Vidéos des spectres (du cinéma)

When I was at Elkton Hills, I roomed for about two months with this boy, Harris Mackim. He was very intelligent and all, but he was one of the biggest bores I ever met. He had one of these very raspy voices, and he never stopped talking, practically. He never stopped talking, and what was awful was, he never said anything you wanted to hear in the first place. But he could do one thing. The sonuvabitch could whistle better than anybody I ever heard. He’d be making his bed, or hanging up stuff in the closet–he was always hanging up stuff in the closet–it drove me crazy–and he’d be whistling while he did it, if he wasn’t talking in this raspy voice. He could even whistle classical stuff, but most of the time he just whistled jazz. He could take something very jazzy, like “Tin Roof Blues,” and whistle it so nice and easy–right while he was hanging stuff up in the closet–that it could kill you. Naturally, I never told him I thought he was a terrific whistler. I mean you don’t just go up to somebody and say, “You’re a terrific whistler.” But I roomed with him for about two whole months, even though he bored me till I was half crazy, just because he was such a terrific whistler, the best I ever heard. So I don’t know about bores. Maybe you shouldn’t feel too sorry if you see some swell girl getting married to them. They don’t hurt anybody, most of them, and maybe they’re secretly all terrific whistlers or something. Who the hell knows? Not me.

(Salinger, bien entendu)

http://vimeo.com/29996808

Si je lis avec plaisir cette phrase, cette histoire ou ce mot, c’est qu’ils ont été écrits dans le plaisir (ce plaisir n’est pas en contradiction avec les plaintes de l’écrivain). Mais le contraire? Écrire dans le plaisir m’assure-t-il – moi, écrivain – du plaisir de mon lecteur? Nullement. Ce lecteur, il faut que je le cherche (que je le “drague”), sans savoir où il est. Un espace de la jouissance est alors créé. Ce n’est pas la personne de l’autre qui m’est nécessaire, c’est l’espace : la possibilité d’une dialectique du désir, d’une imprévision de la jouissance : que les jeux ne soient pas faits, qu’il y ait un jeu.

(Barthes)

hi, slimfast tu aimes?
y a un côté tati; non? qui donnerait presque raison à ceux qui disent "mon oncle, c'est réac';

slimfast a écrit:j'avais déjà vu ces vidéos. Il me reste à voir le coffret, que j'ai trouvé.

dans Nadja, il n'y a pas de problématique ... mais déjà l'inimitable ton ...

ah, je trouve pas que ce soit déjà le ton rohmer, curieusement; ça sonne parfois presque comme du Resnais, "hiroshima"; je sais pas si tu sens ça;

balthazar claes a écrit:
"... mais on trouve à Saint-Germain une collection de visages intéressants" (5'14, première vidéo)

Finalement il y a bien des Noirs chez Rohmer : ils ont même des visages intéressants (pour les collectionneurs).

"J'ai découvert un monde sans problèmes, plus simple, ça m'a beaucoup aidée" (5'00, deuxième vidéo) : celui des bars prolos de Belleville qui la délassent agréablement de la Sorbonne et des intellos rive gauche. Ces indigènes sont tellement pi-tto-resques (à petite dose).

Sinon c'est surtout rasoir, le côté "ces images vous sont offertes par l'office du tourisme de la ville de Paris". Mais c'est plutôt bien filmé et monté, sportivement, en comparaison de la suite.

hi BC;
je sais pas si on voit souvent ce paris dans rohmer; on retrouve Belleville dans "conte d'hiver"; la fille y bosse; on voit aussi un marché (populaire), quelques "étrangers"; si je me trompe pas...

slimfast a écrit:la légèreté, la fluidité, la rapidité, la simplicité, l'efficacité, le délié, la beauté ...

l'éclat, la fraîcheur, la poésie, le charme, la surprise, le goût, le naturel, la séduction, et combien de choses encore qui n'ont pas reçu de nom, et qui se cherchent dans ces images, qui cherchent les mots qui les nommeraient, qui les amèneraient à la parole; attente et recherche vaines, hélas : le secret de cet art n'a pas de nom, n'a pas encore été nommé, ne le sera jamais; car, comme le disait Maurice Blanchot, dans un texte inédit : ce que nous voyons chez Rohmer ne se loge pas dans ce que l'on pourrait en dire, ni dans ce que disent ses personnages, et ce que nous entendons ne sera jamais visualisé; c'est dans cette séparation, cet écart, qu'est tout l'art de son cinéma; beauté de la parole sans image, et de l'image sans parole; ainsi de rohmer, on peut dire, que son cinéma est à la fois le plus muet des cinémas, et le plus parlant; éloquence de l'image, visible des paroles. Tout tiendrait chez rohmer dans une formule "le goût de la beauté", un goût très loin de celui qui faisait dire à rimbaud que s'il avait du goût "ce n'est guère que pour la terre et les pierres"; aucun goût de la pierre chez rohmer, pas non plus pour la terre; rien de plus éloigné de son plan, de son image, de ses mots que le cinéma de Huillet/straub; pas de goût pour la pierre, la terre, les morts, pour la résistance; chez rohmer, le goût de la beauté est un goût de la vie; car seule la vie est belle, seule la vie vivifie l'image et les mots...on ne dira pas son art sublime, ce serait une erreur grave, ne rien y comprendre; l'art de rohmer est un art de la beauté, du goût, un accord harmonieux entre l'imagination et l'entendement, entre la liberté et la loi; un libre jeu, une libre faveur qui ne s'accorde qu'à ceux qui sont naturellement portés au naturel, à la nature, par une grâce, qui n'est ni dans les mots ni dans les images, et toute entière dans le cinéma de rohmer.