'imagerie. (Il y a dans Spring Breakers malgré le final totalement fantasmatique une persistance d'une violence qui se veut une représentation  d'un réel). Ces filles ne sont pas que les filles Disney, je suis même sûr que c'est assez mineur qu'elles soient les filles disney (à la limite dans ce film c'est juste une stratégie commerciale et un jeu sociologique qui avec le temps deviendra assez externe au métabolisme du film), elles sont surtout des filles qui viennent de sortir de Disney et qui sont bouffées par des pulsions sans cadre moral et parental fort. Leurs parents ne peuvent plus les empêcher de vouloir et de tenter de vivre la violence kitsch dont leur abreuve la culture dominante... il y a quelque chose d'un passage, pas le rite de passage du Spring Break, mais le passage du jouet au vrai flingue. Mais comme on est dans un film postmoderne ça reste de l'ordre de l'idée, le jeu avec un jouet et celui avec un vrai flingue sont presque du même ordre ou dansent sur une frontière floue... à quel moment le flingue est-il l'idée d'un vrai flingue à quel moment est-il juste une image de flingue, ou un jouet. Tout pourtant semble presque sans conséquence (ne pas oublier que l'une, blessée, décide d'abandonner l'aventure) pour les filles qui semblent faire une traversé du miroir, qui sont passés du jouet au monde-film gangsta.
Korine n'a pas à comprendre le gangsta, son sujet c'est la relation de ces filles qui sortent de Disney à l'imagerie gangsta... une imagerie qui chez deux d'entre elles (les dernières à partir, à quitter le film) semble être restée de l'ordre des effets esthétiques des drogues ou de la fiction. Comme si le film en s'approchant de plus en plus de la fin, rentrait dans la pure imagerie.
Les dernières filles dans le cadre de l'image sont celles qui sont parvenues à faire triompher l'imagerie, à réduire les effets du réel le plus longtemps, à totalement abolir la frontière entre jouer avec un faux flingue et utiliser un vrai flingue. (Est-ce là ce qu'il y a de plus problématique dans ce film?)
bref, je reviendrai plus sérieusement sur cette histoire de Spring Breakers.


Dernière édition par wootsuibrick le Dim 14 Juil 2013 - 6:30, édité 2 fois
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Message par Invité Sam 13 Juil 2013 - 7:11

si tu parles de la scène où les deux filles jouent avec le flingue et l'orifice bucal du crooner ça m'a fait penser à ce tableau du Caravage :
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et à ce commentaire du mythe de méduse par Hélène Cixous :
Dans un essai aux allures de manifeste intitulé « Le rire de la Méduse », Hélène Cixous (1975) plaide en faveur du désir et de la libération des femmes à l'égard du discours masculin. Prenant le mythe à contrepied (« Méduse n'est pas mortelle : elle est belle et elle rit »), elle ironise sur les théories freudiennes et refuse la métaphore de la femme vue comme « un continent noir » qu'il faudrait cartographier et coloniser. Elle récuse aussi le mythe de la femme fatale incarnée par Méduse et suggère que la libération des stéréotypes ne peut venir que de l'écriture des femmes, qui doivent se réapproprier leur corps et leur sexualité. Loin d'être confinée aux organes génitaux, la libido féminine ne connaît pas de frontières et est d'ordre cosmique, englobant les deux sexes, avec mille et un seuils de jouissance. Les anciennes structures de haine et de domination doivent céder le pas à des rapports d'égalité basés sur le don et l'amour.
Pour Susan Bowers (1990), le mythe de Méduse présente une image pervertie d'une déesse qui était honorée dans la culture matriarcale. S'appuyant sur les pages que Sartre a consacrées au thème du regard et à la façon dont celui-ci détermine le rapport à autrui, Bowers suggère que la culture patriarcale a fait de Méduse — et par extension de toutes les femmes — l'objet du regard masculin afin d'éviter que les hommes ne soient eux-mêmes objectifiés par le regard de Méduse. L'interdit de regarder Méduse pourrait aussi être lié à l'interdit de contempler le divin. Quant au masque de Méduse, il serait une expression symbolique de la rage des femmes ou de la femme en situation de pouvoir.

Dans la scène en question, avec le "vrai" flingue, passe à l'image quelque chose de l'effroi ayant à voir avec la béance sexuelle (l'impression aussi que l'image jusqu'à présent lisse du film se troue à ce moment là, c'est très fassbindérien). Quignard a écrit aussi sur Le sexe et l'effroi.

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Message par Eluent Jeu 1 Aoû 2013 - 21:13

Après visualisation j'avais écrit :
Bon je n'arrive pas à croire à ces personnages, des filles qui s'impliqueraient autant à incarner les phantasmes MTV, côté blanc spring break côté black gangsta. Poudre aux yeux agités devant les notres, ça n'est pas si facile, tout le long on est amené à se demander si vraiment on n'est pas un peu pris nous aussi par cette imagerie.

Peut-être le projet est : essayer de trouver un lieu un moment dans lequel on pourrait réaliser cette imagerie. C un peu de la science fiction, il y a un monde bizzare, une dystopie avec un "et si" au programme, et si il y avait vraiment un monde semblable au nôtre, à ceci près que la "culture MTV" correspondait à la réalité ?
Ca donne lieu à d'étranges torsions, notamment avec un criant passage par la case prison afin de faire une transition entre l'amérique visage pale et l'afro.

Ca nécessite une floppée de non-sens comme une fille assez tarée pour penser que Spring Break serait une chance de voir qque choses de différent, alors qu'un simple passage par une fête de frathouse suffit pour voir que c'est le programme Spring Break avec la mer en moins.

On ne sait pas ce qu'il advient de la brune encultée, on devine, du moins pour ma part je la vois retourner servir à sa secte des arguments pour son incarcération religieuse, je ne crois pas qu'elle s'échappe.
...
Puis je suis tombé sur un interview de Korine : en fait non, pas de dénigrement, mais une véritable fascination pour la culture trap-rap, le côté Springbreak s'est greffé sur le projet plus tard (pour vendre, pour combler ?). C'est le Korine provocateur et iconoclaste je suppose, il semble réussir à se maintenir dans l'adolescence. J'avais bien aimé Mr. Lonely, bon film de facture plutôt classique, mais sinon dans l'ensemble il sort des films tout trashou que je n'apprécie pas, ici l'aspect est tout lisse, coloré pour finir même dans le fluo, mais le fond reste le même, vomir des valeurs sur un écran. Ce ne sont pas des valeurs des cultures sur lesquels on vomit là, c l'écran la surface de projection.. une vague impression de me faire gerber dessus et de devoir trouver ça cool parce que l'ambiance de la fête l'exige.

Certes ça fait son effet mais ça ne tient pas.

Exemple de détournement culturel :
Spring Breakers de Harmony Korine Pussyriot

Spring Breakers de Harmony Korine Spring10

De Spring Break au trap-rap, des pussy riot aux cagoules à licornes armées jusqu'aux dents mais avec cœurs et lapinou playboy autour du cou.. je ne m'y retrouve pas, et toi ?
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Message par adeline Jeu 21 Nov 2013 - 18:23

J'ai vu le film, pas tout à fait terminé cependant, et j'ai du mal à accrocher. Woot, tu as vraiment aimé aimé ou bien trouves-tu juste que c'est intéressant ? Je n'ai pas rejeté le film en bloc, j'étais plutôt intriguée au début. L'impression de beaucoup de trucs de montage venus du clip, avec le même type de sound design que dans Gravity qui crée une tension étrange ; je ressens la mélancolie dont tu parles, elle m'était perceptible dans le début du film, mais elle a disparu quand le montage avec des petits flashbacks constants s'est intensifié. La mélancolie est due, à mon avis, uniquement à un effet de narration qui fait semblant de n'être pas linéaire, à des techniques de montage. Ensuite, j'ai trouvé ça difficile de sentir la mélancolie de ces gamines qui n'ont rien dans le ciboulot. Pour moi, la question n'est pas la culture dans laquelle elles ont grandi ou l'horizon de leurs émotions esthétique, mais leur rapport au monde, aux êtres, aux choses, à la vie. C'est des idiotes qui vivent pour ressentir des émotions superficielles et temporaires dans un monde de drogue, de sexe et de violence, même si  au début ça n'est qu'imaginaire et désiré, mais qui n'ont rien d'autre dans leur horizon affectif. Quand la brune défend ses copines auprès des deux filles du groupe de prière, elle n'arrive à dire d'elles qu'un truc comme "they're sweet", et de quoi d'autre est faite leur amitié ? Impossible de le savoir. C'est ça le problème. Pas qu'elles écoutent et aiment Britney Spears, mais qu'elles soit persuadées que se trouver et vivre sa vie à fond se fait ainsi… Enfin, c'est comme ça que je le sens.
Que viennent faire les images redondantes des gens en maillot qui dansent sur la plage ? Que sont-elles censées dire ?
Je n'ai pas vu la fin, je me suis arrêtée au moment où l'une des trois blondes se prend une balle dans le bras, mais à ce moment-là j'étais complètement sortie du film, complètement persuadée que c'était du n'importe quoi…

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Message par Invité Jeu 21 Nov 2013 - 20:48

moi aussi j'ai aimé et pourtant c'est très loin de mon goût habituel.
tout ce que tu dis de négatif dans ton post sur ces filles je le prends comme positivement très bien vu par Korine. Cette vacuité des situations, des personnages, de la narration est aussi le sujet du film.

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Message par wootsuibrick Ven 22 Nov 2013 - 7:47

adeline a écrit:J'ai vu le film, pas tout à fait terminé cependant, et j'ai du mal à accrocher. Woot, tu as vraiment aimé aimé ou bien trouves-tu juste que c'est intéressant ?
Je trouve que y a quelque chose de starship troopers mais avec moins de distance, la perspective, le point de vue est bien moins clair... ces personnages ne sont pas juste des "images"...
mais faut que je revois...
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Message par adeline Dim 24 Nov 2013 - 11:02

Mais il faut savoir quel est le vide que Korine construit. On peut lire le film d'une certaine manière. À l'école, les gamines s'ennuient et se dessinent des sexes en érection en feignant des pipes durant un cours sur les droits civiques et la lutte des Noirs aux États-Unis. Telle est l'une des composantes du monde ennuyeux que les quatre copines rêvent de fuir pour le Spring Break. Notons que le film se conclut aussi sur un massacre de Noirs, on voit quel trajet il suit, comme si les Noirs ne s'étaient libérés aux Etats-Unis que pour pouvoir vivre une vie de jouissance hors-la-loi devant se terminer par un massacre.
Si le film était critique, c'est le vide de la vie en Floride qu'on devrait ressentir, c'est ce vide-là que les filles devraient finir par ressentir et fuir. Mais non. Les deux qui le quittent sont présentées comme des perdantes, des blessées, des faibles, des filles qui n'arrivent pas, par peur, à faire le saut de l'imaginaire au réel (selon le film). Et les deux blondes terminent le film vivantes et fortes d'avoir été au bout de leur rêve. Je ne crois pas me tromper en décrivant ainsi l'histoire du film.
Donc, le vide que fuient les filles, celui de l'école, de la vie normale reste décrit et ressenti comme un vide, tandis que celui qu'une lecture critique aimerait voir le film déconstruire est au contraire mis en scène comme un surplus d'émotion, de force, de pouvoir, etc. pour les deux blondes. Le Spring Break qu'elles vivent n'est pas celui des images sur la plage (images imaginaires, de pub, de clip, de promo), mais un "vrai" Spring Break, où on baise vraiment (dans la piscine ou chez les gansta noirs), où on tue vraiment (et on s'en fout pas mal).
Et ce que je disais plus haut, sur le fait que leur vie, à ces quatre filles, est vide, sans sentiments vrais, sans horizon affectif fort, etc., est déconstruit par le film même, qui range ces jugements-là avec les filles moralistes du groupe de prière. Et ce que montre Korine c'est une alternative dont on ne sort pas : on a soit la vie de plaisir, sensuelle, dans la vitesse, les drogues, l'alcool, la perte de la maîtrise de soi, soit une vie ennuyeuse qui ne critiquerait l'autre que par ressentiment et envie. Il n'y a pas de place dans ce monde pour une vie inscrite dans la normalité et riche d'autres choses.

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