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Stranger vs Stranger, l’intégration à la japonaise

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Message par wootsuibrick Ven 12 Oct 2012 - 12:18

Stranger vs Stranger, l’intégration à la japonaise

Stranger vs Stranger, l’intégration à la japonaise Sword_of_the_stranger_01

Au premier abord Sword of the Stranger de Masahiro Andô pourrait sembler n'être qu'un film d’animation, chambara, très efficace mais prévisible. Cependant même s'il s'agit surtout de suivre un récit archétypal qui finira par voir la victoire du bon sur le vilain, il est possible d’y décrypter des thèmes ayant à voir avec la notion « d’identité ».
Le récit commence par l’arrivée d’étrangers au japon, des envoyés de l’empereur Ming accompagnés d’un homme blond aux yeux bleus. Alors que leur objectif nous est encore obscur, apparaît immédiatement le manichéisme du récit : une bande d’étrangers vient semer troubles dans une province du japon.
Le personnage le plus fort du groupe est bien entendu l’homme blond aux yeux bleus, qui tout en faisant partie de ces émissaires de Ming envoyés par leur empereur pour une mission mystérieuse, en est aussi étranger. Mais à aucun moment les autres personnages de son groupe lui font remarquer sa différence, son apparence « non asiatique ». Le sorcier meneur de ces émissaires qualifie juste son manque de profonde croyance en leur mission, comme étant le fait d’un guerrier primaire qui méprise les rites spirituels (magiques). Ce même sorcier désignera d’ailleurs, vers la fin du récit, « les guerriers japonais » attaquant sa forteresse abritant un autel sacrificiel, après avoir tué leur propre seigneur afin d’éviter qu’il serve d’otage, comme étant des « barbares ». En effet le seigneur japonais ne semble détenir son pouvoir que par sa lignée, d'où le fait qu'il n'ait aucune valeur comme otage et absolument pas le statut divin de l’empereur Ming. Cette situation n'a finalement servit qu'à rendre les émissaires Ming complices d'un assassinat menant à un renversement du pouvoir, là où ils pensaient freiner les guerriers japonais en prenant leur seigneur comme otage. Du moins c’est ce que fait comprendre le guerrier blond au sorcier qui mène son groupe, tout en semblant approuver l’acte des guerriers japonais.
Cette réflexion ampute cependant le Japon de son Empereur, et ne nomme comme dirigeants de ce pays que les seigneurs de guerres. Le parallèle le plus juste en terme de "titre", aurait plutôt désigné le Tennô comme pendant de l'Empereur Ming. Mais cet oubli (lapsus?) est peut-être aussi à attribuer à l'absence de réel pouvoir politique du Tennô, "Mikado", à l'époque où se déroule ce récit, ou alors tout simplement à la méconnaissance du système politique japonais de l'étranger aux yeux bleus. Il est cependant difficile de croire qu'il s'agit de quelque chose d'anodin. Cet oubli sert aussi à opposer la croyance, fidélité superstitieuse et sanguinaire des Ming, au système féodal brutal et vicieux, mais "humain" des japonais.
L'action, l'intrigue balance entre fausses complicités des autorités japonaises avec ces émissaires Ming, et trahisons. Les deux camps semblent tout autant médiocres dans leurs manigances politiques, ce qui les différencie à peine de brigands. Mais au fuir et à mesure n’apparaît que l’opposition des autochtones, leur révolte contre cette intrusion arrogante et obscure des Ming sur leur territoire.
Le contraste entre les Ming, au premier abord plus civilisés que les japonais, s’inverse assez vite au regard de leur objectif : ce qu’ils qualifient de projet spirituel et qui semble faire leur supériorité n’est en fait que le sacrifice d’un enfant. Ce sacrifice est censé donner l’immortalité à l’Empereur Ming.
Ainsi lorsque le sorcier meneur des émissaires Ming qualifie les guerriers japonais de barbares, aux yeux de ce que met en jeu le récit, l'action, c’est plutôt l’inverse que le spectateur peut ressentir. Et ce même si le peuple japonais, et son autorité, apparaissent assez rustres et moins développés technologiquement parlant.
Ce sont les Ming qui introduisent les armes à feu, que semblent alors découvrir les japonais. En entendant la détonation des fusils, une aristocrate exprime d'ailleurs sa peur, qui ne semble pas juste due à la nature du bruit produit par l'arme, mais qu'on peut aussi interpréter comme un mauvais présage. Est-ce le début de la fin du code d'honneur des samouraïs, la corruption d'une identité japonaise pure par les techniques étrangères? Bien qu'il ne soit jamais question de code d'honneur ici, le bushidô semblant surtout être un mythe cristallisé durant l'ère Edo, l'emploi du fusil n'apparaitra au cours du récit que comme un acte permettant une victoire sans mérite, au contraire de l'affrontement au sabre.

Ce manichéisme, qu’on pourrait légitimement soupçonné d'être basé sur de la xénophobie s’atténue très fortement lorsque apparaissent les caractéristiques du héros. L’épée de l’étranger du titre ne qualifie en fait pas juste le blond aux yeux bleus, le super vilain accompagnant les Ming, mais aussi le héros du récit qui est en fait un homme aux cheveux roux qui se teint en noir afin de ne pas subir de discrimination de la part du peuple au milieu duquel il vit.
Ce personnage a été trouvé dans un bateau échoué, et « adopté » par un seigneur qui en a fait un de ses guerriers.
Il est d'ailleurs à noter que les personnages de roux ne semblent pas rares dans le chambara, on peut notamment penser à la saga Nemurikyoshiro, avec Ichikawa Raizo, ou à Kenshin le vagabond. Le héros de Sword of the stranger, est peut-être plus proche du personnage de rônin incarné par Ichikawa Raizo. Doit-on y voir des personnages d'origine hollandaise? N'oublions en tout cas pas le rôle qu'a tenu ce pays durant l'ère Edo, bien que Sword of the Stranger semble se dérouler avant cet ère.
Ici joue d'ailleurs une simplification que permet le genre de l'anime : la différence ethnique n'apparait pas dans les traits du visage, mais juste à travers la couleur des yeux et des cheveux. Si le héros avait été un européen brun aux yeux noirs, serait-il passé, sans avoir à se teindre, pour un japonais?

Nous avons donc là une structure qui tout en restant binaire et manichéenne semble mettre à distance la xénophobie, ou plutôt la questionner.
Le problème qui sépare le bon du vilain étant fondamentalement un problème « humain », qui se joue par et au de-là de leur appartenance ethnique.
Les émissaires Ming acceptent leur guerrier blond aux yeux bleus comme l’un des leurs, bien que lui ne semblent être parmi eux que pour des raisons qui dépassent son appartenance à l’Empire.
Le héros japonais, lui, est rônin, un samouraï sans maître qui a décidé de fuir ses responsabilités de samouraï. Ce choix n’a absolument rien à voir avec la couleur de ses cheveux, il s’agit d’un choix moral. La hiérarchie militaire lui a fait verser du sang « innocent ». Son choix est donc dû au refus d’obéir à une autorité militaire qui l’a poussé au crime.
L’obéissance parfois criminelle à une hiérarchie aux objectifs sanguinaires est d’ailleurs à plusieurs reprises questionnée par les actes et pensées des personnages. Il est bien entendu facile par ce prisme, de penser aux faits guerriers de l’Empire japonais durant la Seconde guerre mondiale.
Le blond accompagnant les Mings, tout en ne partageant rien des raisons de son Autorité, obéit aux ordres, et même lorsque ces ordres impliquent la mort d’un innocent. Il est « fort », contrairement au héros qui est hanté par la mort d’hommes et femmes qu’il a tué en obéissant aux ordres. Le seigneur de guerre qui par le passé s'est battu aux côtés du héros soulignera d'ailleurs cette "faiblesse", tout en regrettant le fait que la force monstrueuse du héros, qu'il met en parallèle avec celle du Ming blond, ne serve plus aucune ambition.
Ce qui sépare ces deux figures d’étrangers ce n’est donc pas non plus la relation qu’ils semblent avoir avec leurs nations d’adoption, mais leur humanité.
Le héros choisit de se teindre les cheveux en noir pour s’intégrer, mais cet acte n’apparaît pas comme un rejet de son « identité », juste comme une envie de vivre plus tranquille l’Epoque où il est obligé d’errer. Les différences qui caractérisent ces deux figures d’étrangers ne semblent être que dans l’apparence physique. Le héros parle japonais, et apparaît comme japonais lorsqu’il cache sa différence physique. Le blond Ming, parle chinois et semble être totalement accepté par les siens. Ceux-ci ne semblent pas voir sa différence physique, contrairement au peuple japonais, qui s’en étonne, et le qualifie de « monstre ».
On pourrait donc croire que la monstruosité de ces deux personnages aux yeux du récit n’est due qu’à leur apparence physique.
Mais autre chose semble en faire des personnages à part, et ce, qu’ils soient du côté Ming ou japonais : ils sont les plus forts, ce sont les deux hommes supérieurs du récit.
Que peut bien signifier le fait que dans un récit qui prend place au Japon, et qui met en scène un monde asiatique, les deux personnages les plus « forts » soient des étrangers venant de pays inconnus ?
Le japon apparaît comme le japon, même si il n’est pas nommé durant le récit car nous en sommes encore à une époque féodale. L’Empire Ming apparaît comme l’Empire Ming. Il s’agit de deux lieux qui existent historiquement. Mais les deux personnages rivaux, les deux sommets antagonistes du récit, sont des personnages dont l’origine est « abstraite », bien que leurs caractéristiques physiques les désignent comme étant d’ethnie « européenne ».
Malgré le fait qu’il se plaigne du fait que ses caractéristiques physiques jouent contre son intégration, il est facile d’imaginer le héros comme un miroir du vilain de l’histoire, qui lui affiche sa différence.
Le héros est celui qui choisit pour raison « humaine » de fuir la hiérarchie militaire, de devenir un être errant, et sans maître. D’ailleurs comme certains personnages de western, ou de chambara, il n’a pas de nom. Il est nommé nanashi (sans nom). Son Némésis Ming, lui, porte un nom, et n’erre que sous les ordres de l’autorité de l’empereur, bien qu’au fond seule l'anime la recherche d’un homme qui puisse se mesurer à lui. Au début du récit après avoir décimé une horde de brigands japonais, il se demande : « n’y a-t-il que des bretteurs faibles dans ce pays ? ».
Il trouvera à la fin du récit adversaire à sa taille, et décidera de laisser de côté les impératifs de l’Empereur en empêchant le sorcier Ming de tuer le héros à distance à coup de fusil. Il refuse qu’on lui enlève ainsi la joie, le risque d’affronter, de se confronter à son égal.
Ayant trouvé cet égal, il n’a plus besoin d’errer sous les ordres de l’autorité. Il « aime » désormais le pays où il a pu trouver aussi fort que lui.
Si son adversaire n’était "que japonais", il aurait été facile de voir dans cette situation, quelque chose de l’ordre d'une fierté nationaliste. Le super étranger blond ayant trouvé défi à sa hauteur non pas chez les Ming, mais dans le pays de Miyamoto Musashi et Sakamoto Ryoma, d'autres héroïques figures de rônins ayant peuplé à maintes reprises le genre du chambara. Mais l’homme qui fait réviser le jugement du vilain sur le Japon contrairement à Sakamoto Ryoma et Miyamoto Musashi, est lui aussi un étranger, et ce, bien qu’il apparaisse aux yeux du vilain comme étant japonais. Ce qui importe n’est pas d'ordre génétique, mais ce qui agit et vit puissamment à l’intérieur du Pays, et même si les grandes actions qui font cette puissance sont sans nom, et n’appartiennent pas à l’ethnie majoritaire.
Le film après la victoire du héros, ne se conclue d’ailleurs pas par une note patriotique, ou par le triomphe de l'intégration. L’enfant que sauve le héros du sacrifice superstitieux des Ming, et qui semble lui aussi d’une origine tout autant mystérieuse, obscure, bien qu’étant « asiatique » (il a vécut chez les Ming, parle aussi leur langue, mais a rejoint le japon avec un moine japonais), propose au héros sans nom qu'ils quittent ensemble le Japon afin de vivre plus librement son (leurs) identité(s). Le rêve de Sakamoto Ryoma, l'un des plus grands héros nationaux japonais, à la fin de l'ère Edo était aussi de parcourir les mers après avoir œuvré à une ouverture raisonnable du Japon sur le monde étranger. Cette ouverture raisonnable était un compromis entre la fermeture totale que prônait certains partis xénophobes (dont celui dans lequel il s'était inscrit, le kinnotô, avant bien entendu de s'en écarter), et l'ouverture totale au commerce avec les hommes blancs, malgré les traités inégaux.




Dernière édition par wootsuibrick le Dim 14 Oct 2012 - 16:04, édité 9 fois
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Message par Invité Sam 13 Oct 2012 - 11:58

woot', qu'est-ce que tu bosses ! Wink


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Message par wootsuibrick Sam 13 Oct 2012 - 13:01

Smile
(je devrais plutôt m'atteler à mon texte sur Malick lol)
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Message par Borges Sam 13 Oct 2012 - 13:20

wootsuibrick a écrit: Smile
(je devrais plutôt m'atteler à mon texte sur Malick lol)

on disait que c'était ton échauffement
Wink
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Message par wootsuibrick Sam 13 Oct 2012 - 13:24

J'espère que je vais pas m'essouffler avant de passer aux choses sérieuses. lol
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Message par Borges Sam 13 Oct 2012 - 13:39

wootsuibrick a écrit:J'espère que je vais pas m'essouffler avant de passer aux choses sérieuses. lol

lol
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Message par Invité Dim 14 Oct 2012 - 19:08

n'y aurait-il pas un petit relent politique dans tout ça, du genre Russie-Chine vs Japon-Occident ?


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Message par wootsuibrick Lun 15 Oct 2012 - 3:12

J'ai pas cherché à creuser de ce côté là... mais l'idée m'est venu que le blond aux yeux bleus avait quelque chose de Russe (plus que d'Allemand ou autres pays européens, et les méchants sont vêtus de capes rouges lol).
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Message par Invité Lun 15 Oct 2012 - 18:48

oui, c'est le blond vs le roux qui m'a mis la puce à l'oreille : le slave et l'anglo-saxon.
le film est bien ?


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Message par wootsuibrick Lun 15 Oct 2012 - 18:49

le film est assez superficiel, mais "efficace".
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Message par Invité Lun 15 Oct 2012 - 18:52

un bon bourrinage, quoi ? Wink


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Message par wootsuibrick Lun 15 Oct 2012 - 18:55

un bourrinage bien amené côté rythme et réalisation (bien que l'animation soit moyenne), mais les personnages sont inintéressants. La nouveauté, faire s'affronter deux "étrangers" dans un chambara c'est ce qui crée l'intérêt du truc.
Apparemment il a eu d'assez bonnes critiques côté presse à sa sortie.
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Message par wootsuibrick Lun 22 Oct 2012 - 16:50

En parlant de série d'animation japonaise qui valent le détour... Je viens de tomber sur le premier épisode de Kaiba (par le réal de Mind Game)... étonnant : http://anilinkz.com/kaiba-episode-1
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