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John CASSAVETES

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Message par Invité Mar 2 Juil 2013 - 9:56

Jerzy a écrit:Love streams est mon Cassavetes préféré (avec le relativement sous-estimé Minnie & Moscovitz - vitalisant, pêchu). Dans une filmo qui est véritablement un quasi-sans fautes, un "grand chelem". Une succession de chefs d’œuvre, quoi.
Y compris Gloria. Pas vu Too late blues et A child is waiting. Quand j'émettais quelques critiques superficielles sur Husbands, par exemple, ça ne voulait pas dire que je ne trouvais pas que c'était énorme, de toute façon.
Love streams. Bouleversant, extraordinaire, fracassant, foudroyant, hyper-drôle et hyper-tragique en même temps... les mots me manquent pour dire à quel point je trouve que c'est un grand film... On en sort complètement essoré, voilà.



John CASSAVETES LS12
Gena Rowlands, Love Streams(1984)

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Love Streams


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Une femme sous influence(1974)


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Seymour Cassel à Gena Rowlands, Minnie and Moskowitz(1971)
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Message par wootsuibrick Mar 2 Juil 2013 - 11:37

jerzy a écrit:Pas vu Too late blues

Too late blues, sans doute le seul Cassavetes, parmi ceux que j'ai vu, dont je n'ai quasiment aucun souvenir. (je me souviens avoir "bien aimé")
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Message par Invité Mar 2 Juil 2013 - 20:32

j'espère qu'un jour on pourra voir la première version de Shadows,
"tandis que la seconde version de Shadows n'est qu'un film hollywoodien de plus", écrivait Mekas dans son ciné-journal à la sortie du film...
J'aimerais bien comprendre la différence radicale entre les deux versions, ce qui rendait malade à ce point Jonas Mekas...

John CASSAVETES SHADOWS

Pour Cassavetes, c'est tout le contraire, il rejette cette première version, "film intello, moins qu'humain, c'était bourré de virtuosité technique, d'angles impossibles avec un montage ultra-sophistiqué", et réécrit des scènes de Shadows contre son premier essai.
John CASSAVETES Shadows%20version%202

Mekas lisait son exil dans le scénario de Shadows, et il n'en supportait pas "le sentiment de la respectabilité classique" dans la version 2 de Cassavetes, la morale quelconque d'un scénario à intrigue. C'est sans doute le "il va" qui lui semble barré dans le second Shadows de Cassavetes...

"Benny - Inquiet de ne pas connaître la couleur de sa peau, il voudrait se faire admettre dans le monde de l'homme blanc. Au contraire de son frère Hugh, ou de Janet, il n'arrive pas à libérer son émotivité. Il a passé la majeure partie de sa vie, à ce jour, à décider quelle était sa couleur. Maintenant qu'il a choisi d'être un Blanc, le problème pour lui est de l'intégrer. Cela lui est difficile, car il sait qu'en un sens il trahit les siens. Sa vie est un combat sans but pour trouver quelque chose d'abstrait, son existence quotidienne ne débouche sur rien, et il va..."
Fin du scénario

Ce clash entre Cassavetes et Mekas nous en dit pas mal sur leur cinéma en train de se faire.
Un texte de Mekas paru dans les Cahiers en juin 1960, "Le nouveau cinéma américain, tendances et climat" : http://ti1ca.com/w33uttwi-le-nouveau-cinema-americain-Cahiers-du-Cinema-n--108.pdf.html

Cassavetes  ET  Mekas, deux cinéastes très différents donc, qui comptent beaucoup dans mon petit panthéon cinématographique...

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Message par Invité Sam 1 Mar 2014 - 8:00

Borges a écrit:
lettre de JC à Jonas Mekas  à propos du montage dit commercial de "shadows"...qu'on peut trouver sur le site de nos amis jargonneurs sans pensée de débordements :

http://www.debordements.fr/spip.php?article247#nb2

Le projet d’améliorer un film semblerait susciter quelques réticences. Dans un récent numéro du Village Voice, M. Jonas Mekas, qui depuis près d’un an défendait ardemment une expérience cinématographique en 16 mm intitulée Shadows, s’époumone en accusations ridicules contre la seconde version de ce film, donnant à entendre que celle-ci serait le produit d’un compromis commercial passé avec de supposés distributeurs.

Peut-être serait-il sage de considérer d’abord la genèse de ce film qui recouvre une période de trois années. Shadows a commencé comme une expérience d’atelier, avec pour visée de nouvelles approches stylistiques de la cinématographie. Le film a été improvisé par les acteurs ; il n’y avait pas de scénariste ; il a été tourné avec une honnêteté intransigeante, avec soin et dans une totale indifférence aux critiques. Il a été réalisé avec la conviction d’une jeunesse aux prises avec la vieille garde, et quiconque a été détruit par la dureté des expédients auxquels vous réduit le monde économique se trouvait aux côtés du film. Pas un acteur n’a été payé pour sa prestation, pas plus que les techniciens n’ont été rétribués.

Nous ne savions pas, en commençant, qu’il faudrait trois années de dur travail pour terminer ce que nous pensions alors pouvoir accomplir au mieux. Au cours de ces trois ans, la marée d’enthousiasme qui nous entourait au début a décru et fini par se muer en rejet. Les gens de Shadows continuèrent, ayant perdu tout espoir d’injecter un peu de vitalité dans l’industrie, mais par fierté et par égard pour le film auquel ils étaient tant dévoués.

Lorsqu’enfin la première version fut montée et prête, elle fut projetée gratuitement au Paris Theatre devant deux mille personnes, au cours de trois séances, à minuit. Cette version initiale a dans l’ensemble été reçue avec hostilité. Quelques-uns, et M. Mekas parmi eux, eurent le sentiment qu’elle ouvrait une nouvelle ère pour la cinématographie. L’adhésion de M. Mekas nous fit extrêmement plaisir, elle nous permettait de penser qu’au moins quelqu’un avait compris nos efforts : puis, lorsque sa revue Film Culture honora Shadows d’un prix pour son originalité, nous fûmes comblés.

Cependant, la dure vérité reste que la version initiale de Shadows n’était pas acceptée par la grande majorité des spectateurs éclairés, ceux-là mêmes qui avaient défendu ce type d’esthétique. La vérité, qu’il fallait admettre, était que le public n’arrivait pas à sympathiser avec les personnages décrits par le film, que les rythmes et le style naturels élaborés, dont nous étions si fiers, étaient minés par la nature grêle des figures, l’absence dans la narration de toute construction de contexte et les incohérences dans le développement des personnages.

Ce fut un choc que de reconnaître ces erreurs, l’aveu fracassant de notre incompétence. Il aurait été facile de se ranger aux côtés de ceux, bien rares, qui refusaient de croire que le film puisse ne pas être merveilleux, suivant une faiblesse caractéristique de l’humanité. Il aurait été très facile de briser là, d’ignorer les critiques, de décréter que ceux qui ne nous avaient pas compris étaient des idiots et que nous n’essayions d’impressionner personne.

Cependant, je crois profondément qu’une expression, de quel qu’ordre qu’elle soit, doit avoir été comprise pour accéder à la signification. Selon moi, les films peuvent éduquer, éclairer, divertir et délivrer les gens de leurs peurs secrètes, de leurs terreurs intimes, de leurs préjugés. Selon moi, il est impératif de maintenir son intégrité aussi loin que possible, parce que se trouver en position d’être entendu et d’orienter l’opinion confère une responsabilité qui doit être assumée. Autrement, un homme vit, en toute conscience, de manière déchue. Il me serait impossible, personnellement, de laisser penser que je suis intègre et pur tout en sachant intimement que je suis un imposteur. Cela m’obligerait à vivre dans la peur du temps, la peur de gâcher la seule vie dont je dispose.

Nous avons essayé de faire une seconde version de Shadows avec ces principes à l’esprit. M. Mekas a raison d’affirmer que cette version diffère complètement de la première. Elle a été réalisée pour être mieux comprise, et selon un type de compréhension qui provient de la vie, non de l’opinion d’autrui. En aucune façon elle n’est le produit d’une concession et, à mes yeux, elle est de loin supérieure à la première. Une partie de la musique, la poésie de l’expressivité d’ensemble ont disparu, mais l’expressivité individuelle, d’individus précis, est bien là. Le style cinématographique si saillant dans la première version est devenu l’instrument des expériences émotionnelles que les personnages traversent. Les scènes, à mes yeux, sont accomplies ; l’imagination de la jeunesse, qui étincelait dans la première version, revenait plus forte, plus claire, mieux déterminée à éclairer plutôt qu’à prouver.

Peut-être M. Mekas ne sait-il pas que le film n’est pas vendu, et que l’argent de la production a été offert par de nombreux amoureux du cinéma. M. Mekas serait bien inspiré de considérer à nouveau les deux versions de Shadows, débarrassé des préjugés sans fondements qui semblent altérer, et compliquer, sa réflexion sur le cinéma et ses fins.

John Cassavetes, Pacific Palisades, Californie.




Ce texte a été traduit par Nicole Brenez pour son étude critique de Shadows publiée en 1995 dans la collection "Synopsis" des éditions Nathan. L’introduction a été révisée à l’occasion de cette nouvelle parution.


[1] Al Ruban, « Faces from my point of view », in John Cassavetes, Faces, The New American Library, 1970, p. 15. Traduit par l’auteur.

[2] In Doug Headline et Dominique Cazenave, John Cassavetes, Portraits de famille, Paris, Ramsay Cinéma, 1994, pp. 173-174.

[3] The Village Voice, 16 décembre 1959, pp. 4-5.

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Message par Borges Sam 1 Mar 2014 - 8:13

Hi
Lettre à lire avec en tête la question de Deleuze, pour qui le cinéma expérimental, les avant-gardes cinématographiques étaient une impasse, sans issue, si leurs "expérimentations" n'étaient pas "reprises" dans le cinéma "ordinaire" :

Qui est le plus fort,  qui est le plus génial...? Celui qui se lance dans la voie expérimentale ou celui qui réinjecte les données expérimentales dans l'image-mouvement ?"


(Deleuze)
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Message par wootsuibrick Sam 1 Mar 2014 - 14:17

deleuze ne croyait donc pas au parallèle, que font parfois les défenseurs de l'expérimental : cinéma expérimental/cinéma "narratif" et poésie/"prose"?
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Message par Borges Sam 1 Mar 2014 - 15:22

wootsuibrick a écrit:deleuze ne croyait donc pas au parallèle, que font parfois les défenseurs de l'expérimental : cinéma expérimental/cinéma "narratif" et poésie/"prose"?

il parle peu du cinéma expérimental, comme tu le sais, quelque films, quelques auteurs, les plus connus, par exemple snow...dans l'un de ses cours, il parle assez longuement de "la région centrale"...

je crois qu'il ne croyait pas au partage cinéma/cinéma expérimental; au fond est-ce que cela veut dire quelque chose, ce serait quoi par exemple la littérature expérimentale, ou la peinture expérimentale... on parle de musique expérimentale, mais qu'elle soit expérimentale ne lui confère aucune valeur en soi...un jour à la médiathèque, j’emprunte quelques CDs de musique  expérimentale, mais pas tant que ça,  et un live de  coltrane (le Village Vanguard, je crois);  un des mecs qui bosse là, très branché expérimentation, jette un oeil sur mes CDs, et  me dit "super, ce CD de wpapsasns"; "oui, je dis, le coltrane n'est pas mal non plus..." Il a pas apprécié.

Comme disait Straub : stagecoach c'est du cinéma expérimental...





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Message par dreampeace Lun 3 Mar 2014 - 10:10

Hi,

Notre ami Cassavetes arriverait presque à nous faire croire que c'est par amour de l'art qu'il a voulu atteindre un certain "Hollywood"... Sacré Johnny. :-)

Sinon, toujours trouvé un peu légères ces oppositions systématiques, Poésie/Prose, Expé/Narratif même quand il s'agit de Deleuze... Dans les deux, si il n'y a pas de poétique, il n'y a pas grand chose. Et c'est toujours confondre pas mal de choses que de se dire "Si on fait un film qu'on sait déjà qu'il sera peu vu, c'est un peu de la branlette"... Ce qu'est 95 % du cinéma expérimental, faut bien le dire, mais ce n'est pas pour ça qu'il faut écarter le vivant, le réussi, celui qui accompagne les gestes quotidiens, la vie elle même, la pensée spontanée; ce que Cassavetes ne pourra jamais faire en voulant parler à un public large, en oubliant la notion de spectateur... Public face à Spectateur; voilà le vrai combat.
De mon côté, je demanderai aussi "lequel a le plus de foi, ou d'amour ?", si il faut demeurer dans ces oppositions...
Mais enfin, je pense aimer beaucoup les deux, si ça veut dire quelque chose... Peut être dois je choisir ? Sinon je vais être un collabo... Aie...
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