Tetro (F.F. Coppola)
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Borges
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Largo
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Tetro (F.F. Coppola)
Oubliez les Champs-Elysées, le plus bel éclairage, les lumières les plus scintillantes sont à Buenos Aires dans le film de FFC.
Elles brillent d'un éclat si puissant que je vous conseille de ne pas oublier vos lunettes (2D suffiront)...
Elles brillent d'un éclat si puissant que je vous conseille de ne pas oublier vos lunettes (2D suffiront)...
Re: Tetro (F.F. Coppola)
j'ai entendu ce type à la télé, FFC, je veux dire; et je dois dire qu'il m'a vraiment déçu; quand la journaliste lui a demandé son souhait pour l'année à venir, il a répondu "le bonheur pour ma famille"; je sais que son film cause de la famille, c'est compréhensible, c'est humain, mais il aurait tout de même pu élargir son désir de bonheur à l'univers entier, après tout, sa famille est dans l'univers, et elle aurait été aussi heureuse... sinon les quelques images que j'ai vues du film ne me semblent pas annoncer quelque chose d'exceptionnellement exceptionnel...
Borges- Messages : 6044
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Je l'ai vu sur France 2, il y a quelques jours. Rien de bien palpitant, non plus, tant de sa part que de celle du journaliste. Réciproquement.
Pas encore (tout à fait) vu le film.
Pas encore (tout à fait) vu le film.
lorinlouis- Messages : 1691
Re: Tetro (F.F. Coppola)
la partie qui se déroule à Cuba est d'une beauté sans nom, la fin est absurde et ne respecte pas le minimum syndical de vraisemblance.
Re: Tetro (F.F. Coppola)
"le bonheur pour ma famille", c'est une réponse qui donne vraiment envie de vomir, quelque soit la personne qui la prononce.
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Présence Humaine a écrit:"le bonheur pour ma famille", c'est une réponse qui donne vraiment envie de vomir, quelque soit la personne qui la prononce.
Pourquoi ?
Le_comte- Messages : 336
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Le_comte a écrit:
Pourquoi ?
Voyons, Le Comte... Aucune famille ne mérite le bonheur.
C'était pas le sujet du Parrain, non ?
lorinlouis- Messages : 1691
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Le_comte a écrit:Présence Humaine a écrit:"le bonheur pour ma famille", c'est une réponse qui donne vraiment envie de vomir, quelque soit la personne qui la prononce.
Pourquoi ?
je trouve ça tout simplement mesquin et égoïste. Je sais pas, en temps normal ce genre de questions est l'occasion de sortir des réponses naïves et qui englobent le monde entier. Il a peut-être voulu se cantonner à une réponse modeste et réalisable, mais même là je trouve ça triste et nase. On lui demande de parler en tant que réalisateur bordel.
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Présence Humaine a écrit:Le_comte a écrit:Présence Humaine a écrit:"le bonheur pour ma famille", c'est une réponse qui donne vraiment envie de vomir, quelque soit la personne qui la prononce.
Pourquoi ?
je trouve ça tout simplement mesquin et égoïste. Je sais pas, en temps normal ce genre de questions est l'occasion de sortir des réponses naïves et qui englobent le monde entier. Il a peut-être voulu se cantonner à une réponse modeste et réalisable, mais même là je trouve ça triste et nase. On lui demande de parler en tant que réalisateur bordel.
salut,
peut-être que sa famille, c'est l'humanité entière, nous serions tous les fils et les filles de Coppola.. si on voit FFC, et s'il se voit, comme Dieu le père !
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Présence Humaine a écrit:
je trouve ça tout simplement mesquin et égoïste. Je sais pas, en temps normal ce genre de questions est l'occasion de sortir des réponses naïves et qui englobent le monde entier. Il a peut-être voulu se cantonner à une réponse modeste et réalisable, mais même là je trouve ça triste et nase. On lui demande de parler en tant que réalisateur bordel.
Ok, parce que dire du bien de la famille n'est pas un mal en soi, comme on pourrait le croire en lisant beaucoup de choses actuellement. Puisque, apparemment, c'est réactionnaire de défendre la famille, c'est vieux, insensé (cf : tout les sous-entendus idéologiques tout aussi réac de ceux qui accusent Apatow et bien d'autres d'être réac)
Il me semble que Coppola propose une réponse intéressante la-dessus.
ccamille a écrit:tout ça c'est bullshit car le film est d'une beauté foudroyante
Tu veux dire que les images sont belles, comme un beau tableau, et puis c'est tout ? C'est beau parce que c'est voulu, ou parce que c'est vrai, au sens rossellinien du terme ?
Le_comte- Messages : 336
Re: Tetro (F.F. Coppola)
tu peux éliminer le dernier membre de phrase, mmm non.
Pour le reste ce film est un bidouillage ou bricolage de génie comme sait le faire Coppola et c'est particulièrement beau car j'y trouve une idée de cinéma que j'aime et qui s'est exprimée à travers bien d'autres cinématographies présentes par allusions, alluvions, ici, dans ce film même.
Pour répondre plus précisément à ta question je dirais que le film recèle une idée platonicienne du beau.
Pour le reste ce film est un bidouillage ou bricolage de génie comme sait le faire Coppola et c'est particulièrement beau car j'y trouve une idée de cinéma que j'aime et qui s'est exprimée à travers bien d'autres cinématographies présentes par allusions, alluvions, ici, dans ce film même.
Pour répondre plus précisément à ta question je dirais que le film recèle une idée platonicienne du beau.
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
mais n'est-ce-pas Norma Desmond, relookée, grossièrement - ce qui en accentue la drôlerie - par l'ami Francis ?
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Bon, je crois qu'il y a deux manières d'aller à l'adolescence, bien plus, en fait, mais pour aller vite, il y a celle de Avatar, et celle de Tetro; et simmel, le philosophe, et sociologue, de la vie, de l'aventure, du fric, notamment, dirait que celle d'avatar est la bonne, celle qui correspond le mieux à l'idée de la jeunesse, à la jeunesse comme idée : l'aventure... quand Indochine s'est lancé dans l'aventure, ils ne pouvaient pas commencer autrement qu'avec l'aventurier,
de simmel à kracauer
"C'est à l'homme seul qu'il est donné, face à la nature, de lier et de délier, selon ce mode spécial que l'un suppose toujours l'autre"
(c'est avatar, le monde comme un immense cerveau; ici, positivement, on pensera aussi bien au tout comme ouvert, chez Bergson, et bien entendu à deleuze)
famille, comme société fermée, close : le bonheur pour ma famille; FFC
famille, comme société ouverte : le bonheur pour l'univers; JC
une fois de plus le nom fait loi : JC
de simmel à kracauer
"C'est à l'homme seul qu'il est donné, face à la nature, de lier et de délier, selon ce mode spécial que l'un suppose toujours l'autre"
(c'est avatar, le monde comme un immense cerveau; ici, positivement, on pensera aussi bien au tout comme ouvert, chez Bergson, et bien entendu à deleuze)
famille, comme société fermée, close : le bonheur pour ma famille; FFC
famille, comme société ouverte : le bonheur pour l'univers; JC
une fois de plus le nom fait loi : JC
Borges- Messages : 6044
Re: Tetro (F.F. Coppola)
c'est rigolo mais je ne donnerai pas mon écot à Avatar ; derrière les jeux de mots se cachent à peine les dures lois économiques de la production, la rentabilité, la captation d'une clientèle.
Nous sommes tous bernés par les puissances du faux mais je fais simplement un autre choix que le tien.
D'ailleurs comment concilies tu tes passions étanches pour Badiou et Avatar ?
Nous sommes tous bernés par les puissances du faux mais je fais simplement un autre choix que le tien.
D'ailleurs comment concilies tu tes passions étanches pour Badiou et Avatar ?
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Tetro, beau ? je ne sais pas.
Je dirai joli, au mieux agréable, dans l'idée de Kant.
Mais je comprends ccamille en quoi tu peux trouver Tetro beau. Les éclats des lumière, les séquences en numérique qui se déroule sur un plateau de théâtre reconstruit en image de synthèse et qui rejouent les Contes d'Hoffman de M.P. et E.P. Tout ça évidemment, ça a un côté beau.
Tu pourrais préciser en quoi tu entends vraiment que Coppola fait un beau film ?
Je me suis méfié de la joliesse des plans. J'ai été comme Tetro (Vincent Gallo), distant vis-à-vis de la fascination exercée par la lumière. Les glaciers de Patagonie qui brillent, le Fausta qui verse dans la bouffonnerie, sautant de Goethe à l'opéra bouffe d'Offenbach, c'est joli, et quoi d'autre ?
On est souvent pas loin du kitsch. Comme chez Cameron finalement. Mieux, comme chez Lucas. Le coup du "I am your father" qui renvoie à The Empire strikes back, sacré rigolade.
Le film au début accumule les défauts du film US indé, avec les sauces de la torpeur et du dilettantisme. Puis y a un truc qui jaillit. Je crois que ça tient, comme tu le dis ccamille, au bricolage du montage qu'accomplissent Coppola et Walter Murch.
En revanche, la photographie de Milaimare Jr. n'apporte pas grand chose. Sinon un à-plat, quelque chose de froid. Coppola a avoué qu'il n'utilisait le numérique, non pas par attrait esthétique, mais parce qu'il voulait participé à la propagation de cette nouvelle technologie.
Coppola comme un agent de promotion du numérique. Y a forcément autre chose pour qu'il s'adonne au numérique mais il ne le dit pas.
Je ne sais plus qui est-ce qui disait du numérique qu'il fallait faire attention à ce qu'il ne soustraie pas de la chaleur aux images. Malheureusement y a pas de chaleur dans l'image de Milaimare. Je veux dire par là que ses plans ne rendent pas l'humanité, pas vraiment le sentiment d'une famille, pas l'impression d'être là avec les personnages du film. Au mieux y a un look, c'est vrai. Mais le look, c'est l'affaire des images, des images mercantiles.
Je dirai joli, au mieux agréable, dans l'idée de Kant.
Mais je comprends ccamille en quoi tu peux trouver Tetro beau. Les éclats des lumière, les séquences en numérique qui se déroule sur un plateau de théâtre reconstruit en image de synthèse et qui rejouent les Contes d'Hoffman de M.P. et E.P. Tout ça évidemment, ça a un côté beau.
Tu pourrais préciser en quoi tu entends vraiment que Coppola fait un beau film ?
Je me suis méfié de la joliesse des plans. J'ai été comme Tetro (Vincent Gallo), distant vis-à-vis de la fascination exercée par la lumière. Les glaciers de Patagonie qui brillent, le Fausta qui verse dans la bouffonnerie, sautant de Goethe à l'opéra bouffe d'Offenbach, c'est joli, et quoi d'autre ?
On est souvent pas loin du kitsch. Comme chez Cameron finalement. Mieux, comme chez Lucas. Le coup du "I am your father" qui renvoie à The Empire strikes back, sacré rigolade.
Le film au début accumule les défauts du film US indé, avec les sauces de la torpeur et du dilettantisme. Puis y a un truc qui jaillit. Je crois que ça tient, comme tu le dis ccamille, au bricolage du montage qu'accomplissent Coppola et Walter Murch.
En revanche, la photographie de Milaimare Jr. n'apporte pas grand chose. Sinon un à-plat, quelque chose de froid. Coppola a avoué qu'il n'utilisait le numérique, non pas par attrait esthétique, mais parce qu'il voulait participé à la propagation de cette nouvelle technologie.
Coppola comme un agent de promotion du numérique. Y a forcément autre chose pour qu'il s'adonne au numérique mais il ne le dit pas.
Je ne sais plus qui est-ce qui disait du numérique qu'il fallait faire attention à ce qu'il ne soustraie pas de la chaleur aux images. Malheureusement y a pas de chaleur dans l'image de Milaimare. Je veux dire par là que ses plans ne rendent pas l'humanité, pas vraiment le sentiment d'une famille, pas l'impression d'être là avec les personnages du film. Au mieux y a un look, c'est vrai. Mais le look, c'est l'affaire des images, des images mercantiles.
Flavien- Messages : 70
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Oui, pour ma part j'ai du mal à me faire un avis sur ce film, mais les limites que tu pointes me semblent pertinentes. Cette joliesse de l'image, cette beauté des acteurs détourne notre attention par la fascination qu'elles suscitent.
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Pas du tout d'accord avec toi flavien. En tout cas pour la partie de ton message que j'ai comprise parce que j'avoue que tes deux derniers paragraphes m'ont paru hermétiques.
Le noir du blanc du début qui vire au vert pour ensuite tourner au noir et blanc très contrasté, j'ai envie de dire "pur" (mais on va encore me tomber dessus) puis le mélange de couleurs qui parfois interviennent, donnent au film ou plutôt à la narration une cohérence qui m'a vraiment beaucoup plu.
Justement, on s'attend un peu à ce que le film dérive vers une sorte de manichéisme quand on voit cette progression des lumières et de la qualité du NB. tout ça pour dire que le coup Empire contre attaque, je l'ai vu dans la photo avant de l'entendre dans le dialogue. Je ne vois pas comment on peut prendre pour un rebondissement de la taille d'un revirement (c'est pas Diderot qui disait ça ?) puisqu'au fond ça ne change pas grand chose au problème du film.
Quant à la fin du film, je vois pas où Présence Humaine veut en venir, de quelle vraisemblance est il question ?
Personnellement, le maniérisme de certaines scènes (vous avez cité les montagnes mais il y a aussi ce face à face entre phares et Eyes wide open) contribuaient plus à donner un souffle puissant au film qu'à le dégonfler.
On y trouve pas mal d'Apocalypse Now quand même.
Le noir du blanc du début qui vire au vert pour ensuite tourner au noir et blanc très contrasté, j'ai envie de dire "pur" (mais on va encore me tomber dessus) puis le mélange de couleurs qui parfois interviennent, donnent au film ou plutôt à la narration une cohérence qui m'a vraiment beaucoup plu.
Justement, on s'attend un peu à ce que le film dérive vers une sorte de manichéisme quand on voit cette progression des lumières et de la qualité du NB. tout ça pour dire que le coup Empire contre attaque, je l'ai vu dans la photo avant de l'entendre dans le dialogue. Je ne vois pas comment on peut prendre pour un rebondissement de la taille d'un revirement (c'est pas Diderot qui disait ça ?) puisqu'au fond ça ne change pas grand chose au problème du film.
Quant à la fin du film, je vois pas où Présence Humaine veut en venir, de quelle vraisemblance est il question ?
Personnellement, le maniérisme de certaines scènes (vous avez cité les montagnes mais il y a aussi ce face à face entre phares et Eyes wide open) contribuaient plus à donner un souffle puissant au film qu'à le dégonfler.
On y trouve pas mal d'Apocalypse Now quand même.
DB- Messages : 1528
Re: Tetro (F.F. Coppola)
je trouve beau le film car il ne tente pas, comme beaucoup de films aujourd'hui, de vivre un exil, même si au fond le sujet est celui ci, un exil de cinéma, au contraire il traverse des cinématographies d'époque différentes, on a parlé des années 50 pour le début dont j'ai beaucoup aimé, pour ma part, la fragmentation assez nouvelle vague.
Cette escapade en patagonie m'a aussi irrémédiablement fait penser au Messidor de Tanner voire à d'autres voyages improbables de Wenders.
Alone pour moi, je l'ai dit, c'est à nouveau le miracle de Sunset Boulevard.
Bref, pour toutes ces raisons, auxquelles le numérique apporte la distance nécessaire, celle qu'il fallait, et par une posture de midinette je l'avoue, ce rappel à une cinématographie aimée, ce film a une beauté cérébrale et sentimentale.
Cette escapade en patagonie m'a aussi irrémédiablement fait penser au Messidor de Tanner voire à d'autres voyages improbables de Wenders.
Alone pour moi, je l'ai dit, c'est à nouveau le miracle de Sunset Boulevard.
Bref, pour toutes ces raisons, auxquelles le numérique apporte la distance nécessaire, celle qu'il fallait, et par une posture de midinette je l'avoue, ce rappel à une cinématographie aimée, ce film a une beauté cérébrale et sentimentale.
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Salut David_Boring,
Je me demandais dans mes deux derniers paragraphes, peut-être le plus simplement du monde, qu'est-ce qui a pu donner envie à Coppola d'utiliser le numérique. Qu'est-ce qui pousse un cinéaste de sa trempe (un ponte quand même, même s'il défend maintenant son statut indé) a vouloir s'essayer à la HD ? Je me demande ça, en partie, parce que j'ai eu le sentiment que la HD dans Tetro contrariait la vitalité des personnages, qu'en lissant l'image, Coppola neutralisait l'énergie des séquences. Faute d'une image qui grouille, c'est le montage de Coppola et Murch qui rend la dynamique aux évènements.
Qu'est-ce qui pousse alors Coppola vers la HD ? Pour des raisons de budget et d'économie ? Pas sûr, il gagne apparemment suffisamment avec sa viticulture pour se permettre de travailler en argentique. Pour des raisons esthétique ? Lubtchansky fait mieux avec de la pellicule, Lynch accomplit des choses plus travaillées.
Pourquoi alors la HD ? Je pose la question, non pas par lubie mais parce que je crois que ça peut aider à comprendre les choix formels du film. Comprendre pourquoi, pour obtenir ce qu'Adrian Martin appelle le "whites that burn, blacks that devour", Coppola s'adonne à la HD.
La question aurait pu se poser avec Youth without youth (que je trouve en bien des endroits, plus intéressant que Tetro). Il se trouve que dans Tetro, c'est quand même à une origine du cinéma que veut revenir Coppola, avec notamment ce noir et blanc presque primitif, un truc d'argentique qu'il y a encore chez Ruiz ou Tarr. Et puis ces références reconduites sur le "cinéma total", avec l'opéra, le théâtre, la photographie, la musique... C'est un mythe vieux et réglé depuis les années 20. Tetro se veut comme un premier film, en ce sens qu'il serait le film premier d'un nouvel auteur mais aussi l'oeuvre d'un premier âge du cinéma. Si c'est pour revenir à cette origine du cinéma, once again, pourquoi la HD ?
Je me demandais dans mes deux derniers paragraphes, peut-être le plus simplement du monde, qu'est-ce qui a pu donner envie à Coppola d'utiliser le numérique. Qu'est-ce qui pousse un cinéaste de sa trempe (un ponte quand même, même s'il défend maintenant son statut indé) a vouloir s'essayer à la HD ? Je me demande ça, en partie, parce que j'ai eu le sentiment que la HD dans Tetro contrariait la vitalité des personnages, qu'en lissant l'image, Coppola neutralisait l'énergie des séquences. Faute d'une image qui grouille, c'est le montage de Coppola et Murch qui rend la dynamique aux évènements.
Qu'est-ce qui pousse alors Coppola vers la HD ? Pour des raisons de budget et d'économie ? Pas sûr, il gagne apparemment suffisamment avec sa viticulture pour se permettre de travailler en argentique. Pour des raisons esthétique ? Lubtchansky fait mieux avec de la pellicule, Lynch accomplit des choses plus travaillées.
Pourquoi alors la HD ? Je pose la question, non pas par lubie mais parce que je crois que ça peut aider à comprendre les choix formels du film. Comprendre pourquoi, pour obtenir ce qu'Adrian Martin appelle le "whites that burn, blacks that devour", Coppola s'adonne à la HD.
La question aurait pu se poser avec Youth without youth (que je trouve en bien des endroits, plus intéressant que Tetro). Il se trouve que dans Tetro, c'est quand même à une origine du cinéma que veut revenir Coppola, avec notamment ce noir et blanc presque primitif, un truc d'argentique qu'il y a encore chez Ruiz ou Tarr. Et puis ces références reconduites sur le "cinéma total", avec l'opéra, le théâtre, la photographie, la musique... C'est un mythe vieux et réglé depuis les années 20. Tetro se veut comme un premier film, en ce sens qu'il serait le film premier d'un nouvel auteur mais aussi l'oeuvre d'un premier âge du cinéma. Si c'est pour revenir à cette origine du cinéma, once again, pourquoi la HD ?
Flavien- Messages : 70
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Oui Flavien, je suis aussi d'accord pour trouver que l'utilisation du numérique, des couleurs notamment, était très réussi dans Youth without youth mais c'était au détriment de passages très kitch.
Il y a peut être aussi quelque chose de très technique dans ce choix pour Coppola c'est la simplicité, la légereté d'un tournage en numérique. Ca implique une machinerie beaucoup moins conséquente, ça dégage beaucoup moins d'organisation.
Il me semble que Coppola voulait faire un "petit" film, entendre par là, une équipe réduite, pas un arsenal industriel de technique. En numérique, une équipe technique peut se réduire très rapidement, bien plus qu'en argentique. Je pense que ça tend plus vers un côtè primitif (une idée "faire ses armes") comme tu le dis.
Le film se passe dans pas mal d'endroits sombres qui auraient été invisibles sur pelloche (à moins d'avoir beaucoup de grain ?), peut être aussi une piste ?
Il y a peut être aussi quelque chose de très technique dans ce choix pour Coppola c'est la simplicité, la légereté d'un tournage en numérique. Ca implique une machinerie beaucoup moins conséquente, ça dégage beaucoup moins d'organisation.
Il me semble que Coppola voulait faire un "petit" film, entendre par là, une équipe réduite, pas un arsenal industriel de technique. En numérique, une équipe technique peut se réduire très rapidement, bien plus qu'en argentique. Je pense que ça tend plus vers un côtè primitif (une idée "faire ses armes") comme tu le dis.
Le film se passe dans pas mal d'endroits sombres qui auraient été invisibles sur pelloche (à moins d'avoir beaucoup de grain ?), peut être aussi une piste ?
DB- Messages : 1528
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Deux semaines après avoir vu le film de Coppola, je témoigne enfin d'une petite parcelle de mon expérience de spectateur devant ce film passionnant.
J'ai tellement pleuré lorsque la compagne de Tetro dit à son frère/fils que quelque chose est fini maintenant dans la chambre d'hôpital après que Tetro découvre ses manuscrits dans d'autres mains. Il y a en effet quelque chose entre les êtres qui lâche subitement, qui ne tenait qu'à un fil précédemment, mais on ne s'en rend compte réellement qu'à ce moment précis. Et le film, et ses personnages, prennent effectivement un nouveau cap après. Tout cela est excellemment mené..
J'avais pleuré également comme ceci, je me souviens, devant "Still Life", une histoire de "rupture", là il était question d'un barrage, ici d'un glacier.
J'ai tellement pleuré lorsque la compagne de Tetro dit à son frère/fils que quelque chose est fini maintenant dans la chambre d'hôpital après que Tetro découvre ses manuscrits dans d'autres mains. Il y a en effet quelque chose entre les êtres qui lâche subitement, qui ne tenait qu'à un fil précédemment, mais on ne s'en rend compte réellement qu'à ce moment précis. Et le film, et ses personnages, prennent effectivement un nouveau cap après. Tout cela est excellemment mené..
J'avais pleuré également comme ceci, je me souviens, devant "Still Life", une histoire de "rupture", là il était question d'un barrage, ici d'un glacier.
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
Tu as raison, JM, de rappeler cette scène qui bien sûr a à voir avec le cinéma de Sirk et prouve encore s'il en était besoin qu'un film est avant tout un bloc d'émotion que le spectateur sculpte.
Invité- Invité
Re: Tetro (F.F. Coppola)
JM a écrit:Il y a en effet quelque chose entre les êtres qui lâche subitement, qui ne tenait qu'à un fil précédemment, mais on ne s'en rend compte réellement qu'à ce moment précis. Et le film, et ses personnages, prennent effectivement un nouveau cap après. Tout cela est excellemment mené...
Tout à fait. Et ce n'est pas un hasard si l'on voit cette inscription au tout début du film:
« No sueltes la soga que me ata a tu alma. »
(quelque chose comme : "ne lâche pas la corde qui me relie à ton âme")
On retrouve cette idée, en un sens tout autre dans les rapports qu'entretiennent les personnages, avec le thème de la danseuse, telle une marionnette à fils sous les doigts du chef d'orchestre.
Thème à décliner, encore, dans la relation d'Angelo(-Tetro) avec son père.
Cette phrase d'ouverture est essentielle.
La famille chez Coppola n'a pas le sens d'un cocon douillet.
Invité- Invité
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